Ancien ministre, Ali Chaouch n’est plus : Un capitaine au long cours tire sa révérence

Ali Chaouch, plusieurs fois ministre, vient de s’éteindre après une lutte contre la maladie. Il est parti dignement et paisiblement. La tête haute comme toujours. Avec sa disparition, une page glorieuse de mémorables hauts faits se tourne. Mais ses amis se rappelleront tous son éducation, sa grande culture, son altruisme, sa bonté, son courage et son patriotisme qui ne lui permettaient pas d’agir autrement que selon ce que lui commandaient ces valeurs intrinsèques qu’il véhiculait depuis sa prime jeunesse. Sa vie a été une grande fresque aux couleurs de l’amour à sa patrie, au dévouement au service public et à l’intérêt national.

Il avait commencé au bas de l’échelle pour grimper petit à petit aux postes les plus importants de la fonction publique. C’était au temps où l’ascenseur social fonctionnait encore pour les plus éduqués, les plus méritants. Il avait donc fait ce choix de la fonction publique dès l’obtention de sa licence en sciences économiques à Tunis. Tout au long de sa carrière, le service public n’est pas, pour lui, seulement une profession ou un simple métier, mais une vocation. Il n’a jamais fait ses choix par appât du gain alors qu’il avait à sa portée plusieurs opportunités d’emplois plus rémunérateurs. Il avait opté pour ce qu’il y avait de plus exigeant, parce qu’il était animé par la passion de servir. C’est ce besoin de donner aux autres qui est au cœur de la morale du service public qui l’avait séduit. D’ailleurs, il le prouvera maintes fois là où il est passé. La réhabilitation des quartiers populaires d’Ettadhamen et Douar Hicher portera à jamais son empreinte. Car Ali Chaouch a toujours apporté à sa famille la protection et l’affection, à la population de Médenine, quand il était gouverneur, le sourire et l’espoir, aux habitants des quartiers populaires, la compassion et la fierté, à ses amis, le soutien et le respect et à tous ceux qui l’ont connu de près ou de loin le dévouement et l’engagement sincère et spontané.

Mais la griffe d’Ali Chaouch a marqué aussi tous ses collaborateurs qui gardent de lui un souvenir indélébile.  En effet, rompu au labeur continu, père de projets gigantesques dans plusieurs secteurs, entrepreneur avisé, stratège à la finesse révélée, il a, tout au long de sa vie, fait preuve d’audace, de justesse, d’anticipation et de courage. Sa volonté est constamment tendue vers l’action et la création. A chacune d’entre elles, vous aurez l’impression d’avoir affaire à un homme différent, à un homme nouveau. Il était l’équivalent d’un nombre illimité d’hommes.

C’est d’ailleurs ce qui lui a valu d’être nommé ou reconduit dans des postes ministériels multiples : ministre de la Santé publique, ministre de l’Equipement  et de l’Habitat, ministre de l’Intérieur, ministre des Affaires sociales, de la Solidarité et des Tunisiens à l’étranger. Destourien de pure souche, il a occupé plusieurs postes au sein du parti pour être nommé secrétaire général du RCD.

Il a été aussi ambassadeur, président du Conseil économique et social, directeur général adjoint de la Société d’économie mixte d’aménagement de Tunis et président-directeur général de l’Agence de réhabilitation et de rénovation urbaine en 1982.

Un parcours exceptionnel pour ce natif de Bouarada qui a commencé sa carrière en tant que simple attaché de direction (1970) puis chef de division (1972) à la Société nationale immobilière de Tunisie. C’est un mérite à la sueur du front. Mais parmi les raisons qui font que l’on s’attache à lui : son honnêteté, son souci du bien public et son franc-parler.

C’est avec un cœur meurtri, empreint d’émotion que ses amis, ses collègues et les membres de sa famille accompagneront sa dépouille aujourd’hui à sa dernière demeure. Il reposera au cimetière de Boukornine à Hammam-Lif, la cité où il a grandi et qu’il a toujours chérie.  Avec lui part un pan entier de l’histoire de la Tunisie, de la politique, de la diplomatie et du service public en Tunisie.  Repose en paix Si Ali, vous vous êtes tant battu contre l’injustice, la pauvreté, l’exclusion et la marginalisation. Que Dieu vous accueille dans Son Paradis et vous entoure de Son immense miséricorde.

Laisser un commentaire