Combien coûtera-t-il? où se faire vacciner? qui doit payer? : Qu’en sera-t-il du futur vaccin Covid-19 ?

Aucun vaccin ne sera introduit en Tunisie s’il ne répond pas aux conditions relatives à son efficacité.

D’après le directeur de l’Institut Pasteur, le vaccin Covid-19 (quatre à quatre millions et demi de doses) sera disponible mi-2021. La priorité sera accordée à ceux qui sont âgés de plus de soixante-cinq ans, qu’ils soient atteints de maladies chroniques ou pas, puis ceux qui sont âgés de moins de soixante-cinq ans, ceux qui souffrent de maladies chroniques, les cadres sanitaires, ceux qui travaillent au sein d’organismes sensibles, tels que l’armée, les services de sécurité, la douane, le temps d’avoir à disposition le vaccin pour tout le monde.

La précision qui a été faite par la responsable de la communication du ministère de la Santé, à propos du futur vaccin Covid-19, est qu’aucun vaccin ne sera introduit en Tunisie s’il ne répond pas à toutes les conditions de son efficacité ; ce qui impose une réflexion qui pourrait être entamée à l’effet d’éviter de se heurter au problème de son financement.

Ce vaccin coûtera cher. Nous ne figurerons pas parmi les nations qui en recevront à titre gracieux. Et même s’il y aura des dons, tel qu’on l’a annoncé, ce ne sera pas une grosse quantité. D’ores et déjà, il faudrait se préparer logistiquement et financièrement pour le recevoir, le stocker et l’acheminer vers les points désignés pour la vaccination.

Privilégier nos intérêts

D’après les informations, les premières qui concernent un vaccin développé par un laboratoire germano-américain, il faudrait disposer d’un moyen de stockage à moins quatre vingts degrés. Cela suppose, si le choix se porte sur ce vaccin, de prévoir des congélateurs appropriés. Les vaccins concurrents russe et chinois n’exigent pas, par contre, cette condition. C’est bien entendu aux autorités sanitaires de décider du choix qui sera fait. Il n’en demeure pas moins que se posera également le problème du prix, qui s’annonce assez élevé, alors que le choix devrait se faire en fonction des intérêts du pays, et non pas sous la pression des différents lobbies. Il est paradoxal que tout le monde occidental a passé sous silence les succès qu’enregistrent les vaccins russe et chinois. Ces vaccins ont été commandés ferme, par de nombreuses nations et non des moindres. Ils n’exigent pas des investissements lourds pour les recevoir et les conserver. La raison de cette «discrétion» réside en des intérêts à défendre: ceux de laboratoires bien déterminés, bien sûr.

Où est notre intérêt ? Espérons qu’on prendra la bonne décision et que quelques mois après, on ne s’apercevrait pas qu’il y a eu manipulation quelque part.

Avec les «affaires» qui surgissent de partout, il y a de quoi douter : tout est bon pour gagner de l’argent : les bavettes, les vaccins saisonniers, les bouteilles de gaz, les sacs de ciment, les médicaments dont on prive les Tunisiens pour leur faire traverser les frontières du pays, certains médicaments introuvables dans les pharmacies et qui surgissent comme par enchantement si vous payez, etc.

 Pas à la portée de tout le monde

Supposons que nous devrions le payer. D’après les informations qui ont filtré ici ou là, le coût du vaccin ne sera pas à la portée de tout le monde. Cela tournera autour de trente- sept dollars au minimum la dose pour ce vaccin en France. Faites alors le compte en y ajoutant les frais occasionnés par la logistique à mettre en place des moyens de conservation, les taxes, le transport, etc. Vous finirez par comprendre que ce ne sera vraiment pas à la portée d’un retraité ou d’une personne aux revenus plus que modestes. Ne parlons pas de ceux qui sont démunis.

A titre de comparaison, le vaccin de la grippe saisonnière revient autour de quinze dinars la dose.

Cela donne une idée du prix de revient de ce nouveau vaccin dont les promoteurs chercheront sans doute à amortir leurs frais de recherches et… gagner de l’argent.

