DIX ans après, la lutte contre la corruption continue d’être un sujet de grande importance pour la Tunisie post-révolution. La malversation, la déliquescence, voire l’immoralité, posent encore problème. Elles ne cessent d’avoir un impact négatif sur le développement du pays, de freiner la relance économique et d’entretenir un environnement de doute et d’inquiétude. Un environnement marqué par l’absence de confiance et l’érosion des valeurs morales.        

Les institutions constitutionnelles et l’Etat de droit sont encore et toujours incapables de faire face aux carences qui touchent les domaines de la gouvernance. Les véritables besoins et impératifs, ignorés jusque-là sous l’effet d’arguments erronés, ont fait que l’on continue à se tromper non seulement de priorité, mais aussi de conjoncture et d’opportunité. La corruption pèse encore de tout son poids sur la Tunisie. Il est toujours nécessaire de rappeler que le pays a encore besoin de retrouver ses vertus, de changer de trajectoire. Ceux qui défendent une approche centrée sur l’intérêt commun plutôt que l’intérêt individuel savent parfaitement qu’il est temps de saisir le sens de la rupture, notamment vis-à-vis de tout ce qui a été gâché en dix ans, comme un processus inévitable et dont il est urgent de retracer les différentes étapes et de trouver les solutions.

Depuis 2011, la Commission des analyses financières relevant de la BCT a examiné près de 2.140 déclarations sur des affaires de corruption, dont 1.120 cas ont été transférés au procureur général près le Tribunal de première instance pour enquêtes. Les attitudes et les comportements font état ainsi d’un monde complètement différent de ce qui a été souhaité. Dix ans après, la corruption et les corrompus trouvent encore une raison d’être. Les valeurs perdent de plus en plus leur sens et leur substance. Les écarts et les excès de zèle font état d’un malaise auquel l’on s’habitue de plus en plus. L’expansion et  la propagation de la corruption reflètent  un raisonnement tout aussi regrettable qu’inopportun. Les objectifs tracés n’ont jamais été atteints et l’on assiste avec beaucoup de déception et de frustration à un dérapage incontrôlé.

L’idée de repartir sur de nouvelles bases et une politique de lutte contre la corruption complètement différente est toujours là, mais, c’est compter sans les dérives qui font basculer le pays dans des considérations hors normes. Il est aujourd’hui difficile de résoudre l’équation presque impossible entre ce qui a été réalisé à ce niveau et ce qui reste encore à accomplir. Entre l’essentiel et l’accessoire. Entre le bon grain et l’ivraie. Les risques de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme, les crimes financiers et ceux relatifs à la corruption de façon générale requièrent une mobilisation de tous les instants.  Mais en dépit des moyens que l’on se donne, l’on réalise que derrière toute action de lutte contre la corruption se cachent toujours des dangers. Sur les détails, il y a lieu de s’inquiéter sur le combat que mènent les instances concernées face à ce fléau. Il convient aussi de s’interroger sur leurs prérogatives. Ce qui a été déjà accompli à ce niveau n’est point rassurant. C’est malheureusement la face cachée d’une action minée par une dénaturation existentielle et dans laquelle se profilent les dessous d’un environnement désorganisé, décomposé. C’est que l’absence de transparence et de clarté offre aujourd’hui les contours d’un abandon évident des valeurs et des fondamentaux.

Un commentaire

  1. ALAIN CORBIZ

    12/12/2020 à 19:04

    La corruption pire qu’avant ? En tout cas c’est le ressentit de tous en Tunisie et quand on lit la presse.

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