Tableau  « Le triomphe de la mort », de Pieter Bruegel – 1562



L
’année 2020 est candidate à être la pire année de l’histoire.  Il y a quelque temps, un historien anglais avait déterminé quelle année méritait ce titre peu enviable. Nous vous le révélons, avec d’autres bons candidats…

Si on vous demandait quelle a été l’année la plus infâme de tous les temps, très probablement l’année actuelle recueillerait pas mal de soutien. Mais il y a quelques années, avant 2020, l’historien anglais Peter Frankopan a décerné ce titre peu enviable à l’année 1348, lorsque la peste noire s’est abattue sur toute l’Europe, et dans sa recherche monumentale «Route de la soie, une nouvelle histoire du monde» aux éditions Mondadori, il a expliqué pourquoi en Europe, la maladie avait tué en 18 mois un tiers de la population, celle-ci avait été estimée à environ 75-80 millions d’habitants au début du XIVe siècle. Cinquante ans après, la population européenne avait sensiblement diminué, ne dépassant pas les 50 millions d’habitants.

La peste apparut en Europe et plus précisément en Crimée à la fin de 1347, dans l’ancienne ville de Caffa aujourd’hui Théodosie. Des régions de Mongolie et du désert de Gobi avaient été fortement touchées, causant la perte de nombreuses victimes tout au long de sa durée. De la Crimée, elle s’est ensuite étendue aux principaux ports de la Méditerranée, à cause des galères et des navires qui sillonnaient les principales routes commerciales et de là, à l’intérieur des terres  jusqu’en 1351. Toute l’Europe, du sud-Est au Nord, a été touchée par la maladie.

Mais d’années horribles, l’humanité en a vécu beaucoup plus. Voici celles qui pourraient viser le sommet d’un classement potentiel, en espérant que 2020 peut arrêter son ascension dès que possible…

En 541, commence la peste de Justinien. En deux ans, elle a causé environ 25 millions de décès entre l’Europe et la Méditerranée.

En 1492, la découverte de l’Amérique provoque l’effondrement démographique des peuples autochtones qui causera plus de 100 millions de décès dans les siècles suivants.

En 1836, nous assistons au pic de la traite négrière, environ 250.000 personnes par an, capturées et transférées en Amérique pour travailler dans des plantations.

En 1919, la Première Guerre mondiale vient de s’achever (26 millions de morts), de nombreux pays sont déstabilisés et craignent une révolution similaire à celle bolchevique. Toujours en 1919, la « grippe espagnole » a fait de 20 à 50 millions de morts selon l’Institut Pasteur, et peut-être jusqu’à 100 millions selon des réévaluations récentes, soit 2,5 à 5 % de la population mondiale.

Au printemps 1943, plus d’un million de juifs ont été déportés et tués. Deux ans plus tard, à la fin du conflit mondial, 45 millions de civils (et pas seulement des juifs) avaient trouvé la mort dans le monde.

En 1959, commence la grande famine en République populaire de Chine, entraînant environ 15 millions de décès en trois ans, sur un total de 40 millions de morts.

C’est vrai que ces chiffres catastrophiques ne sont pas du tout comparables à ceux de l’épidémie due à la Covid-19, mais l’année 2020 pourrait faire partie des pires années pas seulement pour la perte de vies humaines, mais surtout pour le choc et la récession économique mondiale. «Le commerce mondial devrait enregistrer une contraction comprise entre 13% et 32% en 2020, sous l’effet de la pandémie du nouveau coronavirus qui a fortement  désorganisé les activités économiques et la vie normales dans le monde», a estimé l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Dans certains pays, comme l’Italie ou la France, on prévoit une perte de 60 milliards d’euros par mois de confinement, une chute de 18 % de la consommation des ménages, un chômage partiel qui pourrait concerner 5,7 millions de salariés.

Et après ? Que restera-t-il de la mondialisation jugée en partie responsable de la catastrophe ? Davantage de pauvreté ? Nos rapports sociaux seront-ils profondément modifiés ? 

A suivre…

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