ZONE DE LIBRE-ECHANGE AVEC L’AFRIQUE: Nouvelle donne, nouvelles exigences


Le projet de loi organique n°69 de l’année 2019 relatif à l’approbation d’une convention instituant la zone de libre-échange du continent africain va certainement avoir des impacts positifs sur le commerce international tunisien qui s’est toujours concentré sur le marché européen, qui accapare près de 78% des exportations de la Tunisie.


L’Assemblée des représentants du peuple (ARP) vient d’adopter une loi instituant la zone de libre-échange du contient africain avec une majorité de 152 voix pour et aucune abstention ou voix contre, lors d’une séance plénière tenue récemment. Autant dire que les députés sont convaincus de l’importance d’une telle zone dans le renforcement des échanges avec les pays africains. C’est que la Tunisie dispose d’un ensemble de produits de moyenne gamme susceptibles d’intéresser les Africains d’autant plus que les prix pratiqués sur ce marché sont relativement bas. Parmi les produits commercialisables, on peut citer ceux qui relèvent des industries alimentaires, de l’agriculture et de la pêche, les matériaux de construction, des industries textile-habillement et du cuir et chaussures.

Les unités de production tunisiennes sont appelées à renforcer le volume de leur production, tous secteurs confondus, pour pouvoir satisfaire les besoins de ce marché, qui compte des millions de consommateurs. Une zone de libre-échange permettrait de renforcer les échanges commerciaux sans imposition douanière des deux côtés (entre la Tunisie et les pays d’Afrique et vice versa). Non soumis aux droits de douane, les produits deviennent plus compétitifs en termes de prix de vente au public.

Obstacles non tarifaires

Le projet de loi organique relatif à l’approbation d’une convention instituant la zone de libre-échange du continent africain n°69 de l’année 2019 va certainement avoir des impacts positifs sur le commerce international tunisien qui s’est toujours concentré sur le marché européen qui accapare près de 78% de nos exportations. L’Afrique représente d’importantes opportunités pour consolider nos ventes à l’extérieur et assurer ainsi un revenu conséquent pour nos entreprises exportatrices. La diversification des produits marchands et des destinations est bénéfique à plusieurs égards. Nos entreprises deviennent plus immunisées face aux chocs économiques qui se produisent de temps à autre comme celui qu’a causé le coronavirus, la récession de la demande européenne et la crise du tourisme.

Cette convention de la zone de libre-échange avec l’Afrique vise, en fin de compte, à mettre en place un cadre intégral et d’intérêt mutuel dans les relations commerciales entre les pays membres de l’Union africaine (UA). Elle stipule également le démantèlement des obstacles non tarifaires qui entravent la circulation des marchandises. Plusieurs opportunités d’exportation vont être offertes à nos entreprises qui doivent bien se préparer pour relever les défis qui concernent les exportations vers l’Afrique. Plusieurs missions de prospection ont été effectuées par le passé pour sonder ce vaste marché et tous les opérateurs économiques ont constaté l’importance des demandes provenant des circuits de distribution et des centrales d’achat.

Exploiter les opportunités offertes

Les opportunités commerciales offertes sur le marché africain n’attendent pas les entreprises retardataires qui ne prennent pas assez rapidement les mesures nécessaires en vue d’exporter. C’est que le marché africain est convoité aussi par les entreprises européennes et asiatiques qui sont prêtes à commercialiser leurs produits à prix compétitifs, et ce, pour gagner les parts de marché non exploitées par nos entreprises. Désormais, les entreprises tunisiennes doivent avoir une vision pour l’Afrique en étudiant bien ce marché, y compris les besoins des consommateurs de chaque pays, les modes de vie et de consommation, les marques les plus prisées et autres.

La convention s’est fixé, d’ailleurs, comme objectif de renforcer la compétitivité des entreprises suite à l’allègement des coûts des transactions commerciales. Elle s’est assigné  aussi pour tâche d’alléger l’aliénation aux exportations des marchandises de première nécessité et de renforcer la transition économique et sociale pour réaliser la croissance économique, l’industrialisation et le développement durable, en adéquation avec «l’Agenda 2036 pour l’Union africaine». A noter que certains pays africains ont réalisé une croissance économique élevée grâce notamment à la vente des ressources naturelles dont le pétrole, le fer, l’or et le café. Par contre, d’autres pays africains peu nantis en ressources naturelles et confrontés à des conflits n’ont pas pu réaliser des performances économiques et ont encore besoin d’aide pour se hisser au niveau des pays émergents.

La convention vise, en outre, de diversifier le commerce entre les pays africains en vue d’augmenter de 50% son volume de croissance à l’horizon 2022, et ce, à travers la libéralisation des transactions commerciales et la mise en place des mécanismes d’application et de gestion nécessaires.  Les secteurs prometteurs contenus dans cette convention qui seront libéralisés sont principalement, les TIC, les services de l’infrastructure de base, les services financiers et les services d’ingénierie, de consultation et de tourisme et autres.

Les entreprises tunisiennes intéressées par les exportations vers les pays africaines dans le cadre de cette zone de libre-échange doivent, toutefois, se conformer aux dispositions de la convention pour ne pas être pénalisées et perdre des parts de marché. Ainsi, les règles du commerce international sont bien appliquées aussi en Afrique où l’on tient compte, bien entendu, des articles de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) qui exigent la libéralisation du commerce, une concurrence loyale adossée à des prix compétitifs basés sur la loi de l’offre et de la demande. Les produits les plus sollicités par les consommateurs ont, bien sûr, la cote sur le marché et l’exportateur peut augmenter ses vente, voire ajuster les prix compte tenu des prix proposés par les autres fournisseurs.

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