Lobna Jeribi, ministre par intérim de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique : Adoption de mesures importantes pour les titulaires d’un doctorat

La ministre par intérim de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Lobna Jeribi, a révélé un ensemble de mesures visant à soutenir l’employabilité des titulaires du diplôme national de doctorat. Dans une interview accordée à l’agence Tunis Afrique Presse (TAP), elle a affirmé que pour la première fois depuis cinq ans, il y aura l’ouverture d’une session de recrutement de 250 docteurs au poste de maître-assistant durant l’année universitaire 2020/21, et ce, en plus de l’augmentation du nombre et des conditions des contrats d’enseignement et de recherche et l’ouverture de 1.000 contrats supplémentaires dans le secteur privé. Ces mesures  visent, selon Lobna Jeribi, non seulement à résorber le chômage chez les titulaires du diplôme de doctorat, mais aussi aider à mieux investir leurs compétences dans les différents secteurs économiques du pays.
Elle a expliqué que le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a développé un ensemble de mesures dont une première partie est immédiate, une deuxième partie est à court terme puis une troisième partie est d’ordre structurel et stratégique et qui sera mise en œuvre lors du deuxième semestre de l’année universitaire courante.

Mercredi dernier, un Conseil des ministres s’est tenu et au cours duquel vous avez présenté les décisions les plus marquantes prises au profit des docteurs-chercheurs. Y aura-t-il de nouvelles sessions de recrutement ?

Oui, en effet, le dossier des chercheurs titulaires d’un diplôme de doctorat était l’un des points les plus marquants du Conseil ministériel qui s’est tenu mercredi dernier et au cours duquel nous avons présenté un ensemble de mesures importantes liées à la promotion de l’employabilité des titulaires d’un doctorat.

Il y aura, en effet, pour la première fois depuis cinq ans, l’ouverture d’une session de recrutement de 250 docteurs au poste de maître-assistant, et ce, durant l’année universitaire 2020/21.

Et quelles sont les autres mesures qui profiteront à ces titulaires de doctorat qui vivent dans des situations délicates qui les ont poussés au sit-in?

Nous avons pris plusieurs autres mesures au profit des titulaires du diplôme de doctorat :

• augmentation du nombre des contrats d’enseignement et de recherche dans les universités publiques de 1.500 à 2.000 contrats pour la prochaine année académique 2020-2021 ;

• augmentation de la durée du contrat d’une année à deux ans, avec possibilité de prolongation d’une année supplémentaire ;

• augmentation du salaire mensuel à 1.600 dinars par mois pour une période de 12 mois au lieu de 1.400 dinars pour une période de 10 mois ;

• modification de l’arrêté n° 644 de 2009 daté du 2 mars 2009 relatif à l’organisation des laboratoires et des unités de recherche et des consortiums de recherche et des modalités de leur fonctionnement pour permettre aux titulaires d’un doctorat d’appartenir aux structures de recherche en tant que chercheur-associé;

• programmation de 882 postes dans le cadre du programme MOBIDOC-Post-doc permettant une plus importante ouverture sur le monde socioéconomique avec des contrats d’une durée de 2 ans avec possibilité de prolongation d’une année supplémentaire et une indemnité mensuelle variant de 1.200 à 1.500 DT.

Nous savons que les finances publiques passent par des difficultés, alors comment avez-vous trouvé les fonds nécessaires pour créer ces postes et améliorer les conditions contractuelles ?

Depuis que nous avons pris nos fonctions par intérim à la tête du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique le 17 juillet dernier, nous avons tenu une série de réunions du Conseil des universités qui ont abouti à la prise de décision de réduire le budget des heures supplémentaires pour allouer la différence à la promotion de l’employabilité des titulaires de doctorat, et ce, en réduisant le nombre d’heures supplémentaires de 6 heures par semaine par enseignant à 4 heures par semaine sauf pour certaines spécialités rares.

Ne pensez-vous pas que l’augmentation de la durée du contrat d’un an à deux ans avec la possibilité de prolonger d’une année supplémentaire est insuffisante ?

Notre souci, au vu de la situation financière difficile du pays, est d’améliorer l’employabilité des titulaires d’un diplôme de doctorat et d’améliorer les conditions de contractualisation avec eux en fonction de leurs qualifications, et d’assurer une certaine stabilité professionnelle à leur profit. Par conséquent, pendant cette période de contractualisation, ils pourront améliorer leurs qualifications et leurs compétences afin de leur permettre de s’intégrer progressivement sur le marché du travail, que ce soit dans le secteur public ou privé.

