Et pourtant, ça tourne encore !

Les Journées cinématographiques de Carthage (JCC) 2020 ont démarré, vendredi soir, à Tunis, dans une édition rétrospective qui coïncide avec une année exceptionnelle marquée par la pandémie de Covid-19. Ils apportent la magie du septième art par la réouverture des salles de cinéma après une interruption de plus de neuf mois dans des conditions sanitaires strictes.

Les Tunisiens ont focalisé leur regard sur le fameux tapis rouge, une tradition instaurée depuis déjà quelques années, et leurs commentaires ont été réservés au défilé des artistes et aux tenues qu’ils ont portées. 

Ce qui a suscité l’inquiétude d’assister à une déviation des JCC de leurs fondamentaux comme étant un festival militant pour un cinéma d’auteur. Pourtant, cet événement nous offre quelques décennies de pellicules d’un festival qui a toujours parlé de son époque dans lequel la caméra se fait témoin de l’histoire et de l’actualité et où les films révèlent les préoccupations des auteurs et sortent des conventions. C’est un festival qui a grandi, qui a pris de l’ampleur et de l’assurance et continue à gagner un peu plus de liberté à chacune de ses éditions. C’est un festival qui a joué un rôle important dans l’édification de la Tunisie moderne et a contribué à l’émergence de nouveaux talents et au développement du goût des citoyens, outre la sensibilisation aux grandes questions de la société et aux préoccupations des citoyens en Tunisie, en Afrique et dans le monde arabe.

À des moments où la colonisation évacuait toute forme d’expression nationale, il a aussi été en Afrique un moyen parmi tant d’autres qui ont participé à l’épopée de la libération des pays colonisés et à l’œuvre de civilisation que ces pays ont connue.

C’est aussi un festival qui a poussé les hommes, qui ont vite épousé le septième art, à lutter contre le phénomène de l’acculturation et à jouer un rôle important dans la préservation de l’identité nationale. Au fil de plusieurs décennies, l’on peut s’enorgueillir d’avoir compté parmi nos cinéastes tunisiens, arabes et africains, des hommes illustres qui ont façonné l’industrie du cinéma qui joue désormais dans la cour des grands.

Certes, les JCC ont parfois connu quelques tracas mais leur parcours garde une cohérence en grande partie due à la sagesse de ses fondateurs visionnaires.  Et aujourd’hui, les JCC nous font vivre la magie du cinéma à l’heure où le moral des Tunisiens est en berne. Elles nous rappellent la joie de vivre en ces temps durs. Et que c’est peut-être le clap de fin d’une épidémie qui a terrassé tout sur son chemin, la culture en premier lieu.

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