Hausse des prix des produits de consommation : «Sale temps» pour le couffin de la ménagère !

Le ministère du Commerce a pris des mesures pour circonscrire la hausse des prix. Toutefois, qui en surveille l’application ?
Ce ne sont point les quelques équipes de contrôle qui pourront le faire.

« Le monde, dit-on, est dirigé par les nombres, les poids et les mesures ». Avec les « experts »  qui déferlent de toutes parts sur les chaînes  TV et radios et qui s’affublent de ce « titre », l’observateur le plus averti, comme le commun des mortels,  ne savent plus qui prendre au sérieux. Ce n’est pas parce qu’on a servi au sein d’un service ou d’un département que l’on prend le titre d’expert une fois à la retraite.

Ne parlons pas de ceux qui s’estiment spécialistes des questions sécuritaires ou militaires. Ce n’est point notre rôle, ni le sujet de notre propos, mais de ceux qui viennent pour nous  surcharger de chiffres qu’ils ont puisé quelque part ou qu’ils ont tout simplement « inventé » pour les besoins de la cause.

Comme par miracle, les « statistiques » qu’ils énoncent sont quasiment  alarmants, jettent le discrédit, accusent une partie ou une autre, si ce n’est tout le monde, qu’ils sont les fautifs. Quant à leur rôle, leurs programmes d’action pour l’expansion d’un secteur ou le développement d’une chaîne de production, cela ne bénéficie nullement de leur attention.

Des dés pipés

Lorsqu’on estime, par exemple, qu’il faudrait faire baisser la production d’œufs de près de dix millions d’unités, on ne peut que se demander pourquoi pas seulement cinq millions ou vingt millions.

Dans le calcul des prix de base d’un produit, tant que celui qui le débite, avec plus ou moins d’assurance, est partie prenante, qu’il est lui-même producteur,  les dés sont pipés au départ et on ne peut prendre ces estimations au sérieux. Certes, les différents responsables du secteur agricole, par exemple, ne pourraient venir que de cette large famille, mais les travaux techniques, les statistiques, les programmes ne pourraient être  mis en place que par des compétences qui ne manquent pas dans le pays.

En les énonçant, on doit se garder de politiser son exposé et de lui donner cette tournure alarmante qui déclenche dans son sillage la pénurie et la déstabilisation du marché. Il a suffi que l’on parle de la grève des boulangers pour qu’on se précipite pour faire des provisions de farine et de semoule !

Les laitiers  menacent d’arrêter le travail ?  Et c’est la course aux grandes surfaces pour stocker du lait. Il va sans dire que c’est toujours au niveau agricole que le bât blesse. S’il y a une surproduction, c’est une catastrophe. Si c’est une année difficile à cause des conditions climatiques ou pour des  raisons  techniques ou autres, c’est le drame.

Et c’est à l’Etat qu’on revendique de venir au secours de ce secteur qui semble éternellement en détresse. Personne ne se demande où étaient les responsables des différentes organisations, offices ou autres intervenants pour éviter le choc de la baisse ou comment s’y prendre pour gérer la surproduction dans  les années fastes.

Tout est approximatif

Bien entendu, à cause de ces deux années de Covid-19 (encore !), établir des estimations qui tiennent debout s’avère du domaine de l’impossible. Mais obliger l’Etat à tout résoudre, alors qu’il est en pleine disette, tient de l’hérésie. Et on en fait quand même  la demande, tout en déclenchant des mouvements de protestation et de foule avec des grèves sauvages et des routes coupées.

Le chef du gouvernement a, certes, affirmé que « l’Etat n’agira  jamais par la manière forte contre ses citoyens », mais il y a des limites qu’il ne faudrait pas dépasser.

Cela revient à dire que le secteur agricole, avec le poids qu’il possède, le rôle qu’il joue dans l’économie du pays, est sans aucun doute un levier économique de première importance. Dans les conditions actuelles que vit le pays, n’était l’agriculture qui a suppléé la crise du tourisme, nous aurions vécu des jours encore plus difficiles.

Il y a des lois, des réglementations en vigueur qui ne demandent qu’à être appliquées. Et on ne les applique pas.

Dattes : le prix a doublé

Nous avons enregistré,  ces derniers jours,  une hausse subite du prix des dattes. Le prix a doublé. Nous savions que les dattes que l’on a commencé à  écouler depuis un peu plus d’un mois provenaient du stock restant de l’année dernière. Bien entendu, le citoyen n’en sait rien et il est bien heureux de trouver des dattes à bon prix. Même les grandes surfaces ont fait leur show en présentant des dattes « branchées » à des prix acceptables, mais quand même assez élevés, sans aucune mention de la date de leur récolte. Passons.   Mais doubler le prix, alors que l’on ne sait pas quoi faire avec la récolte de cette année et que les prévisions d’exportation sont encore douteuses avec la fermeture des frontières, dénote si besoin est, que l’on navigue à vue.

Le même raisonnement s’impose pour le prix du poulet qui s’est envolé et s’est maintenu pendant un bon bout de temps à plus de huit dinars le kilo (plus cher dans les grandes surfaces) avant de baisser  sans crier gare. Renseignement pris,  la hausse de production du poulet (comment la décide-t-on ?) a imposé cette baisse, alors que les poulets invendus au vu des prix ont trop engraissé, ce qui oblige les producteurs à s’en débarrasser au plus vite. Par ailleurs, avec l’arrivée de  la fin de l’année, la dinde, en principe, supplantera les autres viandes.

Qu’y a-t-il de vrai ou de faux ? Tout est approximatif, car tous les chiffres sont à prendre avec des pincettes. Parce que tout simplement, on les débite sans tenir compte des élevages clandestins, non déclarés, la contrebande, les fuites et autres trafics qui faussent tout à la base.

Les légumes, pour certains d’entre  eux,  sont au sommet. Les prix galopent  à bride abattue. Nous avons vu des contrôleurs à l’œuvre. Ils ne pourront jamais accomplir leur tâche convenablement tant que les marchés sont de véritables passoires, sans responsables capables de prendre position et d’appliquer les décisions prises.

Qui surveille ?

Le ministère du Commerce a pris certaines décisions au niveau des marges  à appliquer pour circonscrire ces hausses de prix. Qui en surveille l’application ? Ce ne sont point les quelques équipes de contrôle qui pourront le faire. S’ils agissent à droite,  les hausses seront à leur apogée à gauche. De toutes les façons, une fois l’orage passé, les contrôleurs remontés dans leur voiture, les prix changent et les affichettes sont rangées. La mise en place, ou  plus exactement la remise en place de responsables des marchés municipaux, est importante. Bien entendu, il faudrait qu’il y ait un roulement, pour éviter l’établissement d’un copinage mauvais conseiller, mais l’absence d’autorité annihile tout effort de contrôle.

Les barres atteintes par certains produits sont vertigineuses. Ne parlons pas des fraises qui sont affichées à quatorze dinars le kilo. C’est un luxe en hors saison, mais la pomme de terre à un dinar huit cents, les piments à plus de quatre dinars, les tomates qui  jouent au yoyo, les salades qui les imitent, est devenu un sport à la mode dans tous les marchés.

Le seul moyen qui reste pour qu’une famille se nourrisse, est bien d’aller acheter ce dont elle a besoin au coin d’une rue transformée en marché, où on  ne peut plus circuler et où les restes des légumes constituent un danger permanent pour les jambes frileuses.

Quant à la distanciation sociale, personne ne s’en souvient. Et on parle de resserrer la surveillance pour enrayer le Covid-19 !

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