Importation prohibée de déchets ménagers: Qui se cache derrière l’affaire?

Un scandale au vrai sens du terme a été soulevé avant-hier, lundi, par l’animateur de l’émission «Les quatre vérités», Hamza Belloumi, sur la chaîne privée El Hiwar Ettounsi. A la fois frustrant et choquant, d’autant plus que ni le ministère de l’Environnement, ni l’Agence nationale de gestion des déchets n’ont daigné répondre aux accusations portées par le journaliste concernant l’importation de l’Italie, et plus précisément de Campagna (Napoli), de déchets ménagers collectés sous prétexte qu’il s’agissait de déchets plastiques.

L’affaire a éclaté grâce à la vigilance des services de la douane tunisienne qui ont découvert que le contenu d’environ 70 conteneurs n’avait rien à voir avec les produits déclarés par la société spécialisée dans le recyclage des déchets plastiques. Il s’agit d’une entreprise privée qui a pourtant fermé ses portes en 2012 pour reprendre ses services tout récemment.

Assurément, il y a anguille sous roche, car l’affaire est en rapport avec l’importation de 121 mille tonnes de déchets interdits de l’Italie, et ce, au moment où le pays croule sous les déchets et le taux de recyclage des déchets ménagers ne dépasse pas les 5%. Selon le contrat signé entre l’entreprise tunisienne et la société italienne, il n’est pas question de recyclage. Rien ne porte à croire que les  déchets importés seront recyclés et de nouveau acheminés vers le pays d’origine.

Mais en dépit de la ratification par notre pays de la Convention de Bamako portant sur l’interdiction d’importer en Afrique des «déchets dangereux» et sur le contrôle des mouvements transfrontaliers et la gestion de ce type de déchets produits en Afrique, l’entreprise privée en question s’obstine, avec l’aide de la partie italienne, à enfreindre la loi sur fond de pressions exercées sur la douane tunisienne pour libérer les conteneurs de la mort.

«La Convention de Bamako est un traité de nations africaines interdisant l’importation vers l’Afrique de tous les types de déchets dangereux, y compris les déchets radioactifs», précise à La Presse le président de l’Association de l’environnement et du développement durable, Dr Khaled Kabbous.  «Importer des déchets ménagers est strictement prohibé», martèle-t-il d’après cette convention. Le marché des déchets importés à des fins de recyclage est très lucratif, mais il n’est pas à la portée de certains pays dont la Tunisie, nous confirme-t-il. «J’ai peur que cette affaire ne soit l’arbre qui cache la forêt», ajoute-t-il, tout en n’excluant pas l’hypothèse de l’importation de déchets hautement toxiques en Tunisie.

Au nom de son association, il a condamné énergiquement l’importation de ces déchets en Tunisie.  « C’est une infraction aux conventions internationales et africaines ratifiées par la Tunisie, un  crime commis contre le pays », témoigne Kabbous.

Contrairement à la réaction de cette association, le Réseau National des associations environnementales «Faykin Li Bietna (Rnae) a appelé à vérifier tout d’abord les informations diffusées dans le cadre de l’émission précitée par les instances compétentes à haut niveau et a souligné la nécessité d’appliquer la loi en cas de confirmation des faits.

A signaler que nous avons, en vain, tenté de contacter l’un des responsables de l’Agence nationale de gestion des déchets,  relevant du ministère de l’Environnement. Pas de réponse au bout de la ligne. Le mystère demeure entier…

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