Par Chedly Ben Ammar

Le mouvement des « jeunes » qui fait tant parler de lui ces derniers jours n’aurait jamais eu lieu si la Tunisie avait été mieux dirigée sur les plans politique et économique. Jamais ces « jeunes » n’auraient tendu l’oreille aux sirènes de la discorde et de la violence civile si on avait pris la peine de les écouter. Or, un vieux briscard comme moi des à-côtés de la politique, s’il sait peu de choses, sait au moins celles-ci :

– Un homme politique digne de ce nom doit être respectable avant tout et se montrer digne de son mandat.

– Un homme politique digne de ce nom doit agir au service de la patrie et non en fonction de ses intérêts, matériels ou liés aux avantages et privilèges que procure le pouvoir.

– Un homme politique digne de ce nom doit être porteur d’une vision à même d’élever son pays dans le rang des nations et doit pouvoir vendre du rêve et des projets à ses concitoyens.

– Un homme politique digne de ce nom doit être à l’écoute du peuple et de ses besoins, surtout ceux des plus démunis.

Où sont les emplois réclamés en 2011 ? Qu’a-t-on fait des promesses arrachées dans l’urgence des « janviers » agités aux nombreux gouvernements qui se sont succédé ? Depuis dix ans, le chômage n’a fait qu’augmenter, tout comme l’endettement. La situation économique, sociale et financière de notre pays est en train de se dégrader au point de constituer une sérieuse menace pour la paix sociale et la souveraineté de la Tunisie, et ce gouvernement, pas plus que ceux qui l’ont précédé, n’a de stratégie à proposer pour sortir de la crise. Depuis 10 ans, nous n’avons été gouvernés que par des gens qui n’en avaient pas les compétences, et qui ont démantelé les structures de l’Etat tunisien, au point que beaucoup  de ménages se sont dramatiquement appauvris, que des centaines de milliers de jeunes ont quitté l’école avant d’y avoir acquis de vraies qualifications, seules à même de leur procurer un vrai travail, que beaucoup d’autres sont morts qui ont tenté d’échapper à leur triste sort en prenant la mer, qu’un nombre considérable de diplômés prometteurs, médecins, ingénieurs professeurs, informaticiens…, pour lesquels l’Etat a dépensé beaucoup d’argent, ont émigré et que d’autres pays profitent de leurs savoirs et de leurs aptitudes.

Et ce ne sont pas les derniers scandales révélés, dont les sinistres déchets italiens ne sont qu’un exemple cynique, qui pourront infirmer les incompétences cumulées et même la malhonnêteté de ceux qui prétendent nous gouverner. Toute cette classe politique déjà active sous l’ancien régime appartient au système de la dictature et doit s’effacer pour laisser la place à de vrais patriotes qui soient prêts à faire table rase du passé, et aptes à trouver des solutions pour remonter la pente et nous rendre une Tunisie enfin démocratique, une Tunisie propre qui donne envie à tous de se remettre au travail – cette valeur autrefois vénérée pour son caractère sacré –pour elle et pour nous tous. Parce que, au fond, y a-t-il en effet quelque chose de plus important, de plus fondateur que le travail, seul à même de relancer la croissance et donc de créer des emplois ?

La santé, la sécurité sociale, l’enseignement, la redistribution équitable des richesses au service du développement des régions, la réforme du système fiscal, la stabilité des textes législatifs, la répartition judicieuse des tâches et des responsabilités entre les différents niveaux de pouvoir, les services publics…, tout est à revoir et à reconstruire sainement. Qui relèvera ces défis, en sachant que, bien sûr, la première chose à faire, c’est de changer la loi électorale pour mettre en place un gouvernement fort, disposant des vraies rênes du pouvoir, et qui pourrait engager les réformes tant attendues et prendre les décisions qui s’imposent ? Il est également  impératif d’amender certains articles de la Constitution. Les mesures politiques qui avaient été adaptées pour rédiger une nouvelle constitution en 2014 ne sont aujourd’hui plus adaptées à la gestion du pays.

Réveillez-vous avant qu’il ne soit vraiment trop tard et que nous ne nous enfoncions pour des dizaines d’années sans doute dans une République bananière ouverte à tous les vents contraires… Redoutez le vent de l’histoire qui emporte impitoyablement ceux qui ont failli, ceux qui manquent à leur mission, à leur honneur, à leur patrie.

La confiance en l’avenir de notre patrie doit être restaurée  pour que nous, Tunisiens, puissions espérer un avenir sur ce sol qui est le nôtre et que nous chérissons tant. Nous avons tous besoin de nous projeter dans le rêve d’une vie harmonieuse et comblée.

C.B.A

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