Tazarka | Situation sécuritaire : «Quand le chat n’est pas là…»

«Quand le chat n’est pas là, les souris dansent!», dit le vieux proverbe français. Oui, les souris, à Tazarka, c’est-à-dire les malfaiteurs de tout acabit qui continuent depuis un certain temps à bien danser en toute tranquillité, sévissant sur les quatre points cardinaux du fief de Mahmoud El Messaâdi, naguère un havre de paix et de sécurité…

…où l’on ronflait, la nuit à poings fermés, sans guère prendre la peine de vérifier si les portes centrales ou secondaires étaient verrouillées. En l’absence de tout risque et de tout danger de voir leurs domiciles violés et cambriolés.

Au rythme saccadé des chevaux

Oh ! Hélas que les temps ont changé pour les habitants de cette splendide cité ! Qui vivaient paisiblement un train-train quotidien, au rythme saccadé des chevaux, tirant, allègrement des charrettes pleines à craquer, parfumant les alentours à leur passage, offrant le loisir et le plaisir aux habitants de céans d’inhaler à pleins poumons la ravissante odeur du fumier, conférant un plus extraordinaire à l’air pur plein d’oxygène, chatouillant les narines, à partir des vastes étendues d’oliviers ceinturant le beau «bled» !

La ravissante symphonie !

La nuit, on se laissait abandonner au sommeil, dès les premières heures, sous le fond sonore symphonique des basses-cours, disséminées dans les lieux.

D’où fusent les cocoricos des coqs, le caquètement des poules…, et ânons ainsi que les aboiements intermittents des chiens. Ces animaux si fidèles à leurs maîtres ne faisaient que rajouter aux autochtones un surplus de sécurité…

Oh ! Tazarka ne revivra plus jamais le bon vieux temps. Là, la situation actuelle est aux antipodes ! On y dort d’un seul œil à cause du sentiment d’insécurité gagnant depuis un certain temps les villageois.

Ça ne tourne pas rond !

Chaque jour, on y entend parler de braquages, de cambriolages, de vols de motocyclettes. La nuit, les noctambules et les ivrognes sillonnent les rues et ruelles du village, se comportant en terrain conquis. Le tapage nocturne, les rixes et les rififis sont monnaie courante, atteignant leur pic en période estivale, où le village passe du «trop vide» au «trop plein»! Il faut dire que le mal a gagné en  «acuité» depuis des années et dès lors Tazarka devint une escale idoine pour une abondante «mixture» d’intrus étrangers, y convergeant de toutes parts, se tenant à l’affût de la première aubaine de se raccrocher et s’agripper aux convois de la mort, mettant le cap sur les points portuaires italiens les plus proches, courant follement derrière… un simple mirage!

«Le chat», hors service !

Cela dit, revenons au «chat qui n’est pas là». Nous visions, comme déjà dit, la police. Celle-ci est plutôt là, clouée et figée dans ses propres locaux, impuissante à être présente au bon endroit, c’est-à-dire sur le terrain, là où le grabuge et le charivari disent à tout ce beau monde «bonjour et bonsoir!».

Sans moyens de travail !

Pourquoi donc la police ne bouge-t-elle pas? Eh bien, tout simplement parce qu’elle n’a pas les moyens de le faire, le moyen élémentaire de travail, celui en l’occurrence de déplacement. Pas l’ombre d’un tacot ou d’une moto n’est à la disposition des policiers de Tazarka. Peuvent-ils courir derrière des fugitifs, parfois motorisés, en comptant sur le «numéro onze» et la solidité de leurs jambes? Bien sûr que non. Il leur faudrait peut-être avoir les jambes et le souffle de Gammoudi dans son temps, pour espérer réussir tant bien que mal cette mission impossible. Aussi, ne dit-on pas : «On n’attrape pas un lièvre avec un tambour».

La permanence submergée!

Pis encore, le poste de police de Tazarka ferme ses portes en fin de séance. La nuit, nulle âme en uniforme ne pointe le bout du nez. C’est à la permanence de Korba que revient la charge d’y veiller au grain. Et comme le poste de police de Korba dispose de moyens de locomotion très limités, la permanence ne sait presque jamais à qui donner de la tête pour imposer l’ordre et maintenir la sécurité dans l’ensemble de ses périmètres. Sollicités de toutes parts, les policiers de garde à Korba n’ont guère le temps d’organiser des patrouilles, même périodiques à Tazarka.

De grâce! une simple moto !

Il est vrai que la plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a. Et que, faute d’avoir les moyens de leur politique, les hauts responsables sécuritaires font la politique de leurs moyens. Mais il est non moins vrai que les habitants de Tazarka ne demandent pas la lune. Ils cherchent à être mieux sécurisés, à travers l’affectation au moins d’une moto à leur poste de police. Est-ce la mer à boire?

Un commentaire

  1. messadi

    20/09/2020 à 12:25

    Bravo sidi Arbi Dérouiller pour ce compte rendu explicite et détaillé de la situation sécuritaire dans le village martyr de Tazerka. Dans l espoir de voir le ministère de l’ intérieur reagir et prendre les décisions nécessaires pour protéger les habitants et leurs possessions

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