Bac français : Une marotte contemporaine ?

Si les élèves des établissements publics prennent le risque de passer le Bac français, c’est soit par influence ou tout simplement pour le « prestige ».


Le bac français connaît de nos jours une ascension fulgurante au sein de la société moderne. Nombreux sont ceux qui s’intéressent à cette épreuve anticipée du baccalauréat  dite « EAB » et travaillent avec acharnement en vue de relever le défi. Néanmoins, la question que l’on pose est justement la suivante : «  Pourquoi tant d’intérêt accordé au bac français : est-ce par passion, obligation, ou constitue-t-il justement une marotte  de jeunes adolescents ?

Indépendamment des volontés ou du niveau scolaire, loin de chercher à assouvir un besoin particulier, le jeune lycéen cherche à imiter son camarade, ayant décroché, avant lui, son bac français. Cherchant à faire plaisir à leurs enfants, les parents de ces derniers répondent à leur demande et les font inscrire dans cet univers «labyrinthique » duquel ils s’en sortent péniblement.

Le bac français  n’est guère une épreuve facile à la portée de tous : sérieux, persévérance et compétence sont les critères définitoires d’un tel examen, basé sur la rigueur et la rigidité. De grandes sommes d’argent sont dès lors mises à la disposition des candidats, désireux de poursuivre des cours de soutien dans toutes les matières ; de la première et de la seconde parties. Ces derniers, s’ils optent pour un tel concours, s’ils prennent le risque de le passer, c’est par influence et « prestige » et rien de plus. Pourquoi donc, sacrifier son argent, son temps et son effort au profit d’une épreuve dont la réussite n’est pas garantie ?  La concurrence envahit les esprits de ces petits lycéens, inondés par un bourrage de crâne infernal et fait d’eux de simples récepteurs d’information, totalement ineptes et soumis aux ordres des chiffres, des lettres et des règles à appliquer. Pourquoi tant  de tourment à l’égard de ceux qui ne sont pas capables de rentrer dans les méandres d’un cercle dédaléen et maléfique pareil ?  Les parents, quant à eux, s’ils manifestent, au début du chemin, un plaisir à mener à bien cette expérience, lâchent assez fréquemment l’affaire au bout de la deuxième partie.

Prix exorbitant des cours particuliers

Pourquoi ? Cela revient aux prix exorbitants fixés pour les cours particuliers, devenus purement commerciaux. Les professeurs spécialistes, de toutes matières confondues, exigent, au préalable, des frais de cours démesuré, profitant le maximum possible de ce désir obsessionnel qui ronge aussi bien les élèves que les parents. Ces derniers recourent, parfois,  à des prêts bancaires, à la vente de leurs voitures ou objets précieux afin de parvenir à payer la totalité des sommes demandées.

Cela semble injuste et illégitime : « Former les hommes, dit Aristophane, ce n’est pas remplir un vase, c’est allumer un feu ». Incitons donc ces apprenants à acquérir les valeurs humaines nobles basées sur la tolérance, le respect et l’altruisme, aiguillonnons le sens de la créativité et de l’innovation chez ces esprits, surchargés de théories et de lassitude, façonnons des êtres équilibrés et enthousiastes et non des robots assoiffés de liberté. Cette marotte est bénéfique dans la mesure où elle représente une excellente formation pour ces derniers, mais consommons-la avec modération : réfléchissons, soyons maîtres de nous-mêmes et non esclaves d’une machine infernale qui brise nos rêves les plus subtils, libérons-nous de cet univers carcéral et machinal ; c’est ainsi que nous bâtissons des piliers balisés de force, d’intelligence et d’originalité ! « Méprisons cette sorte de sagesse à laquelle on ne parvient que par refroidissement ou lassitude », exit André Gide.

Zeineb Golli

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