I Watch présente son rapport sur l’observation des campagnes électorales de 2019: Les élections de tous les dépassements !


«Les derniers scrutins ont marqué une normalisation avec les pratiques relatives à l’achat de voix, un phénomène banalisé et même accepté et toléré par les électeurs. C’est un indicateur assez dangereux pour la poursuite du processus électoral».

«Tous les dépassements ont été commis lors des campagnes électorales des dernières élections», c’est ce qui ressort du  rapport récapitulatif de l’observation des élections de 2019 élaboré par l’organisation et présenté hier à Tunis.


En effet, l’organisation I Watch a présenté, hier, son rapport sur l’observation des campagnes électorales des élections législatives et des deux tours de la Présidentielle de 2019 pour faire état de larges dépassements commis par pratiquement tous les partis et candidats aux élections, notamment en ce qui concerne le financement des campagnes, la violence politique, l’exploitation des appareils de l’Etat à des fins politiques et électorales et même l’achat de voix. En tout, I Watch a recensé 819 dépassements électoraux, dont 587 durant les législatives et 232 durant les deux tours de la Présidentielle de 2019.

Ahmed Ben Taârit, conseiller juridique de ladite organisation, a regretté  le fait que les derniers scrutins aient marqué «une normalisation avec les pratiques relatives à l’achat de voix» devenues, selon ses dires, un phénomène banalisé et même accepté et toléré par les électeurs. « C’est un indicateur assez dangereux pour la poursuite du processus électoral », a-t-il mis en garde.

C’est dans ce contexte que les observateurs de l’organisation ont pu documenter 49 tentatives d’achat de voix seulement durant les élections législatives, dont huit tentatives à Jendouba et huit autres à Tozeur.

Le rapport pointe également l’augmentation des flux de violence politique durant les périodes électorales, un constat généralisé, pour pratiquement tous les partis et candidats impliqués dans ces processus électoraux. Il ressort également de ce document présenté hier à Tunis lors d’une conférence de presse, une augmentation du nombre de dépassements relatifs à la publicité politique par rapport aux élections municipales ou celles de 2014. Ainsi «I Watch» a pu relever 189 infractions relatives à la publicité politique seulement lors des élections législatives de 2019, contre 59 pour le premier tour de la Présidentielle.

Violence et discours de la haine

I Watch fait état, aussi, d’une augmentation inquiétante des messages et discours de la haine et de l’instrumentalisation du discours religieux à des fins électorales. L’organisation a pu témoigner de 12 cas d’incitation à la haine seulement durant le premier tour de la Présidentielle contre 32 cas concernant les législatives.

Parmi les dépassements commis par les partis ou les candidats impliqués dans ces processus électoraux, on note également 61 cas de violence électorale physique et morale durant les élections législatives et les deux tours de la Présidentielle de 2019.

«I Watch» souligne également une incapacité de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) à contrôler les campagnes électorales des partis et candidats menées sur les réseaux sociaux. «Au vu des avancées technologiques et des multiples techniques de marketing politique de plus en plus digitalisées, l’Isie et son cadre juridique sont en déphasage», a expliqué Ahmed Ben Taârit.

C’est dans ce sens que cet acteur de la société civile a appelé l’Isie à intégrer le contrôle des campagnes électorales sur les réseaux sociaux dans son cadre juridique.

Lors de cette conférence de presse,  I Watch a également présenté les résultats d’un sondage d’opinion sur la corruption et la violence relatives aux élections. Visant notamment à explorer les perceptions des Tunisiens quant à ces deux phénomènes liés aux élections, ce sondage a été effectué auprès d’un échantillon de mille répondants représentatif de la population des Tunisiens âgés de plus de 18 ans. Ainsi, 34% des répondants pensent qu’actuellement la Tunisie ne peut pas être considérée comme un pays démocratique, expliquant ce fait par la prolifération de la corruption, de la violence politique et l’absence d’équité.

D’autre part, 23% des répondants considèrent que les dernières élections n’étaient pas transparentes contre 42% qui pensent qu’elles étaient transparentes mais marquées par certaines défaillances.

Toujours selon ce sondage, c’est l’Armée tunisienne qui représente l’institution qui inspire le plus de confiance aux Tunisiens avec un taux de 82%, suivie de l’institution sécuritaire 34% et la présidence de la République 24%.

 

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