Expansion du rayon des manifestations: Le dialogue comme solution

La vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux montrant un policier demandant aux émeutiers de ne pas saccager les biens de leur pays au moment où ces derniers jetaient des pierres  contre les unités sécuritaires devra alerter les décideurs sur la nécessité d’aller à l’écoute de ces jeunes en temps de paix.

Avec l’annonce du confinement général dans le pays, des manifestations nocturnes ont éclaté dans divers gouvernorats du pays, accompagnées d’actes de saccage et de violence. Des jeunes, en majeure partie, ont bravé le couvre-feu imposé dans le cadre de la lutte contre le coronavirus pour faire passer un message que le gouvernement, occupé par le remaniement ministériel, semblait ignorer. Le message est pourtant bien clair et ne date pas d’aujourd’hui. Ils sont marginalisés  dans les quartiers populaires et souffrent terriblement du chômage et de la pauvreté.

Ce n’est pas là une incitation à la désobéissance ni une justification ou une légitimation de la violence juvénile, mais le gouvernement est en devoir d’écouter ces jeunes, d’instaurer une cellule de crise à cet effet pour mieux comprendre le mobile de leurs actes. Le ministère de l’Intérieur ne doit aucunement faire face au même scénario qui a précédé la révolution et qui  fait que l’anathème soit toujours jeté sur ses unités sécuritaires. D’autres approches non sécuritaires sont à préconiser. Les mêmes causes produisent les mêmes effets, et l’expansion du rayon des manifestations est à craindre dans les jours à venir avec la réduction de l’horaire du couvre-feu. Au fait, il faut contenir la violence par le dialogue et non uniquement par la répression.

Des échauffourées opposent depuis quelques jours à la nuit tombée des adolescents et des jeunes, chauffés à blanc et surexcités,  aux forces de l’ordre à Siliana, Sousse, Monastir, Bizerte, Grand-Tunis (Mellasine, cité Ettadhmen, Sidi Hassine, Kram-Ouest..), là où justement l’Etat est aux abonnés absents, le développement local a toujours fait piètre figure et les maires ont d’autres chats à fouetter. Des actions de saccage ont été enregistrées à cet effet et les unités sécuritaires ont procédé à plus de 240 arrestations de personnes impliquées dans des actes de vandalisme, de tentatives de pillages des magasins et agences bancaires. Dans la foulée, des ados ont été interpellés et des membres relevant des forces de l’ordre sont blessés.

En dehors du discours officiel incriminant les émeutiers, un autre son de cloche se fait entendre sur les réseaux sociaux, relayant la voix des  contestataires. Un discours dissonant mais percutant et révélateur d’une réalité que les décideurs occultent et qui reflète le ras-le bol des marginalisés dans les quartiers populaires. Ceux qui ont enfreint la loi et tenté de saccager les biens publics et privés doivent être poursuivis, mais qu’en est-il des doléances des jeunes dans les quartiers défavorisés que les gouvernements qui se sont succédé ont le plus souvent ignorés depuis des décennies.

La vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux montrant un policier demandant aux émeutiers de ne pas saccager les biens de leur pays au moment où ces derniers jetaient des pierres contre les unités sécuritaires devra alerter les décideurs  sur  la nécessité d’aller à l’écoute de ces jeunes en temps de paix. Ce n’est pas aux forces de l’ordre qu’incombe ce rôle.

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