Entretien avec Soumaya Gharsallah : Questions de culture

Architecte-muséologue, Soumaya Gharsallah-Hizem est titulaire d’un Ph.D. en muséologie, médiation, patrimoine, conjoint de l’Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse et de l’Université du Québec à Montréal et d’un doctorat en sciences de l’information et de la communication. Elle a travaillé sur plusieurs projets muséographiques à l’Institut national du patrimoine avant de diriger le Musée national du Bardo, puis la Fondation Kamel-Lazaar jusqu’à janvier 2018. Experte en politiques culturelles, elle est l’auteure de plusieurs articles portant principalement sur le patrimoine, les politiques culturelles et les musées tunisiens.

En cette période de la Covid-19 qui a mis à nu les défaillances ou l’absence de vision claire pour la culture, nous avons besoin de définir ce que nous entendons par culture, action culturelle et politique culturelle.

La culture peut être définie sous de multiples facettes. Le texte de référence reste la définition de l’Unesco, présentée dans la déclaration de Mexico sur les politiques culturelles. Concentrons-nous sur le contexte tunisien, il s’agit avant tout d’un droit garanti par la Constitution (article 42). Rappelons que, actualité oblige, la Tunisie fait partie des premiers pays arabes à se doter, en 1970, d’un ministère dédié à la culture, dirigé par Feu Chedli Klibi. Il s’appelait le ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Loisirs. Mais avant cette création, la culture était rattachée au ministère de l’Education. Aujourd’hui, nous souffrons du manque de communication et de collaboration entre les ministères chargés de ces secteurs. Les répercussions de ce manque de dialogue sur la formation de nos jeunes et nos enfants sont inquiétantes.

Par ailleurs, la démocratisation de l’accès à la culture pose problème en Tunisie. Face à la pénurie des espaces culturels, publics notamment, le vieillissement des infrastructures (bibliothèques, maisons de la culture…), l’absence durant ces dernières années de vision pour le secteur, l’accès à la culture à tous est devenu un problème de taille : Comment toucher les enfants et les jeunes dans le fin fond de la Tunisie et dans les quartiers défavorisés ? Comment leur permettre de bénéficier d’offres culturelles de qualité ? Comment valoriser les cultures régionales et mettre en avant les diversités culturelles ?

Le rôle du ministère est d’harmoniser toutes les politiques culturelles dans le cadre d’une politique globale. Il doit mobiliser et prévoir les ressources nécessaires et définir des actions culturelles pour sa mise en œuvre.

Quelle serait, selon vous, la solution ?

Pour trouver réponse à ces questions, la solution serait la mise en place d’une politique culturelle visionnaire. Elle doit être fondée sur une stratégie composée d’un ensemble de mesures et d’objectifs que l’Etat définira selon les besoins du secteur, avec un plan d’actions sur plusieurs années et un certain nombre d’axes d’interventions prioritaires afin de parvenir à opérer des changements profonds dans le secteur culturel pour l’intérêt de tous. La politique culturelle s’applique à plusieurs niveaux, on parle alors de politiques culturelles : par secteur, par région, par localité, etc. Le rôle du ministère est d’harmoniser toutes ces politiques dans le cadre d’une politique globale. Il doit mobiliser et prévoir les ressources nécessaires et définir des actions culturelles pour sa mise en œuvre. L’action culturelle est basée sur les échanges entre les citoyens et les acteurs publics, c’est pourquoi elle est souvent reliée à la médiation culturelle. Elle peut être un projet sur le long terme ou une activité ponctuelle.

Quelle serait, pour vous, votre conception de la culture ?

Sur le plan personnel, j’ai ma propre conception de la culture, qui, quelque part, reflète la politique culturelle de l’État jusqu’au milieu des années 1990. La culture, je la conçois telle que je l’ai vécue depuis mon plus jeune âge : j’ai grandi dans une petite ville modeste où j’ai fréquenté l’école publique qui m’a donné accès à un enseignement que je rêve aujourd’hui d’offrir à mes enfants, grâce à des enseignants dévoués et cultivés. J’ai eu la chance de bénéficier d’activités artistiques dans le club culturel du quartier, quasi gratuit, géré par la municipalité. La bibliothèque publique était à deux pas de la maison et elle ne désemplissait pas. Adolescente, j’ai adhéré à la maison de jeunes, située au cœur de la ville, je ne ratais pour rien au monde les séances d’expériences au club Jeunes science. Au lycée, on avait des clubs divers les vendredis et les samedis après-midi. Régulièrement, les établissements scolaires organisaient des excursions, à prix symboliques, qui nous ont permis de découvrir une bonne partie du patrimoine de notre pays. Toutes ces activités culturelles ont profondément influencé mon parcours et ma personnalité. Malheureusement, les choses ont changé : la gratuité des activités culturelles s’est rétrécie, la qualité même de l’offre a régressé. D’où l’urgence de travailler sur des modèles qui tiennent compte du succès de l’expérience culturelle et éducative des années 1970 jusqu’au milieu des années 1990, tout en s’inscrivant dans l’air du temps. La culture doit retrouver sa place en tant que vecteur d’ancrage de valeurs identitaires et citoyennes fortes.

