Un mois après sa conclusion à l’unanimité entre le gouvernement Mechichi et l’Ugtt, l’accord portant sur la régularisation de la situation des ouvriers de chantier n’a pas fini de susciter mécontentement et polémique autour de la manière dont il a été résolu, le 20 octobre dernier. Selon certains ouvriers,  « recruter seulement les travailleurs âgés de moins de 45 ans n’est pas juste et équitable. Cela pose problème et ne peut, en aucun cas, désamorcer la crise ». Imbroglio !

Pourquoi a-t-on opté pour un tel choix ? Est-il légitime de procéder à pareil recrutement sélectif, alors qu’au moins 15 mille ouvriers sont déjà inscrits, des années durant, sur la liste d’attente? Ainsi s’interroge cette tranche d’âge ayant plus de 45 ans que la chance d’intégrer la fonction publique ne lui a pas souri. En colère, ces ouvriers laissés de côté et qui n’ont pas été concernés par l’acte de régularisation ont protesté, mardi dernier, devant la présidence du gouvernement à La Kasbah. Ce mouvement fut, alors, observé, en réponse à l’appel des coordinations régionales pour se faire entendre auprès de l’opinion publique. Mais, aussi, de parvenir à mettre la pression sur un gouvernement déjà dans la tourmente. Que demandent ces ouvriers protestataires ? Selon leur porte-voix Jamel Zamouri, il est nécessaire qu’un tel accord tronqué soit révisé, dans la mesure où tous les ouvriers de chantier sont traités sur un pied d’égalité. Politique de deux poids, deux mesures ? « La coupe est pleine. Nous ne cessons de militer pour recouvrer nos droits spoliés », lance-t-il dans un communiqué publié quelques jours avant leur protestation.

Deux poids, deux mesures !?

D’après lui, l’accord signé le 20 du mois écoulé visant l’affectation de 31 mille ouvriers dans la fonction publique est considéré comme un texte boîteux et illégal, condamnant ceux ayant plus de 45 ans à une retraire anticipée, voire à un chômage chronique. A ses yeux, le montant de 20 mille dinars accordé en guise d’indemnité de sortie n’est nullement suffisant. Il ne peut même pas assurer les conditions d’une vie digne et décente, a-t-il ajouté, indiquant que la rue les attend en cas de non satisfaction de leur demande. Et là, une question se pose avec acuité : le gouvernement va-t-il réviser sa copie pour rectifier le tir et reviendra-t-il sur sa décision pour sauver ce qui reste du prestige de l’Etat ? 

A titre de rappel, l’accord conclu entre le gouvernement et l’Ugtt s’est limité à l’intégration progressive des ouvriers de  chantier dont l’âge est moins de 45 ans. Au-delà, jusqu’à 55 ans, ils poursuivront leur activité d’ici fin février prochain afin de pouvoir bénéficier de 20 mille dinars à la fin du mois de mars 2021. Ceux ayant plus de 55 ans, ils continueront à travailler jusqu’à  l’âge de la retraire (60 ans). Ils bénéficieront, alors, d’une indemnité égale à celle attribuée aux familles démunies, soit 180 dinars par mois, avec en plus un carnet de soins gratuits. Ces mêmes privilèges seront aussi accordés aux ouvriers dont l’âge atteint 60 ans, si leur situation ne leur permet pas d’avoir une pension de retraite.

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