L’interview | Luis Souza (instructeur et expert ITF-Ex-DTN à la FTT) : «Le tennis de haut niveau coûte cher…»

Luis Souza est quelqu’un de reconnu sur le circuit du tennis international. Avec une grande expérience comme entraîneur et instructeur ITF, il a eu un passage court à la FTT il y a quelques années, mais garde le contact avec le tennis tunisien qu’il affectionne. Il nous parle de beaucoup de sujets liés au tennis en apportant son vécu et sa touche de connaisseur.

Vous étiez le DTN à la FTT en 2013 pendant un moment assez court. Parlez-nous de ce passage…

Ce fut un passage assez court pour diverses raisons. Dommage, je n’ai pas pu appliquer mon projet, mais pendant plus de trois mois d’exercice, j’ai assuré un travail fourni, et ce fut une belle expérience. Le potentiel du tennis était bon. J’ai essayé de créer une relation efficiente et complémentaire entre la FTT et les clubs. J’ai fait le tour des clubs pendant 2 mois (lors des week-ends), les clubs étaient réceptifs à ce que j’ai dit et transmis. Le problème, entre autres, était financier. Il n’y avait pas assez de moyens financiers pour mener des programmes ambitieux.

Comment nos joueurs peuvent-ils réussir à l’international ? Des conseils.

Je pense que la Tunisie est un pays qui a développé de bonnes traditions en tennis. Vous vous approchez doucement des pays à traditions en tennis. Il n’y a pas de recette magique : les bons joueurs doivent avoir les moyens financiers pour supporter les charges d’hébergement, de déplacement et de staff de qualité. Les clubs doivent aussi avoir des moyens pour détecter les meilleurs et les orienter, dès le jeune âge, vers une carrière pro. Vous voyez, on revient aux finances en premier lieu. Le tennis de haut niveau coûte cher».

Quels effets aura le Covid-19 sur le tennis de demain ?

Les effets se sentent déjà pour tout le monde : beaucoup de pertes économiques et un grand flou. Mais pas seulement cela. Je pense qu’il y aura plus de pression, de peur, de stress sur les joueurs quand ils se déplaceront d’un pays à un autre. Il y a un risque de contamination qu’on ne pourra pas dissiper même avec les meilleurs protocoles. Les joueurs vont être contrariés et leurs performances vont être affectées.

Parlons de Ons Jabeur, une joueuse que vous avez connue lors de votre passage en 2013. Vous pensez qu’elle va encore percer ?

Ça c’est sûr, si elle travaille davantage et avec la même intensité. Je la connais, elle est battante et ambitieuse. Elle a un fulminant poignet. Elle est passée par une longue et difficile période. Maintenant qu’elle a atteint un équilibre affectif et mental avec la présence de son mari dans son staff, elle a pu exprimer tout son talent. Je lui conseille de travailler davantage, de croire en ses chances. Elle n’a rien à envier aux meilleures du circuit. Elle l’a déjà prouvé en début de saison à Doha ou à Dubaï.

Le tennis repose en partie sur le coach dans toutes les catégories. Vous qui avez un long vécu, quelle est la recette pour réussir la carrière de coach ?

« Il y a trois points essentiels qu’un grand entraîneur doit avoir : l’engagement, la crédibilité et la communication. Il n’y a pas un seul modèle d’entraîneur compétent et rayonnant. Il n’y a pas d’entraîneur parfait et irréprochable, c’est une remise en question continue. Chaque entraîneur de tennis a ses objectifs. Il faut qu’il s’investisse énormément en instruction et en formation. S’il a un background d’ex-joueur de haut niveau, ça l’aidera dans sa carrière. Ça va dépendre également de la catégorie d’âge du joueur qu’on va entraîner. Jusqu’à 12 ans, on a un profil d’un bon enseignant technique. De 12 à 14 ans, l’entraîneur doit être assez expérimenté pour apprendre au joueur comment gérer la pression des résultats. De 14 ans et plus et avant de mener une carrière professionnelle, le joueur a besoin d’un entraîneur qui sait le préparer aux conditions réelles d’un match et à atteindre le niveau de performance souhaité. Pour le joueur pro, l’entraîneur doit apporter des touches, l’orienter et le suivre avec beaucoup de tact et de précision à tous les niveaux. Dans les clubs, les entraîneurs doivent être affectés avec rationalité aux groupes de joueurs ciblés. Donc, un bon entraîneur est un investissement dans la durée.

Dites-nous quelles sont vos activités récentes en tennis ?

Je suis consultant de plusieurs fédérations de tennis dans le monde. Je suis aussi expert technique à l’ITF. J’ai assuré pour la fédération du Bahreïn un séminaire sur un programme de l’ITF tourné vers le développement des systèmes sportifs. Je fais le suivi technique de projets de tennis partout dans le monde. Il faut dire que j’ai toujours gardé de bonnes relations dans les pays où j’ai exercé.

Quelles sont les nouveautés dans les méthodes d’entraînement pour les jeunes ?

Les programmes sont de plus en plus individualisés selon les jeunes et leurs niveaux et aptitudes. Ce sont des méthodes complémentaires, intégrées où il y du physique, du mental et du tactique tout en touchant les aspects fondamentaux du tennis comme le service, la volée ou la gestion de l’échange. Il y a beaucoup d’intensité qu’on met à l’entraînement, en portant l’attention sur le mental et la gestion de la pression sur un match. L’entraînement des jeunes se rapproche de plus en plus des conditions réelles d’un match.

Un message pour la fin ?

Je voudrais saluer tous mes amis en Tunisie, leur souhaiter tout le bonheur du monde. J’espère que le monde franchira le cap du corona le plus tôt possible. La Tunisie est un pays que j’aime beaucoup. J’espère collaborer davantage avec la structure du tennis tunisien. Un tennis qui a un avenir radieux avec les efforts qui se font actuellement.

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