Difficultés structurelles du secteur agricole | Les ressources humaines en butte au vieillissement

Le secteur agricole en Tunisie souffre, depuis des années déjà, de plusieurs problèmes structurels qui l’empêchent d’augmenter la productivité et d’occuper une place de choix au niveau de la production aussi bien qualitative que quantitative.

Certes, le secteur agricole arrive tant bien que mal à satisfaire les besoins de la population en produits agricoles même si les prix connaissent parfois une envolée extraordinaire. Mais le dossier des prix constitue un autre volet des problèmes dans la mesure où il concerne les intermédiaires, les transporteurs et les vendeurs. Parfois, le prix d’un produit agricole arrive au consommateur trois fois plus cher que le prix vendu par l’agriculteur. En outre, le secteur se caractérise par le vieillissement des ressources humaines car plusieurs jeunes ne veulent pas s’adonner à cette activité considérée peu rentable et qui nécessite beaucoup de temps de travail.

D’ailleurs, lors de la cueillette des olives, les agriculteurs trouvent beaucoup de mal à recruter des ouvriers même s’ils sont bien rémunérés. Il va sans dire que les diplômés du supérieur, la majorité en tout cas, n’acceptent pas de cueillir les olives même en tant que travail provisoire pour améliorer leurs revenus. Ils préfèrent plutôt rester dans les cafés toute la journée en attendant de trouver un travail qui correspond à leur spécialité.

Amélioration de la rentabilité

On peut évoquer aussi le problème foncier qui touche plusieurs superficies arables. L’amoncellement des terrains agricoles qui appartiennent à plusieurs propriétaires —parfois d’une seule famille— ne permet pas l’amélioration de la rentabilité. Ces propriétaires refusent souvent de s’unir et de fusionner les superficies en leur possession dans le but d’augmenter la production. On ne peut pas parler d’agriculture sans mentionner le manque de ressources hydriques dans plusieurs régions dont certaines bénéficient d’un quota jugé, par ailleurs, insuffisant.

Sans eau, il est impossible de pratiquer l’agriculture et de hisser la production à un niveau élevé. D’après les données du ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, l’agriculture constitue l’un des secteurs les plus dynamiques du point de vue de la contribution à la croissance puisqu’elle y participe avec 37% en 2018, soit un point sur 2.7 points de croissance. Elle participe également avec 10% du PIB.

Les indicateurs disponibles montrent que la production des olives a enregistré une évolution de 150%, soit des quantités exceptionnelles estimées à près de 1.750.000 t, soit l’équivalent de 350.000 t d’huile. Quant aux céréales, l’accroissement est de 70% soit 2.370.000 t en 2019. A noter que la superficie des cultures biologiques est passée de 192.000 ha en 2014 (soit 4.2% des superficies agricoles) à 336.000 ha en 2018, ce qui correspond à 7,5% des terres agricoles. Pour ce qui est des produits de la pêche, ils ont augmenté de 4% passant de 133.900 t en 2018 à 139.000 t en 2019. S’agissant des exportations, la moyenne de la croissance annuelle sur la période 2016-2019 est de 8,8% aux prix constants. Les exportations agricoles représentent 9.8% de la valeur des exportations totales en 2019.

Place à l’investissement agricole

Parmi les principaux produits agricoles exportés, on peut citer l’huile d’olive qui accapare 33%, suivie des dattes avec un taux de 18% et des produits de la pêche avec 11% de l’ensemble des produits agricoles écoulés sur le marché extérieur. L’investissement agricole occupe aussi une place de choix dans l’économie nationale puisqu’il a enregistré une progression de 72% avec une valeur de 1.600 millions de dinars après la promulgation de la nouvelle loi sur l’investissement au cours du mois d’avril 2017 contre une moyenne annuelle de 900 MD sur la période 2014-2016. Au niveau de la mécanisation du secteur, on a constaté que l’évolution moyenne du nombre des tracteurs approuvés annuellement est de l’ordre de 60%, ce qui représente 2.500 tracteurs par an d’une valeur de 160 MD contre 1.500 tracteurs d’une valeur de 75 MD avant la promulgation de ladite loi.

Les jeunes promoteurs ont également bénéficié des encouragements pour investir. Ainsi, les investissements agricoles appartenant aux jeunes sont passés à 700 MD en 2019 au lieu de 680 MD avant l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur l’investissement et sur la période 2014-2016. Dans le cadre de l’encouragement de l’initiative auprès des jeunes et la contribution de les introduire dans le circuit économique, les autorités publiques ont mis en place des programmes à travers les pépinières des entreprises agricoles et le projet de relance de l’investissement dans le secteur agricole et la modernisation des exploitations agricoles (Premea). On peut citer aussi le projet de promotion de l’agriculture durable et le développement rural (Agripreneurs 2.0), les participations des jeunes dans les manifestations organisées à l’étranger et l’encouragement des jeunes à développer des technologies agricoles de pointe.

Quant aux crédits fonciers, et durant les trois dernières années (2017/2018/2019), près de 300 crédits fonciers ont été approuvés d’une valeur de 32 MD, ce qui a permis d’intégrer près de 3.300 ha des terres dans le circuit économique.

Laisser un commentaire