La culture, je la conçois telle que je l’ai vécue depuis mon plus jeune âge : j’ai grandi dans une petite ville modeste où j’ai fréquenté l’école publique qui m’a donné accès à un enseignement que je rêve aujourd’hui d’offrir à mes enfants, grâce à des enseignants dévoués et cultivés.

Nous parlons beaucoup d’économie culturelle, de développement social d’entreprises créatives, sont-ce, selon vous, les nouvelles perspectives dans lesquelles nous devons nous inscrire ?

Absolument, les Industries culturelles et créatives (ICC) sont considérées aujourd’hui, dans plusieurs pays, comme un pilier économique important. La première étude sur ces industries dans le monde, publiée le 3 décembre 2015 par l’Unesco et la Cisac, a montré qu’ils emploient 1,1 % de la population active mondiale et produisent 3% du PIB mondial. Depuis, ce secteur enregistre chaque année des taux de croissance spectaculaires.

L’apport économique des Industries culturelles et créatives est aujourd’hui incontestable. Elles engendrent des retombées remarquables dans les territoires et s’affirment comme une composante majeure de l’économie nationale et mondiale. En Tunisie, les ICC ont besoin d’être soutenues et de s’appuyer sur un environnement juridique, social et fiscal spécifique et adapté. Les ICC ont des incidences directes et importantes sur des secteurs comme le patrimoine ou le tourisme culturel. Le rapport de EY effectué en 2019 sur les ICC en France, première destination touristique mondiale, le confirme pour ce pays. Le constat est le même aux Pays-Bas. Les ICC contribuent singulièrement aux performances économiques du tourisme culturel et à la valorisation du patrimoine. Là aussi il y a matière à discussion et à réflexion au niveau de la coopération interministérielle entre le tourisme et la culture, pour mettre en place des stratégies et des politiques communes de développement, de promotion et de valorisation de ces secteurs.

Rappelons aussi que la Tunisie est un vivier de talents, convoités par les entreprises étrangères, qui recrutent chaque année des centaines d’ingénieurs et de techniciens pour travailler dans des pays où les ICC sont en plein essor. A l’heure de la digitalisation, de nouveaux métiers ont vu le jour et font partie désormais des secteurs couverts par les ICC.

Voulez-vous dire que tout projet culturel doit être rentable ? Sommes-nous en train d’abandonner l’aspect utile et vital que peuvent avoir certains secteurs comme la santé, l’éducation et la culture au profit d’une vision purement managériale ?

Précisons d’abord qu’on peut avoir plusieurs types de rentabilité, un projet culturel rentable n’est pas forcément un projet qui génère de l’argent ; s’il contribue à l’épanouissement d’un groupe social (jeunes, retraités, enfants…), il est considéré rentable. S’il arrive à provoquer des changements comportementaux comme par exemple réduire la délinquance juvénile dans un quartier chaud, il est rentable, etc. Mais ce que je veux dire c’est que chaque projet culturel doit avoir son business model et doit parvenir à couvrir ses besoins et à fonctionner de manière autonome. L’Etat ne peut pas subvenir à tous les besoins, il doit certainement intervenir pour mettre en place des projets d’utilité générale qui s’avèrent coûteux ou complexes mais à terme, ces projets doivent trouver des ressources pour couvrir au moins une partie de leurs dépenses. Il ne s’agit pas tout le temps de ressources financières, un établissement public culturel peut par exemple faire appel aux bénévoles pour assurer certaines activités, il peut associer des entreprises privées ou mutualiser des services avec d’autres structures publiques pour réduire ses dépenses et garder son budget pour les activités culturelles. Il ne s’agit pas d’une vision managériale mais de bonne gouvernance et de nouvelles méthodes et pratiques pour gérer l’institution culturelle.

La Tunisie a l’avantage d’avoir ratifié un nombre important de conventions internationales relatives à la protection du patrimoine, mais il faut passer à l’action et lancer des réformes profondes, lourdes certes et parfois même douloureuses mais devenues inéluctables.

Le partenariat public-privé semble être la démarche vers laquelle tendent les pouvoirs publics. Est-ce la seule alternative ? Et quelles sont les conditions obligatoires pour une collaboration équitable et équilibré ?

Le partenariat public-privé (ppp) est incontournable dans tout pays démocratique qui veut faire de la culture son cheval de bataille. On parle du partenariat public-privé depuis très longtemps, mais il n’y a pas eu de projets concrets pour le matérialiser à l’exception de quelques actions isolées et timides dont la mise en place n’était pas simple.

