L’entreprise autrement | C’est l’action globale qui manque le plus (III)

Tous dans la rue, pour la vraie révolution. Celle qui va transformer les têtes et non changer l’équipe à la tête du pays. Tous dans la rue, non pour scander des slogans, mais pour offrir ses idées et ses bras afin de sauver le pays d’un naufrage certain, comme nous l’avons répété plusieurs fois ici-même.

Une éventuelle catastrophe due essentiellement à une profonde crise culturelle et morale qui sévit dans le pays depuis des décennies et qui nous empêche d’avancer, alors que plusieurs pays devenus aujourd’hui des puissances étaient à la traîne par rapport à notre pays il y a une cinquantaine d’années.

Tous dehors, car en pleine tempête, tout l’équipage doit monter à bord, non pas le commandant et ses proches équipiers seulement, comme nous l’avons déjà dit. Mieux encore, tous les passagers aptes à lutter contre le danger. Surtout lorsque le bateau commence à prendre de l’eau. Ce que les acteurs politiques, les plus hauts responsables en tête ne semblent pas assimiler.

Or, nous continuons tous, en effet, de gérer notre vie quotidienne, et les responsables les affaires du pays, comme si nous étions en train de traverser de petites crises conjoncturelles, alors qu’il fallait sonner le rassemblement et la mobilisation générale et généralisée de la population, autour d’un commandement unifié, doté d’un plan de sauvetage comme en temps de guerre. C’est la seule solution pour éviter le naufrage du pays.

Pris dans les rouages d’une effroyable crise généralisée, les gouvernements qui se sont succédé depuis janvier 2011 n’ont, en effet, réussi qu’à gagner du temps face aux différentes pressions auxquelles ils étaient soumis, nous faisant ainsi perdre à la fois un temps et un argent fous.

Alors qu’il fallait engager le peuple dans la voie d’une vraie révolution, et non entamer seulement de grandes réformes, comme certains politiciens et autres experts le réclamaient, lesdits gouvernements se sont limités à rafistoler et à essayer de sauver chacun sa peau.

La prolifération des partis fondés par ces petits leaders de la dernière pluie, en témoigne. Ce qui a eu pour, entre autres, conséquences, l’effritement de la classe politique sur fond de luttes entre ego, et surtout celui des votes. Résultat, un pouvoir politique fragile, traversé par les conflits dont certains reposent sur des contentieux remontant parfois à plusieurs décennies et aussi un Etat gravement affaibli.

Impossible donc de continuer à subir tous ces tiraillements et tous ces conflits, politiques, économiques, sociaux et culturels, alors que le pays est en train de couler. Nous sommes tous, en effet, en train de vivre en plein dans une vulgaire foire d’empoigne et d’en payer lourdement les conséquences.

Le soulèvement de fin 2010 début 2011, qui avait entamé un processus révolutionnaire qui sera avorté un peu plus tard, était, il faudrait le rappeler, contre une situation héritée depuis 1956 et non contre les quinze dernières années du déchu, ce que certains semblent oublier ou ignorer.

Notre pays était, en fait, en crise depuis son indépendance. Un événement tant attendu par les Tunisiens qui eut lieu, hélas, sur fond de lutte sanguinaire pour le pouvoir. Un conflit qui a participé à provoquer une déviation du pouvoir par rapport aux principes et objectifs du mouvement national.

S’en suivirent des décisions et l’apparition d’une nouvelle culture politique qui eurent pour conséquences l’apparition de ce que nous avons appelé l’«anti-citoyen». Des politiques publiques virent aussi le jour et qui aboutirent, hélas, à une situation dont les grands traits ont été décrits par certains auteurs à qui ils donnèrent le nom, de «mal-développement».

La première chose à faire est de réellement créer le vrai citoyen, ce qui veut dire, en fait, repenser totalement les politiques publiques concernant la famille, l’école et le service national, puis de concevoir un nouveau modèle de développement, tout en essayant de corriger certaines situations récupérables. Impossible de continuer à pédaler dans la semoule, comme nous sommes en train de faire.

Un grand congrès national global devrait être organisé afin d’accorder tous les violons et de tracer les grandes lignes de la stratégie de construction du citoyen et de celle visant la création d’un nouveau modèle de développement.

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