Vivre dans l’impunité, c’est aussi vivre dans la confusion et le désordre. Cela, personne ne semble aujourd’hui l’ignorer, car sur les défaillances et les dérives qui accompagnent de plus en plus l’enseignement tunisien au quotidien, un secteur miné du reste par un vide existentiel, se profilent déjà les dessous d’un avenir pas tout à fait rassurant. Le malaise est là. Il ne faut pas chercher ailleurs les raisons qui marquent la décadence des valeurs au sein d’un environnement qui ne respecte plus suffisamment ses fondamentaux, ni ses hommes, ni ses femmes.   

Depuis quelques années, l’on ne cesse de parler de la réforme de l’enseignement et des moyens susceptibles de favoriser une telle mutation. L’on ne cesse d’évoquer le rétablissement des valeurs comme étant un impératif majeur. Mais l’on n’arrive toujours pas à faire face aux exigences de l’étape. Aux exigences d’une nouvelle époque. Drôle d’époque, puisque le directeur d’une école primaire à Siliana a été agressé au moment où il tentait de rejoindre son lieu de travail. Agressé par qui ? Par les parents dont il assure l’éducation et la formation des enfants.

On ne saurait suffisamment le dire : l’enseignement est entré dans une phase de décomposition. L’agresseur, qui ne s’est pas contenté de frapper et de brutaliser le directeur d’école, s’était aussi opposé à son secours, sous l’œil indifférent, passif, voire complice des parents !  Mais pire que l’indifférence et l’insensibilité, c’est une stratégie d’abandon et un aveu de faiblesse qui renvoient  l’image d’une autorité coupée du reste du monde. Ceux qui en assument la responsabilité ne font pas honneur à une institution, l’éducation nationale, qu’on semble de plus en plus gâcher sans y prendre garde. Le règne de l’impunité est l’un des grands problèmes qui affectent la bonne conduite, ainsi que ses défenseurs. Ce n’est malheureusement pas une surprise, car c’est dans les coulisses ouvertes à tous les vents autoprotecteurs que cela se passe.

Ce qui se disait à demi-mot se confirme aujourd’hui dans son intégralité, ou presque : l’enseignement est l’otage de certaines parties qui l’ont vidé de son contenu et il n’est plus qu’un moyen de déchirement, de division et surtout de démoralisation.

Les dérapages et les excès de part et d’autre suscitent beaucoup d’inquiétudes sur la façon dont les dossiers liés à l’enseignement sont gérés. Toute l’institution est en danger. Elle se serait même installée sur une montagne de dérives. Trop risqués car soutenus par des parties prenantes privées d’initiative, d’imagination,  de discernement et surtout de compétence… Quelle autorité, quelle instance serait aujourd’hui capable de prévenir et de combattre les dérives et les dépassements sous toutes leurs formes? A-t-on vraiment les responsables qui font vraiment honneur à la mission dont ils sont investis? Un autre monde est en train de naître. Une autre époque où le règne de l’impunité n’est même plus à vérifier. Une époque qui abaisse la vocation de ses mandataires par des actes dont elle risque de ne pas se relever de sitôt…

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