L’objectif du ppp est d’épauler l’Etat pour lancer des chantiers culturels qu’il ne peut pas mener seul, pas forcément pour des raisons financières, ça pourrait être aussi à cause des lourdeurs administratives ou par manque de personnel et de personnes compétentes sur des sujets données, etc. Le ppp n’est pas la seule alternative pour sortir de la crise qui frappe le secteur culturel ; pour moi l’autre solution serait la réforme de l’administration tunisienne pour instaurer la bonne gouvernance, travailler dans la transparence, en particulier par la numérisation des services, et en optant pour de nouvelles méthodes de travail plus efficaces. Mais pour l’instant la réforme de l’administration est un sujet épineux, et c’est un chantier de longue haleine. Nos administrations regorgent de compétences mais qui ne sont pas toujours déployées aux bons endroits, qui n’intègrent pas des chaînes de travail performantes. Il suffit qu’il y ait un maillon faible dans la chaîne pour que tout s’arrête et que les projets se bloquent. L’autre alternative en attendant cette réforme serait donc le recours aux privés.

Et si nous précisons d’abord ce que nous entendons par «privé»…

Il est important de distinguer le ppp de la privatisation, il s’agit de deux choses différentes : dans le ppp le gouvernement conserve la propriété du bien, de l’équipement ou du projet et fait appel à un prestataire privé pour le gérer et/ou le financer pour l’intérêt public. En contrepartie, le prestataire gérera les activités de l’équipement en question en touchant une partie des bénéfices qu’il va générer, négociée à l’avance dans le cadre du contrat. Il s’agit ici d’un simple exemple de contrat ppp, il y en a plusieurs. La privatisation est un transfert de propriété d’un actif ou d’une infrastructure de l’Etat à une structure privée de manière permanente.

Je pense qu’il ne faut pas avoir peur du ppp, il est vrai que nous avons eu en Tunisie quelques échecs mais c’est la faute de l’État qui n’a pas bien étudié les projets de concessions et n’a pas pris le temps de mettre en place des cahiers des charges et un cadre juridique solides pour protéger ses intérêts.

  La Tunisie fait partie des premiers pays arabes à se doter, en 1970, d’un ministère dédié à la culture, dirigé par feu Chedli Klibi. Il s’appelait le ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Loisirs.

Le privé peut aussi avoir plusieurs statuts : fondation, bien que celles-ci ne possèdent pas de statut légal en Tunisie et exercent en tant qu’associations —mais c’est un autre débat— les associations, les entreprises culturelles privées (centres, clubs…) et parfois même les bureaux d’études et de conseils. Le privé peut être un individu, un citoyen lambda, qui propose de se porter mécène pendant une période donnée pour couvrir les besoins quotidiens d’un musée ou d’une maison de la culture. Ça peut être aussi une association ou un collectif d’artistes qui offrent des activités culturelles et artistiques gratuites ou à des prix symboliques. La définition du privé est très large, mais dans sa définition la plus simple, le privé c’est tout ce qui n’est pas public et ne représente pas l’Etat.

Quel rôle doit avoir l’Etat dans cette configuration ?

L’Etat devrait jouer à la fois un rôle de facilitateur et de contrôleur : faciliter la mise en place et la réalisation de projets de PPP, en préparant le cadre juridique nécessaire pour assurer le bon déroulement de ces partenariats, tout en préservant les intérêts de toutes les parties et en maintenant une sélection rigoureuse des projets. Il devrait aussi contrôler la qualité des services et des offres culturelles mis en place par le privé ainsi que le bon usage de l’équipement ou l’infrastructure qui lui a été confié.

L’objectif premier est de fédérer les énergies pour produire des offres culturelles de qualité, accessibles à tous, sauvegarder le patrimoine, encadrer et détecter les talents, instaurer la bonne gouvernance, pour ne citer que ces exemples. Pour parvenir à mettre en place des partenariats équitables et gagnant-gagnant, il est important de bien cadrer ces partenariats ; chaque projet proposé doit faire l’objet d’études préalables pour mesurer son impact, ses risques, ses retombées, etc. Il doit être cadré par des cahiers des charges bien réfléchis et des contrats détaillés permettant de protéger les intérêts de chacun des partenaires, rédigés à la lumière des résultats des études susmentionnées. Les institutions publiques qui vont bénéficier de ces partenariats doivent se doter d’unités/cellules pour assurer le contrôle continu de ces projets, pour les évaluer et vérifier s’ils respectent les clauses des contrats/conventions qui les relient.

  En Tunisie, les Industries culturelles et créatives ont besoin d’être soutenues et de s’appuyer sur un environnement juridique, social et fiscal spécifique et adapté. Les ICC ont des incidences directes et importantes sur des secteurs comme le patrimoine ou le tourisme culturel.

