Le tonitruant médecin et homme politique Lotfi Mraihi, secrétaire général de l’Union populaire républicaine (UPR), vient de donner un nouveau coup de pied dans la fourmilière. Il a asséné, lors d’une conférence de presse tenue hier, que la gestion de la pandémie lors du confinement a coûté 42 milliards de dinars, soit la totalité du budget de l’Etat tunisien, et causé le licenciement de plus de 400 mille ouvriers. Et si la Tunisie n’a pas enregistré d’importantes pertes humaines, contrairement aux autres pays, c’est grâce à la composition de la société tunisienne, essentiellement constituée de jeunes, et non pas à la maîtrise de la propagation de la pandémie. En pointant du doigt les responsables chargés de la gestion de cette crise, il met en doute la perspicacité de leur stratégie et demande leur audition par une commission d’enquête parlementaire.

En voulant jouer au « poil à gratter » des questions sanitaires, Mraihi, qui surfe d’un échec politique à un autre, s’est encore une fois fourré le doigt dans l’œil. En effet, en voulant remonter les bretelles aux responsables encore concentrés sur la gestion de cette crise, alors que la deuxième vague bat son plein, Mraihi s’est accommodé d’une action réflexive mais pas réfléchie qui prête à une certaine confusion sur les intérêts nationaux. Mais ce qui est davantage problématique, une nouvelle fois, c’est l’image que l’on cherche à donner de notre pays : une Tunisie où rien ne va plus. C’est qu’en se plaçant, d’une manière plus soutenue, dans une opposition médiatique et non politique, un choix déjà perceptible tout au long des dernières années, il essaye plutôt de se repositionner en tant qu’acteur politique. Lui qui a chopé le virus est l’exemple même du médecin qui n’a pas accordé une grande attention au Covid-19.

Essayer de souiller l’image de l’armée blanche qui s’est battue pendant des mois, alors qu’il était en retrait de la ligne de feu, cela ne fait qu’altérer le moral des troupes, surtout lorsqu’on mesure les effets qui peuvent découler de tels agissements irresponsables.

Pourtant, Mraihi, qui est loin d’être farfelu, aurait pu exposer son point de vue devant un comité scientifique composé de médecins et de virologues. C’est le cadre idoine pour parler de ses recherches et de les étaler devant des médecins initiés qui forment le moule de la spécialité non pas devant des journalistes hébétés par ce qu’il débitait. Mais il aime partager ses pensées au risque de surprendre. Détenait-il la solution ? Peut-être, mais c’est aux spécialistes, ses confrères, de juger ses propos.

Un commentaire

  1. SMAOUI

    15/09/2020 à 10:33

    A en croire aux pertes fantaisistes dues au corona estimées par le Docteur, on devrait s’attendre à ce que tous les Tunisiens soient devant les mosquées en attente d’aumône. Pas crédible du tout.

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