La diaspora tunisienne consolide l’économie nationale | Des sommes faramineuses investies ou épargnées

Malgré les effets néfastes de la pandémie du Covid-19, les transferts des Tunisiens résidant à l’étranger ont connu une amélioration notable. C’est dire que les émigrés portent la mère patrie dans le cœur et n’hésitent pas à répondre présent quand il s’agit de contribuer à consolider l’économie nationale.

La Tunisie a toujours compté une communauté importante établie à l’étranger. Depuis les années soixante-dix, des milliers de Tunisiens ont émigré vers le vieux continent en optant notamment pour des pays dits traditionnels comme la France, l’Allemagne et l’Italie. Avec le temps, les compétences des émigrés se sont améliorées et on y trouve des médecins, des enseignants, des experts dans plusieurs domaines. Au début de la vague massive de l’émigration, les Tunisiens étaient peu compétitifs et exerçaient dans des secteurs tertiaires comme ceux de la restauration, du bâtiment et de la construction. Une partie de ces pays européens a été bâtie, en effet, par des maçons d’origine maghrébine dont des Tunisiens.

Au fil des ans, ces petits travailleurs ont pu constituer une fortune, ce qui leur a permis de vivre aisément et d’envoyer de l’argent à leurs parents restés dans la mère patrie. Certains émigrés ont choisi d’inviter leurs parents à vivre avec eux dans le pays d’accueil dans le cadre du regroupement familial autorisé, par exemple, par les autorités françaises. Certains arrondissements sont devenus, avec l’arrivée massive des émigrés maghrébins, des espaces presque réservés à ces émigrés venant de Tunisie, du Maroc et d’Algérie. Leur apport à l’économie nationale est important dans la mesure où ils participent à la consolidation des revenus en devises et à l’investissement.

Une croissance salutaire

Depuis ces dernières années, les mœurs et les habitudes des émigrés ont bien changé. Quand la situation économique mondiale est morose, les Tunisiens hésitent à envoyer de l’argent vers la mère patrie. Mais d’habitude, les émigrés ne lésinent pas sur les moyens sous forme d’argent déposé dans un compte d’épargne postal ou bancaire et d’investissement dans des projets rentables comme ceux qui concernent les secteurs de l’immobilier, l’automobile et l’alimentation. L’objectif recherché par les émigrés est de se faire un peu d’argent pour l’exploiter, une fois rentrés définitivement à leur pays d’origine. Certains émigrés ont choisi, malgré les difficultés administratives constatées, de lancer un projet en confiant sa gestion à un parent. C’est que le projet en question doit être géré par une personne de confiance, de préférence faisant partie de la famille ou des proches connaissances, et ce, pour éviter tout acte de corruption.

Malgré la crise sanitaire due au Covid-19, les transferts des Tunisiens résidant à l’étranger (TRE) ne connaissent pas d’arrêt. Les ressources financières apportées par la diaspora tunisienne dépassent de loin les recettes touristiques ou encore les aides au développement, selon les derniers chiffres publiés par les autorités compétentes. En effet, les transferts ont enregistré en novembre 2020 une progression pour le quatrième mois consécutif. A fin novembre dernier, ces transferts ont enregistré une croissance de 10,5% en dinars, selon les données de la Banque centrale de Tunisie (BCT). Les chiffres de l’institution d’émission indiquent que la Tunisie a reçu, au cours des onze premiers mois de l’année, un record de 5,2 milliards de dinars de transferts de revenus des Tunisiens résidant à l’étranger contre 4,7 milliards une année auparavant, soit une augmentation de près de 500 millions de dinars.

Bien canaliser l’apport des émigrés

Il faut distinguer entre deux catégories d’émigrés. D’une part, il y a ceux qui se rendent dans les pays étrangers de façon légale et selon des contrats de travail bien établis. Ils sont souvent envoyés par le biais de l’Agence tunisienne de coopération technique (Atct) pour travailler dans diverses spécialités de haut niveau. Ainsi, la liste comporte des médecins, des cadres paramédicaux, des enseignants et des experts. Bien rémunérées, ces compétences travaillent dans l’Hexagone, dans les pays du Golfe comme le Koweït, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ainsi que le Qatar et Oman.

En quelques années, ils peuvent constituer une fortune, vu les salaires importants perçus.  Ces derniers peuvent contribuer efficacement à la consolidation de l’économie nationale par leurs transferts de devises.

D’autre part, on constate des personnes qui partent à l’aventure en vue de tenter leurs chances dans un pays étranger. Parmi ces personnes, l’on compte plusieurs profils de haut niveau. Malgré l’opposition des autorités publiques, ces compétences ont choisi quand même de quitter la mère patrie pour aller s’installer hors des frontières dans l’espoir de dénicher un emploi correspondant à leur profil et améliorer leurs conditions de vie. Ce phénomène d’émigration massive a été constaté notamment après la révolution tunisienne, quand les différentes institutions nationales—comme les hôpitaux, les facultés et les centres de recherche—ont connu une dégradation notable et des conditions de travail précaires.

De plus, les salaires servis en Tunisie sont considérés parmi les plus bas dans le monde. Malgré les efforts déployés dans les différents secteurs y  compris ceux de la médecine et de la recherche, les compétences sont mal rémunérées et n’arrivent pas après des années de carrière à réaliser des rêves simples comme acheter une voiture et une maison. D’où le choix d’opter pour l’émigration sans même passer par les circuits légaux.

L’essentiel est d’arriver rapidement à destination et proposer ses services à de grandes sociétés dans le pays d’accueil.

Mais les Tunisiens ont toujours le mal du pays et ne peuvent pas rester indifférents à la nostalgie. C’est pour cela qu’ils reviennent toujours à leur pays d’origine pendant les vacances et planifient leur retour définitif, une fois leur mission terminée. Plusieurs Tunisiens investissent dans le bâtiment en achetant des biens immobiliers qu’ils vendent à un prix plus élevé.

Le bâtiment constitue, en effet, l’un des secteurs préférés de nos émigrés. Certains font de la vente des automobiles importées un commerce juteux et n’hésitent pas à acheter nombre de voitures pour les vendre à un prix compétitif. Evidemment, on compte aussi plusieurs émigrés qui investissent dans les petits projets de proximité, notamment ceux qui concernent le commerce, l’artisanat, la mécanique et la tôlerie pour se faire une entrée d’argent permanente et intarissable.

Un commentaire

  1. Sandrine

    10/12/2020 à 15:02

    Pour une fois des journalistes reconnaissent un intérêt économique des TRE et ne déversent pas leurs haines, en les inculpant de vecteur de propagation du COVID 19 en Tunisie.
    C’est déjà pas facile d’immigrer en plus si on Crée une division c’est pire.
    Dans tous les cas bravo à cette ressource qui travaille et merde à tous les feneants qui remplissent les cafés pour commérer en Tunisie…

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