Les douaniers inquiets

La mise à la retraite forcée d’une vingtaine d’officiers de la douane en mai dernier est venue saper un moral déjà en berne pour les agents de ce corps qui se battent avec un impératif sécuritaire, sanitaire, économique et financier pour protéger le pays, les entreprises et les citoyens.

Car ce genre de décision unilatérale à consonance politique, qui n’a pas été prise par des instances régulatrices internes, ne fait que fragiliser l’action des douaniers, exposés à des pressions multiples, étant donné l’enjeu financier qui en découle et qui rapporte à l’Etat plus d’un cinquième de ses ressources à travers les différentes saisies qu’ils réalisent.

C’est pourquoi les douaniers ont haussé le ton et décidé d’observer des sit-in du 6 au 9 juillet. Ils déplorent la mainmise des barons de la contrebande sur leur corps et pointent du doigt l’implication directe des hommes politiques influents pour couvrir leurs entourloupettes. Ils revendiquent le droit à la protection et réclament l’engagement de plusieurs réformes.

Etant donné que la surveillance est au cœur de la mission de la douane, leur déploiement territorial ne cesse d’inquiéter les barons de la fraude, du trafic et de la contrebande. Leur présence aux points névralgiques dérange aussi les éléments terroristes qui les prennent pour cible. Dans cette vaste entreprise, la douane a une place toute particulière et un rôle bien spécifique à jouer pour un pays ouvert en permanence à d’immenses flux de biens et de personnes. Seule la douane est à même d’appréhender ce genre de risque, d’un bout à l’autre de la chaîne.

Mais pour que les douaniers puissent mener à bien cette mission indispensable et la remplir avec succès, leur protection doit être renforcée. Ils sont en première ligne face à tous les réseaux de fraude internationale et ils ont le droit d’agir en toute sécurité dans le respect total des droits et des valeurs républicaines. En effet, pour mieux aborder les enjeux qu’ils ont à affronter à tous les niveaux, essentiels pour la vie économique et sociale de notre pays, le projet de loi organique relatif à la protection des forces de sécurité intérieure et de la Douane  a été délaissé cinq années durant par l’Assemblée des représentants du peuple pour son caractère polémique. Il a été récemment approuvé par la commission de la législation générale de l’ARP, après plusieurs amendements exigés par les différents acteurs de la société civile. Mais il lui reste beaucoup de chemin à parcourir avant d’être adopté en plénière. N’empêche, les douaniers tentent d’agiter le sujet par une menace de grève qui pourrait paralyser l’activité économique du pays. C’est le dernier moyen à leur disposition pour mettre un terme aux répétitions à l’identique qui sont cependant surprenantes et montrent une politique de girouette, alors que les barons de la fraude et du trafic illicite agissent en toute impunité. 

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