La Tunisie veut participer activement au marché commun de l’Afrique orientale et australe en tirant le meilleur profit des opportunités commerciales offertes par les pays qui constituent ce regroupement.

Le marché africain a été pendant des décennies négligé par les pouvoirs publics tunisiens, préférant se tourner vers l’Europe qui est, depuis longtemps, notre premier partenaire en matière d’échanges commerciaux, d’investissement et de technologie. Autant dire que les moteurs de la croissance tunisienne sont détenus en grande partie par l’Union européenne. Il suffit que ce marché passe par une récession ou une crise pour que l’économie tunisienne sombre dans la précarité. En fait, le marché tunisien n’est pas assez diversifié et notre économie s’est bâtie, des années durant, sur celle de l’Union européenne. Le temps est venu pour diversifier les marchés tout en maintenant, bien entendu, le marché de l’UE mais en exploitant aussi les opportunités qui se présentent et notamment celles du marché africain.

Des missions d’affaires ont été organisées à plusieurs reprises en Afrique pour essayer de prospecter les marchés intéressés par les produits tunisiens. Mais ces missions n’ont pas eu une suite favorable à cause du relâchement des hommes d’affaires qui n’ont pas pu ou voulu continuer à exporter vers ces marchés. Plusieurs pays arabes comme le Maroc et la Libye sont allés jusqu’à installer des bureaux de leurs banques et de leurs entreprises en Afrique subsaharienne afin d’être près de leurs clients et exploiter toute opportunité commerciale qui se présente. Ce n’est pas encore le cas de la Tunisie même si une banque a installé, elle aussi, un bureau en Afrique. Toutefois, notre présence en Afrique devrait être plus forte pour pouvoir entrer et pénétrer dans un marché à plusieurs facettes.

Un espace de partage et de dialogue

Le marché commun de l’Afrique orientale et australe auquel la Tunisie a adhéré constitue, par exemple, un espace de partage et de dialogue fort convoité par tous les pays du monde, y compris l’Europe et les États-Unis, vu les potentialités dont il dispose et les richesses naturelles du continent en or, fer, pétrole et café… Autant de ressources que chaque pays rêve d’exploiter afin de réaliser un chiffre d’affaires astronomique en cette période de vaches maigres marquée par les effets néfastes du Covid-19. D’ailleurs, le ministre du Commerce et du Développement des exportations, Mohamed Boussaid, a souligné la nécessité de développer une vision plus réaliste de la coopération avec le Marché africain en question  et d’élargir les domaines d’évaluation pour inclure, en plus des exportations des marchandises, les questions d’investissement et l’exportation des services.

Les industriels tunisiens sont capables, en effet, d’exporter tous les produits pour les pays africains. Encore faut-il quantifier les produits à exporter et leur nature. Le marché africain ouvre ainsi de nouveaux horizons pour les industriels tunisiens afin de leur donner l’occasion de stimuler la productivité dans plusieurs domaines comme ceux de l’agroalimentaire, du textile-habillement, cuir et chaussures, matériaux de construction, composants électroniques et électriques et autres. Dotés d’un pouvoir d’achat élevé et d’une croissance à deux chiffres, ces pays sont en mesure d’importer des produits de fabrication tunisienne, conformes aux normes internationales.

Développer des outils de communication

M. Boussaid a mis l’accent, lors de sa présidence, mardi, de la 4e réunion du Comité national chargé du suivi de la coopération avec le Comesa, sur la nécessité de développer des outils de communication, de prospective et d’évaluation auprès du comité. L’objectif est de tirer profit de l’adhésion de la Tunisie à ce groupement économique régional. En effet, les autorités tunisiennes et les hommes d’affaires devraient être toujours à l’écoute dudit marché pour manifester leur présence dans les domaines à valeur ajoutée avant les autres fournisseurs qui disposent d’un système de veille et de « chasse » des opportunités commerciales et d’investissement.

Selon un communiqué publié par le ministère du Commerce sur sa page officielle Facebook,  Boussaïd a appelé à intensifier les efforts pour mieux identifier les avantages de l’adhésion à ce groupe africain auprès des acteurs économiques, soulignant l’importance de la communication directe aussi bien dans le pays qu’à l’étranger. Déjà, plusieurs hommes d’affaires connaissent les produits les plus sollicités par ces pays africains pour avoir accompli des missions de prospection. Maintenant, il faut plutôt passer à l’action en signant des conventions de vente avec les chaînes de distribution et les grandes surfaces africaines.

La réunion du comité a été consacrée à l’examen des questions les plus importantes soulevées par la partie tunisienne à l’occasion des réunions des structures de gestion du Comesa et des programmes actuellement mis en œuvre en Tunisie, et ce, depuis la dernière réunion du comité, qui s’est tenue en juillet 2020.

Les participants ont passé en revue l’évaluation préliminaire de la situation des échanges commerciaux avec les pays du Comesa selon les dernières statistiques de l’Institut national de la statistique (INS), ainsi que les données publiées par les chambres de commerce et d’industrie en tant que structures chargées de délivrer les certificats d’origine pour la région Comesa.

Le ministre a souligné la nécessité de saisir les opportunités offertes par les pays membres de ce groupe africain et d’identifier des solutions pour surmonter les obstacles qui peuvent entraver les échanges commerciaux avec ces pays, en coordination directe avec les structures d’appui, les organisations professionnelles, les ambassades et les représentations commerciales. En cette crise conjoncturelle, les entreprises tunisiennes font face à des problèmes épineux vu le manque d’opportunités commerciales et la rareté des liquidités. L’Afrique pourrait être une brèche pour sortir progressivement de la crise.

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Un commentaire

  1. Abdelaziz Houichi

    02/01/2021 à 21:15

    Pour reprendre votre métaphore de « chasse ».
    Votre histoire de COMESA me donne l’image d’un chasseur qui dès qu’il parte de chez lui en quête de gibier tombe nez-à-nez avec un mammouth mais qu’il laisse filer tranquille car…Mr a décidé de traverser le desert pour chasser des gerbilles (petits rongeurs)! puisqu’on lui a dit qu’elles sont plus faciles à attraper!!?
    Exploitons tout d’abord l’énorme potentiel de notre partenaire naturel qu’est l’Europe puis pensons à l’aventure…car entre-temps la pauvre famille du chasseur meurt de faim.

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