Mes odyssées en Méditerranée | Écoles internationales et «discrimination positive»: Le cas de l’école italienne de Tunis «G.B. Hodierna»

Les relations tuniso-italiennes ne datent pas d’aujourd’hui. Par sa proximité géographique et culturelle, la Tunisie est un prolongement naturel sur la Méditerranée et vers l’Italie.

Je rappelle à nos lecteurs que les premiers Italiens à s’installer en Tunisie sont des génois (Tabarquins) qui occupent l’île de Tabarka, près de la côte septentrionale de la Tunisie, dans le but de pêcher le corail local et d’établir une base pour leurs activités commerciales. L’île appartient ainsi à la famille génoise des Lomellini entre 1540 et 1742. Depuis, les relations culturelles et économiques entre les deux pays ne se sont jamais arrêtées et elles se sont de plus en plus intensifiées.

Il faut dire que «il bel paese» et la langue italienne ont l’avantage de jouir d’un «capital sympathie» auprès de nos compatriotes. Des générations entières ont toujours vécu à côté des Italiens et regardé Rai 1, la chaîne italienne arrivée en Tunisie bien avant la chaîne française de l’époque, «Antenne 2».

Depuis l’arrivée de la parabole, les choses ont changé et l’ouverture au monde de l’informatique et du progrès technologique, l’introduction au lycée de nouvelles langues comme le chinois ou le japonais a vu les jeunes Tunisiens s’orienter vers d’autres langues et d’autres destinations. Toutefois, la langue italienne reste très présente dans le pays et la troisième langue la plus étudiée en Tunisie, après le français et l’anglais.

Mais à côté de l’enseignement public, il existe une école italienne, l’Institut «G.B. Hodierna» située à Tunis au quartier d’El Menzah 9, qui fête en cette fin de 2020 le 54e anniversaire de sa fondation, renouant ainsi avec une tradition éducative italienne déjà présente depuis le XIXe siècle en Tunisie, bien avant l’installation du Protectorat français dans le pays en 1881.

Lundi 23 novembre, S.E. Lorenzo Fanara, ambassadeur d’Italie en Tunisie, et Fethi Sellaouti, ministre de l’Education, se sont donné rendez-vous à l’école italienne, Hodierna, pour accueillir une nouvelle classe de 20 enfants tunisiens issus des quartiers défavorisés du Grand-Tunis, auxquels l’école italienne et l’ambassade d’Italie garantiront tout un parcours scolaire gratuit dès l’école maternelle jusqu’au lycée. Les familles de ces élèves n’auront pas à payer les frais d’inscription et de scolarité, avoisinant les dix mille dinars annuels.

Le choix des vingt élèves a été effectué à travers une pré-sélection de la part du ministère de l’Education tunisien et une deuxième sélection de la direction de l’école italienne.

Un geste et une initiative louables, promus par l’ambassade d’Italie qui vise à renforcer les valeurs de liberté et de solidarité à l’égard des classes sociales moins favorisées et à promouvoir l’intégration culturelle et sociale.

En effet, la volonté de vouloir intégrer un quota formé par les meilleurs élèves des quartiers moins aisés dès l’école primaire jusqu’au lycée à l’école italienne pourrait servir d’exemple à toutes les écoles internationales présentes sur notre territoire; ceci permettrait à l’élève «défavorisé» de mieux intégrer la société et d’avoir plus de possibilités d’insertion dans la vie professionnelle, car, souvent, un enfant défavorisé est caractérisé comme élève pas très doué, alors que ce n’est pas toujours le cas.

Par conséquent, le devenir de ces enfants est donc préoccupant, tout comme leur insertion professionnelle et sociale qui sont en jeu. Pour lutter contre cela, et en l’absence d’une politique de l’Etat, les écoles internationales pourraient mettre en place plusieurs politiques d’aide à l’enfant plus démuni dans l’espoir de favoriser son insertion sociale. Ainsi, l’enfant sortirait de son milieu de vie et irait à la rencontre de personnes différentes de ce qu’il a l’habitude de côtoyer.

Pour améliorer l’avenir des enfants défavorisés, les écoles internationales pourraient mener des politiques d’insertion professionnelles, telles que la «discrimination positive» à l’égard des enfants qui débutent leur vie avec un handicap social dû essentiellement à leur milieu d’origine. Souvent, le terme «discrimination positive» est considéré comme impropre, on parlerait plutôt de «dé-discrimination» ou de «action positive» pour favoriser certains groupes de personnes victimes de discrimination systématiques de façon temporaire, en vue de rétablir l’égalité des chances.

Du côté de l’institution étrangère présente en Tunisie, cela représenterait une occasion de bien investir dans sa langue et sa culture, attirant à elle un nombre important de bons éléments tout en les formant dès leur plus jeune âge pour en faire des interlocuteurs privilégiés, car comme S.E. Lorenzo Fanara l’a souligné : «Nous sommes  tous d’accord sur le fait que l’instruction est le principal instrument d’investissement pour un futur plus sûr et de partage des valeurs fondamentales de notre culture». Espérons donc que l’exemple entrepris par l’ambassade d’Italie et par l’école italienne de Tunisie pourra être suivi par d’autres institutions d’excellence car dans un monde où les places sont difficiles à obtenir, la concurrence est rude, ne laissant pas satisfaction à tout le monde.

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