Film « Oloturé » de Kenneth Guyang en ligne : Dans l’enfer de la traite humaine

Ce film nigérien avait fait sensation en novembre 2019, lors de sa présentation en avant-première aux Journées cinématographique de Carthage pour son aspect engagé puisqu’il dénonce la traite et l’exploitation sexuelle des êtres humains, en particulier celle des femmes au Niger. Signé Kenneth Guyang, le long métrage est désormais en ligne sur Netflix depuis le 2 octobre 2020. 

Ce sujet épineux a été traité dans la vraie vie par la journaliste Tobore Ovuorie. « Oloturé » relate le parcours d’une journaliste ambitieuse, courageuse et tenace, incarnée par Sharon Ooja, déterminée à lever le voile sur ce phénomène social dangereux et tabou. Malencontreusement, elle se retrouve noyée brutalement dans l’enfer de la pègre.

L’histoire dont est tiré le film est inspirée de l’enquête journalistique de Tobore Ovuorie, réalisée en 2013 sous le nom d’Oghogho. Poussée par le décès d’un proche elle est déterminée à dénoncer ce fléau, elle s’y lance aux dépens  de sa vie. Dans la société nigérienne, on n’osait aborder ce phénomène qui rongeait à vue d’œil la société. Rencontre avec des victimes, recueils d’enregistrements, de témoignages, de vidéos cachées… plusieurs mois ont suffi  pour finaliser son travail aussitôt publié dans un média nommé « Premium Times. »

L’intrigue fascinante du film tire sa force de sa véracité : la journaliste a longtemps souffert de séquelles psychologiques profondes et de stress post-traumatique aigu après avoir rendu ce travail minutieux public. En contrepartie, elle a pu gagner en notoriété et a raflé de nombreuses récompenses. Avec son équipe, le film lui rend hommage à la fin de son générique.

Ce travail journalistique d’investigation a attiré l’attention des autorités. Elle a pu lever le voile sur le classement des travailleuses de sexe : séparée dans deux catégories au moins, celles qui sont livrées à elles-mêmes dans la rue et celles qui accompagnent et escortent les clients. La journaliste a infiltré fêtes VIP, résidences privées avec un faux passeport, qu’elle a eu grâce à sa maquerelle. C’est à ce niveau de l’enquête que l’investigation s’est rapprochée éminemment de l‘univers de la pègre et même du trafic d’organes, mené sur les frontières. L’enquête devenait dangereuse et prenait de l’ampleur, c’est d’ailleurs peut -être pour cela que la journaliste a dû l’arrêter à temps, ce qui explique la fin ouverte du film.

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