Fayçal Derbel, député et rapporteur de la Commission des finances, de la planification et du développement au sein de l’ARP
«Le projet de la loi de finances 2021, dans son état actuel, est comme un cadeau empoisonné. Le PLF conduira le pays dans une situation de manque, voire d’absence de liquidités, de ressources et de devises afin d’assurer les approvisionnements locaux et par importation.  Nous pourrons nous retrouver en cessation de paiement d’ici le mois d’avril ou mai 2021. On se retrouve aujourd’hui dans une situation pareille parce que les différents gouvernements ont choisi de financer la paix sociale par des crédits. Nous souhaitons tous trouver des solutions efficaces et radicales à ces problèmes afin de permettre au gouvernement de travailler. Mais à quelque endroit, cet exercice devient difficile de surcroît avec certaines données, comme le fait que la masse salariale représente près de 17% du PIB, ce qui empêche le FMI par exemple à soutenir l’effort déployé pour l’absorption du déficit».

Hakim Ben Hammouda, expert et ancien ministre des Finances
«Les répercussions du financement par la Banque centrale sur les grands équilibres macro-économiques ainsi que l’inflation seront désastreuses. Le taux du déficit budgétaire, estimé à 11,4% dans la LF rectificative, posera d’importantes complications au niveau des relations de la Tunisie avec ses partenaires internationaux. Les prochaines négociations avec le FMI vont être très difficiles et compliquées à cause des 11,4% de déficit. S’y ajoute la sortie sur les marchés étrangers qui se caractérise également par une grande complexité. Il faut d’abord mettre de l’ordre dans les finances publiques avant d’entamer ces deux étapes cruciales. Il n’est pas possible de vivre avec de l’endettement, une stabilisation est plus que jamais requise».

Hichem Ajbouni, député
«Le projet de loi de finances  2021 est sans fil conducteur et ne repose sur aucune logique. Le problème de l’économie tunisienne depuis des années, c’est son incapacité à créer la richesse. C’est une économie qui partage la pauvreté, à défaut de pouvoir partager des richesses. Ce projet de loi manque de réformes, dont notamment la réforme du système de compensation. Ce qui ouvre la voie au détournement des produits subventionnés. Et ce, à l’instar des huiles végétales, des bouteilles de gaz et de la semoule subventionnée. Celle-ci est parfois utilisée pour l’alimentation animale alors qu’elle est subventionnée à raison de 97 dinars le quintal. Le coût du quintal s’élevant à 137 dinars, alors qu’il est vendu à 40 dinars. Il y a également une absence de volonté de lutter contre l’économie de rente. Celle-ci a étouffé l’économie nationale, bénéficiant à une minorité proche des partis politiques et de certains députés. J’estime que l’augmentation de l’impôt sur les sociétés exportatrices de 10 à 18% est un très mauvais signal pour les investisseurs nationaux et internationaux. Alors que le monde fait face à l’une des pires crises économiques depuis 1929».

Laisser un commentaire