A quelque chose malheur est bon

Au moment où la rupture au sommet de l’Etat a atteint le point de non-retour et que la confrontation est devenue inéluctable, le ciel nous offre un « cadeau ». Quelles que soient les viles intentions de l’expéditeur de cette lettre suspecte, il ne savait pas à quel point il nous a rendu service.

En effet, la solution magique pour la stabilité politique du pays et de ses institutions, dans un contexte marqué par des tiraillements et des divisions, n’était plus à portée de la main. Le désespoir a gagné les cœurs des Tunisiens qui ont l’impression de danser sur un volcan.

Et voilà qu’une affaire d’une enveloppe « suspecte » adressée au Palais de Carthage vient corser l’atmosphère maussade en Tunisie et domine l’actualité nationale. Mais selon les  services de la Présidence de la République, la lettre « ne renfermait aucun document, mais contenait une poudre suspecte». Une enquête a, également, été ouverte pour identifier la partie expéditrice et des analyses ont été effectuées  pour déterminer la nature de la substance trouvée dans la lettre».  Et bien que le courrier suspect «ne (contienne) aucune substance psychoactive, toxique ou explosive», selon le parquet auprès du Tribunal de première instance de Tunis, une forme de compassion et de solidarité a très vite pris forme avec le Président de la République. Du coup, les adversaires d’hier ont multiplié les messages de soutien et de dénonciation à l’encontre de ceux qui envisagent de vils desseins contre la sécurité du Président et qui ont des plans scabreux pour le pays. Vraisemblablement, au lieu d’élargir la fracture et le lit des divisions entre les trois têtes au sommet de l’Etat, cette enveloppe aura permis de réchauffer les liens et peut-être sera-t-elle le ticket d’entrée pour un dialogue sage et serein débarrassé des crispations du passé entre le Président de la République, le président du Parlement et  le Chef du gouvernement. Et même sur le plan international, cette missive aura eu comme mérite de réchauffer les canaux diplomatiques qui étaient « froids » avec certains pays frères et amis. Certes, l’enquête sur cette affaire doit être menée jusqu’au bout en toute indépendance et en respectant son caractère sensible. Mais elle ne doit pas nous bloquer, nous dresser les uns contre les autres. Au contraire, il faut saisir la chance qu’elle nous a donnée pour dialoguer de nouveau. N’est-ce pas un « cadeau » ?

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