Arnaud Peral, Coordonnateur Résident des Nations Unies en Tunisie, à La Presse : «Nous comptons mobiliser le maximum de fonds au profit de la Tunisie»

La Tunisie et les Nations unies ont signé, récemment, le Plan cadre pour l’aide au développement en Tunisie couvrant les cinq prochaines années. Ce cadre de coopération 2021-2025, qui sera également signé par 21 agences, fonds et programmes des Nations unies, est le résultat d’un processus de consultation et de concertation participatif avec les départements ministériels, les organisations de la société civile et le secteur privé pour définir ensemble les priorités sur lesquelles le Système des Nations unies (SNU) va pouvoir appuyer la Tunisie. Dans le contexte actuel, ce document prend en considération les impacts du Covid-19 sur les plans socioéconomique et sanitaire. Il s’agit, au fait, d’une feuille de route pour mettre en œuvre de nouveaux projets de développement en Tunisie. La réponse sera, en conséquence, axée en priorité sur les effets de cette pandémie sur les plus vulnérables. C’est à ce sujet que le Coordonnateur résident des Nations unies en Tunisie, M. Arnaud Peral, a accordé un entretien à La Presse.

Quel sera le principal apport de cet accord-cadre pour la Tunisie ?

C’est un accord-cadre qui va permettre aux Nations unies d’avoir une action encore plus complémentaire, car nous avons 23 entités des Nations unies qui sont signataires de ce document avec le gouvernement tunisien. Cela nous permettra certainement de faire de la planification conjointe avec nos partenaires, nos bailleurs de fonds, la société civile et de l’exécution conjointe. Effectivement, la Tunisie devra tirer profit de cet accord en accédant à plus de fonds dans un moment assez critique provoqué par la crise économique et sanitaire. Nous sommes très contents d’avoir signé cet accord.

Quel sera le montant global des projets inclus dans cet accord-cadre ?

A ce niveau, il s’agit d’une projection dont nous ne pouvons pas faire actuellement les calculs. Nous allons procéder par année, donc la prochaine étape concernera la planification annuelle, nous n’avons pas d’enveloppe prédéterminée, car il faut dire aussi que nos interventions dépendent des contextes de crise. Cette année, par exemple, beaucoup de fonds ont été mobilisés pour lutter contre les conséquences de la crise sanitaire. Mais pour vous donner une idée, je rappelle que durant les cinq ans antérieurs, plus de 200 programmes et projets ont été effectués par les Nations unies en Tunisie pour un montant de 200 millions de dollars. Evidemment que nous allons essayer de mobiliser le maximum de fonds au profit de la Tunisie, notamment dans des projets précis en relation avec les droits de l’homme et des objectifs de développement durable.

Est-ce que ce plan-cadre privilégiera des axes ou bien des secteurs précis ?

Certainement. La récupération socioéconomique sera un axe très important dans cet accord-cadre, notamment dans ce contexte de faible croissance. Nous allons aussi nous pencher sur les inégalités territoriales, le développement rural. Au fait, il y a différentes modalités d’exécution et de mise en œuvre de ces projets. Tout dépend en tout cas des types de projets, des modes de financement et des intervenants. Il faut signaler aussi le fait qu’il ne s’agit pas là d’un fonds, mais plutôt d’un cadre de coopération entre le gouvernement et les Nations unies, c’est comme une feuille de route.

La Tunisie a déjà eu accès à d’énormes fonds dans le cadre de la coopération internationale ou les programmes des organisations onusiennes. Pensez-vous que cet accord apportera de nouveaux mécanismes d’accompagnement de projets potentiels ?

Ce qui est intéressant dans cet accord-cadre, c’est qu’il y aura une sorte de gouvernance ou une gestion conjointe de cette feuille de route. Ceci nous oblige tous, c’est-à-dire les partenaires gouvernementaux, la société civile et toutes les agences du système des Nations unies à avoir régulièrement des réunions de planification et de transparence pour voir où sont les défis d’exécution. Ceci nous conduit à apporter les changements nécessaires. Il faut certainement avoir des mécanismes de suivi et d’encadrement spécifiques à chaque projet. D’une manière générale, on parvient à de bons taux d’exécution de nos programmes.

Quels sont les résultats que vous espérez voir à travers cet accord cadre ?

Au fait, le connecteur de tous les objectifs et les résultats prévus dans ce cadre se construit autour du principe de l’appui aux droits humains, c’est ce qui connecte tous les résultats que nous espérons voir. On voudrait travailler également sur les mécanismes d’équilibre de genres, car nous travaillons avec tout le monde sans discrimination. «Ne laisser personne derrière», c’est le principe et l’objectif que nous voulons mettre en œuvre à travers cet accord-cadre, car nous cherchons surtout les groupes les plus exclus comme les migrants, les réfugiés; dans toutes nos actions nous essayons de travailler avec ces populations.

Enfin, comment envisagez-vous de structurer cet accord-cadre afin d’optimiser ces résultats escomptés ?

Il s’agit d’un cadre de coopération des Nations unies de nouvelle génération. Les Etats membres ont approuvé cette feuille de route obligatoire, pour éviter les doublons de projets ou le manque de coordination. Ceci nous permet d’avoir plus d’actions conjointes entre les différentes entités. On va travailler dans cet esprit de nouvelle génération, et on invite d’ailleurs toute la société tunisienne à s’associer à ce cadre. Nous allons également mener des actions de communication pour montrer aux gens qui nous sommes et présenter nos actions.

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