Autrement dit : Le retour de Karl(*)

J’imagine aujourd’hui Karl, oui le grand Marx — que l’on ne trouve même plus en librairie —, réveillé de sa torpeur éternelle, de retour parmi nous. Vous allez me dire, chers lecteurs, «qu’est-ce qu’il vient faire encore, celui-là ?».

Evidemment qu’il n’est plus de notre temps, de notre époque ! Mais ce n’est qu’en apparence, car il est toujours adulé en Russie, en Chine, en Corée du Nord, et même dans certains foyers en Occident pour l’idéologie qu’il a professée contre les misères du monde et les coreligionnaires à la solde du capital.

Et puis, n’était-il pas aussi ! —, un brillant écrivain proche de la nature, un «écolo» avant l’heure ! Un romantique à la Hugo ! Vous avez bien vu que l’on parle du Victor après le feu qui a sévi sur Notre Drame de Paris… Alors, pourquoi pas le grand Karl revenu parmi nous, pour un instant, le temps de lire la rubrique de ce jour ?

Je l’imagine donc traverser le miroir du temps — près de deux siècles à peine — et, pour ne pas se faire trop remarquer, relooké à la mode du jour. On va aussi l’amaigrir un peu (beaucoup) car depuis son départ, il avait été privé de son riche breakfast londonien.

Il porte un jean, un tee-shirt à l’effigie du «Che  Commandante» et il est vraiment à l’aise dans sa paire de Nike. Avec ses lunettes de soleil et un smart-phone à la main, il est au top : son réseau spécial lui permet de téléphoner à ses camarades d’outre-tombe. Aux vaillants camarades de la commune de 1848, à Hegel, Engels, à Lénine momifié du côté de la Place Rouge, à Staline, à Mao… «Hé, mes chers camarades, je suis en vadrouille sur terre et je ne m’étais donc pas trompé le jour où j’avais déclaré que la religion c’est l’opium du peuple, vous vous en souvenez bien, n’est-ce pas! J’avais raison de le dire alors que l’on se moquait de moi. Et vous savez quoi, le monde arabe a fichtrement changé. Très riche le monde arabe avec son pétrole et son gaz. Et puis, il est devenu la puissance mondiale en matière de religion. L’islam ! Mais je ne comprends pas le vocable d’«islamisme», de république islamique! C’est nouveau tout ça pour moi. On parle même de «terrorisme islamique» ou  d’«islamisme terroriste». Les musulmans et les Occidentaux ne s’entendent plus entre eux.

Il y a des attentats de partout, des guerres de clans, on tue les civils comme des mouches. Il y a même un groupe tentaculaire qui fait la loi sur toute la planète. Avec mon guide, sur une curieuse automobile, nous avons traversé les déserts d’Afrique et d’Orient. C’est vraiment la pagaille. On a même volé le drapeau noir de nos camarades anarchistes. Il est flanqué d’un cercle blanc, et d’après mon guide, il est écrit que c’est au nom de Dieu et de son Prophète que l’on doit tuer des gens innocents qu’ils soient chrétiens ou même musulmans. Je ne crois pas à toutes ces balivernes. Car le Coran n’incite pas à la haine et au meurtre. Et nous, chers camarades, à quoi avons-nous servi dans tout cela ?

On nous a jetés dans la poubelle de l’histoire malgré Rousseau, Voltaire, Montesquieu et son Esprit des lois, et même les savants arabes qui ont créé la Renaissance en terre d’Andalousie, la véritable Renaissance scientifique, culturelle artistique progressiste, progressiste pour l’humanité tout entière.

Et ceux-là, les capitalistes, les néo-colonialistes, les libéraux qui se sont partagé le monde. J’en ai fait le tour sur un gros machin qui vole comme un albatros à toute vitesse, en quelques heures. Et j’ai vu de partout cette misère qui gronde, les glaciers qui fondent et les inondations de partout, des séismes et des… comment : des tsunamis…

J’en ai assez vu, chers camarades, c’est fini, je vais retourner d’où je viens. Attendez-moi ! Attendez-moi : j’arrive…».

(*) Texte-fiction et loufoque

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