Nous ne sommes pas aux Etats-Unis où le candidat à l’investiture a promis un vaccin gratuit pour tous les citoyens américains. Ni en Arabie saoudite où le vaccin sera gratuit. Certains pays ont peut-être les moyens et ne sombreront pas dans la misère en inoculant un vaccin qui sera de nature à remettre au travail un pays qui en a beaucoup souffert. Pour ce qui nous concerne, nous devons compter sur nous-mêmes.

Des frais insupportables

Mais les familles tunisiennes qui comptent deux, trois, peut-être quatre personnes qui doivent se faire vacciner, supporteront-elles cette dépense alors que la situation est tout ce qu’il y a de plus délicat avec le chômage qui ronge une bonne partie de la société et les arrêts de travail pour cause technique ou autres qui ont déjà mis à genoux bien plus d’un?

En cas de vaccination, les caisses sociales seront-elles en mesure de prendre en charge cette dépense imprévue, alors qu’elles n’en finissent pas de sombrer ?

A-t-on le temps d’en discuter ou prendra-t-on la décision de le faire ? C’est à l’adhérent d’avancer les frais en… attendant le remboursement. Un remboursement aléatoire auquel personne ne croira.

Se préparer

Autre élément à prendre en considération, celui relatif au danger que représente le fait de ne pas pouvoir se faire vacciner, par manque de moyens, à l’égard des membres de la famille, des voisins ou de ceux qui vivent sous le même toit. Il faudrait à notre sens se préparer à cette éventualité.

Les sociétés, banques et assurances, les mutuelles devraient prendre en charge les frais de vaccination de leur personnel et de leurs adhérents, tels que certaines d’entre elles le font pour la grippe saisonnière, pour éviter encore plus de complications. La formule est à trouver. Les frais de publicité de ces sociétés, par exemple, sont soustraits de l’assiette des impôts à une concurrence bien déterminée en relation avec le chiffre d’affaires. On pourrait intégrer cette dépense dans ce chapitre à l’effet d’alléger la charge d’un ministère de la Santé, déjà sous le poids de bien des dettes.

Où se faire vacciner ?

Le gouvernement a le temps de mettre en place l’aspect organisationnel et logistique de la question. L’expérience des manigances qui ont altéré la campagne de vaccination de la grippe saisonnière ne s’est pas encore estompée. Il s’agit d’éviter le favoritisme et de couper l’herbe sous les pieds de ceux qui se préparent à gagner de l’argent aux dépens de la santé des citoyens.

Nous n’irons pas jusqu’à proposer de faire vacciner les sujets à risque qui sont prioritaires (indépendamment du personnel de la santé, de l’armée et des services de douane et de police), dans les grandes surfaces, tel qu’on l’a fait en Chine, mais de nous inspirer de la campagne de vaccination contre le choléra qui avait sévi chez nous à une certaine époque, et qui a vu une prise en charge méticuleuse et réussie. Reconnaissons qu’il n’y avait pas à cette époque autant de malfrats.

Il suffisait de dire que l’on n’a pas été vacciné pour qu’on vous prenne en charge et il n’y avait ni carte d’identité à présenter ni… certificat médical ! Aucune personne sensée n’ira se faire vacciner deux fois, une par obligation et une par simple plaisir.

Encore des sacrifices

Ce qui suppose que la facilité de transport du vaccin (espérons qu’il n’y aura pas de coupure de routes pour prioriser une ville par rapport à une autre) et de sa conservation joue un rôle primordial, surtout pour les pays qui sont déjà à bout de souffle sur le plan économique et en proie à des agitations sociales aussi déstabilisatrices qu’inquiétantes.

Se préparer, cela signifie commencer à établir la liste (d’après la banque de données des caisses sociales), adresser des convocations avec précision du lieu et de la date de vaccination et surtout ce que chaque sujet à vacciner devrait payer en soustrayant la partie à prendre en charge par la caisse ou la mutuelle, pour éviter de mettre le citoyen à la merci de quiconque.

Restent ceux qui n’ont ni caisses, ni pensions, ni soutien. C’est à l’Etat de les prendre en charge. Un sacrifice qui en vaut la peine et auquel personne n’osera se soustraire.

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