Quelles réformes sont requises ?

Plusieurs réformes sont requises. Le chantier est titanesque mais pas impossible et il est temps de l’entamer. Soulignons tout de même que nous ne pouvons pas parler de réforme sans parler de vision et de politiques culturelles. Inutile de lancer des réformes isolées si elles ne s’inscrivent pas dans une vision plus large et un projet politique plus global.

Presque tous les secteurs culturels ont besoin d’être réformés et se proclament prioritaires. Ils ont besoin de se moderniser, notamment à travers la numérisation. D’où l’importance de politiques culturelles sectorielles qui s’inscrivent dans une politique culturelle globale partagée avec d’autres ministères qui incluent le secteur privé et s’appuient sur les partenariats public-public et public-privé. Mais avant de lancer les réformes, il faut d’abord établir un état des lieux sur les différents secteurs. Pour certains secteurs comme le patrimoine par exemple, il y a déjà eu des études sérieuses récentes, mais qui sont restées dans les tiroirs, il faut les remettre sur la table et les utiliser dans les chantiers de réformes. Il est important aussi d’instaurer une culture d’évaluation et de suivi, car souvent les entreprises et les acteurs culturels reçoivent des subventions publiques mais ils ne rendent aucun rapport sur l’usage de cet argent, l’impact des activités réalisées, les bénéficiaires (le public, les communes, etc.). Sans toutes ces données et sans chiffres, livrés annuellement, sur les différents secteurs, il est difficile de dessiner une politique culturelle durable. Dans cette même optique, il est important de créer les cadres juridiques pour les différentes activités sectorielles, réviser les textes existants qui sont devenus pour la plupart obsolètes et appliquer les législations en vigueur car nous avons aussi un problème d’application.

  Le partenariat public-privé n’est pas la seule alternative pour sortir de la crise qui frappe le secteur culturel; pour moi l’autre solution serait la réforme de l’administration tunisienne pour instaurer la bonne gouvernance, travailler dans la transparence, en particulier par la numérisation des services, et en optant pour de nouvelles méthodes de travail plus efficaces.

La question du patrimoine matériel et immatériel est de nouveau sur le tapis. En tant qu’experte, quel regard portez-vous sur ce domaine ?

La Tunisie est sans doute un pays qui dispose d’un patrimoine immatériel qui est aussi riche que son patrimoine matériel. L’intérêt porté par les institutions publiques au patrimoine immatériel est récent et les projets qui lui sont liés n’avancent pas à la vitesse espérée. Aujourd’hui nous manquons de stratégie nationale claire pour le patrimoine de manière générale et de moyens humains et financiers pour l’inventorier, l’étudier et le valoriser. Seul l’INP avec ses moyens limités est habilité à mener ces missions. Mais l’INP a lui-même besoin de se réformer et de dessiner une politique patrimoniale qui répond aux vrais besoins du secteur et même de l’institution. Nous avons un code du patrimoine, révisé en 2016, qui présente de nombreuses failles, qui doit faire l’objet d’une nouvelle révision et prendre en considération, entre autres, le patrimoine immatériel. Nous n’avons toujours pas promulgué le projet de loi sur les musées, ni révisé et rédigé les cahiers des charges relatifs au fonctionnement de cette institution. Nous n’avons aucun cadre juridique pour protéger les œuvres d’art (vente, circulation, etc.). Pour ce qui relève de la communication et de la promotion du patrimoine, des missions attribuées à l’Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle, la situation est désolante, mais il y a des projets de réforme déjà entamés et qui pourraient changer la donne.

Pour réussir ces réformes, il est indispensable d’associer la société civile et les acteurs privés. Il existe déjà plusieurs initiatives et projets ppp pour le patrimoine matériel et immatériel qu’il va falloir consolider, développer et encadrer. La Tunisie a l’avantage d’avoir ratifié un nombre important de conventions internationales relatives à la protection du patrimoine, mais il faut passer à l’action et lancer des réformes profondes, lourdes certes et parfois même douloureuses mais devenues inéluctables.

*les propos sont personnels et ne reflètent en rien la position officielle du programme Tfanen

Un commentaire

  1. prof: Ridha Tlili

    15/07/2020 à 09:53

    Entretien bien construit mais les réponses sont théoriques qui s’appliquent un peu partout sauf que la question à quoi servent la politique culturelle en Tunisie s’inscrit dans une vision historique et politique singulière, autrement dit, la question à quoi servent la culture dans une transition démocratique ou le projet de société a réaliser est encore confus dans cette situation la construction d’un projet culturel dépend du plusieurs facteurs notamment politique si vous voulez bien je donnerai mon avis avec plus d’éléments d’analyse dans votre journal.
    Prof: Ridha Tlili ex consultant en UNISCO en matière de politiques culturelles

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