En ce qui concerne le secteur privé, de nouvelles mesures ont-elles été prises au profit des titulaires d’un diplôme de doctorat sans emploi ?

En effet, un programme spécial a été mis en place pour le recrutement de 1.000 titulaires d’un diplôme de doctorat dans des établissements privés d’enseignement supérieur et dans des entreprises privées. Dans ce cadre, un accord-cadre a été signé entre les ministères de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et de la Formation professionnelle et de l’Emploi et l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utap), visant à qualifier les titulaires d’un diplôme de doctorat en fonction des besoins des établissements et entreprises concernés.

En outre, en partenariat avec le ministère des Finances, un programme de promotion de l’auto-emploi des titulaires d’un diplôme de doctorat a été mis en place pour la création de start-up. Il est prévu de faire bénéficier 1.000 titulaires d’un diplôme de doctorat en les accompagnant pendant une période de 6 mois avec une bourse de 1.000 dinars par mois. Ensuite, 100 start-up pourraient être financées à hauteur de 30 mille dinars chacune.

Pensez-vous que ces mesures annoncées apaiseront la tension dans les rangs des titulaires d’un diplôme de doctorat au chômage ?

Ces mesures répondent à une grande part des attentes de nos filles et fils titulaires d’un diplôme de doctorat dans des circonstances où le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique tient à trouver des solutions en adéquation avec les demandes légitimes des titulaires d’un diplôme de doctorat et leur haut niveau de compétence.

Propos recueillis par  Khamais Ben Brik

 

 

Ce qu’il faut retenir

I. Mesures immédiates:

1. Ouverture d’un concours national pour le recrutement de 250 maîtres-assistants au titre de l’année universitaire 20-21.

2. Une augmentation de 37% du revenu annuel brut des contractuels en enseignement supérieur, en l’augmentant de 14.000 à 19.200 dinars (1.600 dinars au lieu de 1.400 dinars par mois, et 12 mois au lieu de 10 mois par an) avec l’augmentation de la durée du contrat d’une année à deux ans et aussi la possibilité de renouvellement d’une troisième année.

3. L’augmentation du nombre total de contrats d’enseignement offerts au sein des universités atteignant au total 2.000, dépassant ainsi le nombre de docteurs à la recherche d’emploi inscrits dans la base de données du ministère.

4. L’augmentation de 30% de la valeur des contrats de recherche pour atteindre 1.600 dinars par mois incluant la couverture sociale.

5. Doubler le nombre de bourses post-doctorales financées par des projets de coopération internationale et des bailleurs de fonds atteignant ainsi 882 bourses avec une augmentation de valeur de 25% pour atteindre 1.500 dinars par mois.

6. Soutenir et accompagner 1.000 docteurs entrepreneurs pour créer des entreprises et financer 100 projets de start-up émergentes à hauteur de 30.000 dinars chacun.

7. Établir un programme de financement spécial aux docteurs qui vise à soutenir le recrutement de 1 000 titulaires de doctorat au sein des établissements privés d’enseignement supérieur et des entreprises privées.

II. Mesures à court terme:

8. Mettre en place un programme national de formation, de réhabilitation ou de conversion de carrière qui vise des secteurs ayant un haut potentiel d’employabilité des nouveaux métiers destinés aux titulaires d’un doctorat et aux doctorants.

9. Mettre en œuvre les mesures d’incitation fiscale en coopération avec le ministère des Finances pour les entreprises qui recrutent des docteurs et financent des projets de recherche, développement et innovation.

10. Organisation d’une journée nationale pour la recherche scientifique et l’innovation visant l’intégration des docteurs dans les différents secteurs économiques.

III. Mesures structurelles et stratégiques:

12. Amendement du texte réglementaire régissant la profession du chercheur afin d’élargir ses champs d’application aux différents secteurs.

13. Développer et mettre en œuvre de nouveaux textes réglementaires spécifiques pour créer des cellules de recherche et développement au sein des ministères, institutions, établissements publics et entreprises publiques afin de valoriser le rôle de la recherche scientifique et du développement technologique au service des priorités nationales.

14. Mener une étude stratégique sur les besoins futurs des études doctorales dans tous les secteurs et les priorités nationales et travailler à orienter les étudiants et les structures de recherche et de formation vers ces priorités.

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