Une décision impopulaire auprès des cafetiers qui démontre la complexité de la situation déjà assez confuse. 

Un cafetier du côté d’Ennasr (Ariana), connue pour ses nombreux salons de thé dans la zone, fait part de son étonnement et de son incompréhension quant aux dernières décisions du gouvernement en faveur des restaurants, en déconsidérant celles des propriétaires de café et salons de thé. Dans ce cadre, les propriétaires de café dénoncent leur exclusion de la dernière décision sanitaire qui autorise, à leur détriment,  uniquement les restaurateurs à exercer leur activité jusqu’au moment du couvre-feu.

Le propriétaire de café interrogé sur place raconte avec amertume l’expérience de travail dans son « café de quartier » qui reçoit pourtant la même clientèle au fil des jours. Il ne tire pas grand bénéfice de son activité selon ses dires et pourtant il subit la pression du contrôle des sécuritaires pour des raisons de respect du contrôle sanitaire et de limite de travail à 16h, comme exigé. Il transmet son désarroi : « A mon sens, soit les autorités décident d’opter pour le confinement général qui permet à tous les cafés de fermer sans exception et assure une trêve de certaines charges fixes liées à l’électricité et l’eau, soit on autorise l’ensemble des propriétaires de café sans distinction à travailler jusqu’au moment du couvre-feu et faire tous recette».

Une décision de « deux poids, deux mesures » qui pénalise l’activité des propriétaires de café qui sont condamnés à fermer à 16h malgré l’allégement des mesures anti-Covid qui ne concernent pour l’heure que les restaurants et les bars. 

Difficultés accrues en temps de Covid

Ce jeune cafetier dénommé Amir, originaire de Kasserine et diplômé en marketing digital, n’a jamais désarmé pour vivre dignement comme le veut la «révolution du travail et de la dignité»  et pourtant il y a plein de morosité derrière son sourire.

Ayant acquis un fonds de commerce consenti à crédit contre 1000 dinars/mois pour faire fonctionner son café, il désespère de tirer profit de son activité. Il affirme colérique : « Je paie des charges fixes à hauteur de trois mille dinars par mois. Je travaille seul, sans personnel mis à part quelques amis qui m’aident  par intermittence.

Dans ce contexte marqué par le flou et l’ambiguïté, je propose le retour au confinement total pour couper court à mes problèmes de gestion.

Au moins, je n’aurai pas à payer la banque ou le propriétaire du local et je peux m’accorder un petit moment de répit. Sinon je suis obligé d’aller au-delà de 16h étant donné que le soir il y a bien plus de clients que le matin! ».

La rigidité du contrôle anti-Covid amplifie le sentiment de désolation et d’amertume des cafetiers qui y voient une manœuvre qui favorise les grands cafés au détriment des petits et plus faibles.

Un de ses amis dans le périmètre vit les pires difficultés générant trente dinars de chiffre d’affaires par jour, malgré un investissement financier important. Ceci principalement à cause du nombre d’heures d’activité très limité et insuffisant.

Les coupures d’électricité ou d’eau, devenues monnaie courante dans leur activité, ajoutent du grain de sel à leurs nombreuses difficultés. Il s’explique : « Pour un retard de paiement de sept jours, ils ont procédé à la coupure de l’électricité sans crier gare.

J’ai dû emprunter de l’argent pour assurer mes arrières ! ». Il fait part de son dégoût des conditions de travail complexes et difficiles avec l’obligation de respecter le protocole sanitaire au point d’envisager d’émigrer sous d’autres cieux plus cléments dans quelques années, si rien ne change en faveur de leur corporation.

Dans un communiqué rendu public, le vice-président de la Chambre nationale des propriétaires des cafés classe A, Sadri Ben Azouz, qui a daigné répondre à nos questions, a exprimé le désarroi des professionnels du secteur, suite aux nouvelles décisions sanitaires. «En effet, ce mercredi 18 novembre 2020, le ministre de la Santé a annoncé l’allégement de certaines mesures anti-Covid-19 dont notamment le prolongement des heures de travail pour les restaurants jusqu’au couvre-feu et de leur permettre de travailler la nuit pour une livraison à domicile des commandes.

M. Ben Azouz a relaté l’étonnement du secteur et sa déception.

Et de renchérir que s’il y avait des études scientifiques justifiant le prolongement des horaires de travail aux restaurants et son non-prolongement aux cafés, il fallait les communiquer à la chambre. Il a indiqué qu’un rassemblement de protestation devait être organisé par les professionnels hier, jeudi 19 novembre à 10h, devant le siège du gouvernorat à Sfax.

A cette occasion, les professionnels doivent réclamer le prolongement des heures de travail outre d’autres de revendications, notamment le report du payement de toutes les factures liées à l’exploitation et une indemnisation partielle pour les pertes engendrées à cause de la pandémie du Covid-19.»

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