L’OMS a déclaré le 30 janvier 2020 que l’épidémie de Covid-19 est une urgence de santé publique de portée internationale. Plusieurs chercheurs ainsi que des compagnies pharmaceutiques ont commencé alors une course contre la montre à la recherche de traitements contre le virus en commençant par tester des médicaments déjà disponibles sur le marché jusqu’à en développer d’autres. Cependant, les vaccins demeurent le moyen le plus efficace pour contrôler la propagation du virus, ce qui a poussé les gouvernements ainsi que les laboratoires de recherche et pharmaceutiques à intensifier leurs efforts pour en développer un contre la Covid-19.

Vaccins Contre le Sars-CoV-2 : combien de types ?

Plusieurs approches ont été auparavant adoptées pour le développement de vaccins contre le virus du Sras. Ces approches sont aujourd’hui testées contre le Sars-CoV-2 et peuvent être classées comme suit :

(1) Vaccin à virus inactivé,

(2) Vaccin à base de vecteurs viraux recombinants

(3) Vaccins sous-unitaires

(4) Vaccins à ARN

(5) Vaccins à ADN

(6) Vaccins à virus atténué [1–11].

Vaccins contre le Sars-CoV-2 : état actuel

Des travaux antérieurs ont été conduits pour le développement de vaccins contre les virus responsables de différents syndromes respiratoires comme le Sras (syndrome respiratoire aigu sévère) et le Mers (Syndrome respiratoire du Moyen-Orient). Des vaccins candidats ont alors été évalués sur des cellules vivantes et des animaux. Cependant, jusqu’à présent, aucun d’entre eux n’a été considéré comme sûr et protecteur pour les êtres humains. Aujourd’hui, l’identification, le développement et l’acquisition de nouveaux vaccins et médicaments pour lutter contre le Sars-CoV-2 est devenu une priorité pour les agences mondiales de santé publique ainsi que les différents gouvernements.

Jusqu’au 2 octobre, date de la dernière mise à jour de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 42 vaccins candidats sont en phase d’évaluation clinique dont 10 sont en phase III des essais cliniques. 151 autres vaccins candidats sont en phase d’évaluation préclinique.

Le 11 août 2020, la Russie est devenue le premier pays au monde à approuver un vaccin contre le syndrome respiratoire aigu sévère coronavirus 2 (Sars-CoV-2). Ce vaccin, formé de deux vecteurs d’adénovirus, a été développé par le centre national d’épidémiologie et de microbiologie de Gamaleya (Moscou, Russie). Depuis l’annonce de son approbation par le président Vladimir Poutine, le vaccin russe Sputnik V a fait couler beaucoup d’encre sur son efficacité et sa sécurité, surtout que les autorités russes avaient annoncé l’entrée de leur candidat-vaccin dans la troisième et dernière phase des essais cliniques et leur volonté de l’homologuer dès septembre, sans attendre les résultats de cette troisième phase des essais cliniques. Les Russes finissent par publier les premiers résultats des essais cliniques des phases I et II le 4 septembre 2020. Ces essais ont été effectués sur deux groupes de 38 volontaires en bonne santé apparente et ont montré des signes d’une réponse immunitaire chez tous les participants. Le recrutement de 40.000 participants à la troisième phase d’essais a été entamé le 26 août 2020. Le 22 juillet, la Chine a accordé une autorisation urgente pour l’utilisation des vaccins Covid-19 qui sont en cours de développement. Le 11 août, le spécialiste chinois des vaccins CanSino Biologics Inc. obtient l’approbation de brevet de Pékin pour son vaccin candidat contre la Covid-19 Ad5-nCOV. Le 31 août 2020, le vaccin Covid-19 d’une deuxième compagnie Sinovac obtient l’autorisation d’utilisation d’urgence en Chine.

Nous devons ici préciser que tous les vaccins en phase III, répertoriés par l’OMS, ont une date de fin des essais cliniques estimée entre avril 2021 et mars 2023.

Vaccins contre le Sars-CoV-2 : quels enjeux ?

Avec l’augmentation du nombre de personnes atteintes (plus de 31 millions), du nombre de décès causés par le Sars-CoV-2 (1 million) et du déclin de l’économie, la pression politique s’est accrue sur les scientifiques les poussant souvent à prendre des raccourcis. Aux Etats-Unis, deux jours avant le début de la convention nationale du parti républicain, le président Donald Trump a accusé la «Food and Drug Administration (FDA)» de traîner les pieds. En effet, la FDA, selon Trump, risque de reporter l’approbation de tout vaccin après les élections présidentielles du mois de novembre. La pression de Trump aurait poussé la FDA à donner son autorisation «d’utilisation d’urgence» du plasma sanguin pour le traitement des patients atteints de la Covid-19.

Le traitement n’ayant pas encore démontré un effet significatif. La communauté sanitaire craint que la FDA ferait de même pour un vaccin qui ne suivrait pas toutes les étapes nécessaires pour sa validation afin de convenir à l’agenda présidentiel. Avant même la Russie, la Chine a également approuvé un vaccin fabriqué localement. Ce vaccin, destiné au personnel militaire, n’a pas été complètement testé. Récemment, la Chine a annoncé qu’elle était aussi en train d’administrer un vaccin non approuvé à des travailleurs depuis juillet.

Il est à noter aussi que même le vocabulaire utilisé pour décrire les programmes de recherche sur les vaccins —telles la dénomination par le gouvernement américain de son programme de financement des vaccins Opération Vitesse de l’éclair ou «Warp Speed», l’évocation par la Russie de la course spatiale de la guerre froide avec son vaccin «Spoutnik V», voire l’expression «course aux vaccins»— donne l’impression que nous sommes dans une vraie course, que les délais sont supprimés et que les questions de sécurité sont négligées.

Il faut rappeler que le développement d’un vaccin ou d’un médicament est encadré par un protocole de tests précis. Celui-ci comprend classiquement trois phases :

• Phase I : Cerner la toxicité du traitement,

Essais sur 20-100 volontaires en bonne santé ou atteints de maladies chroniques.  Cette phase peut durer quelques mois.

• Phase II : Démontrer l’efficacité du traitement

Définir la dose optimale sur des centaines de volontaires en bonne santé ou atteints de maladies chroniques. Cette phase peut durer de quelques mois à deux années.

• Phase III : Tester l’efficacité du nouveau traitement par rapport à un placebo ou à un traitement de référence

Ce sont des essais sur plusieurs centaines à plusieurs dizaines de milliers de volontaires en bonne santé ou atteints de maladies chroniques. Cette phase peut durer jusqu’à quatre années. Plusieurs pays et compagnies outrepassent ces différentes étapes actuellement.

Maintenant que 9 vaccins candidats sont en phase III, surgit la question d’une répartition équitable des doses. Les résultats d’une enquête récente de la Cepi (Coalition pour l’innovation en matière de préparation aux épidémies) estime la capacité mondiale de production à 2 milliards de doses de vaccins durant l’année 2021. Cette quantité est jugée nécessaire pour protéger les personnes les plus vulnérables. Ce qui signifie qu’il n’y aura pas suffisamment de vaccins pour protéger tout le monde en même temps. En d’autres termes, les vaccins ne seront pas disponibles pour tous en 2021. L’Union européenne a déjà précommandé 1,225 milliard de doses et les Etats-Unis plus de 500 millions. 

Ce qui aggrave davantage la situation et accélère la course vers l’acquisition des vaccins. Une course dont les favoris seront les pays riches et les grandes puissances mondiales. Les pays les plus pauvres seront alors à la merci de ces puissances. Le vaccin contre la Covid-19 est devenu désormais un nouvel outil de domination impérialiste.

Vaccins contre le Sars-CoV-2 : qu’en est-il de la Tunisie ?

Le directeur de l’Institut Pasteur de Tunis, Hechmi Louzir, a annoncé le 19 août 2020 qu’une équipe de recherche de l’Institut a commencé le développement d’un vaccin à base d’ADN contre le virus Sars-CoV-2. Selon Hechmi Louzir : «Le vaccin est encore en phase pré-clinique. Nous œuvrons à développer le vaccin en prenant en compte les derniers sur le virus dans le monde». D’après lui, l’efficacité de ce vaccin «dépendra également du respect des mesures préventives contre le virus, une fois le vaccin approuvé efficace, des articles scientifiques seront publiés dans des revues scientifiques pendant les mois de novembre et décembre». Le directeur de l’Institut Pasteur de Tunis a estimé que le vaccin sera, par la suite, mis au point pour être officiellement finalisé et prêt pour injection au début de l’année prochaine. D’après le journal Achourouk du vendredi 18 septembre 2020, des sources de l’Institut Pasteur de Tunis auraient assuré que le vaccin tunisien contre la Covid-19 pourrait être fin prêt au début du mois de novembre prochain, au vu duquel seront entamés des essais cliniques.

Malgré l’enthousiasme que suscite cette nouvelle, le vaccin tunisien est confronté à plusieurs défis. Premièrement, le caractère très restrictif des lois tunisiennes encadrant les essais cliniques, ce qui peut allonger les délais de mise en production. Deuxièmement, il est à noter que le directeur de l’Institut Pasteur avait précédemment indiqué que l’Institut est à la recherche d’un partenaire industriel. Ceci complique la mise en place d’un plan de production (calendrier et capacité). Ce que nous amène à la question suivante : pourquoi ne pas s’adresser à la Siphat (Société des industries pharmaceutiques de Tunisie) ? La Covid sera alors une occasion pour cet acteur étatique de diversifier son activité et de se mettre au niveau des entreprises pharmaceutiques mondiales. Cela sera un pas vers l’autosuffisance médicale en Tunisie. 

Cellule de recherche scientifique du Parti des Travailleurs

 

 

Image par Jeyaratnam Caniceus de Pixabay 

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