Mes odyssées en Méditerranée: Le comte Giuseppe Raffo et les beys de Tunis

Génois d’origine, appelé l’homme aux deux cultures, Giuseppe Raffo est né le 9 février 1795 à la cour du Bardo suite à la capture de ses deux parents par les pirates barbaresques. Il est le fils de Giovanni Battista Felice Raffo, un esclave originaire de Chiavari en Ligurie, capturé en 1770 et de Marie Anne Terrasson. Il fut le mentor de quatre beys successifs et, de par sa loyauté et son dévouement, il parvint à une ascension politique et sociale remarquable et inédite dans l’histoire du pays. Son dévouement à la cour et aux beys lui permit de devenir ministre des Affaires étrangères au sein du palais durant une période importante dans la Régence de Tunis ; période de grands changements sociaux remarquables et de réformes politiques nouvelles qui sont à l’origine d’un Etat moderne. Pendant toute cette période, Raffo fut l’interprète, le guide et le sage conseiller des beys ayant régné à son époque, tels que Hussayn bey II, Moustapha bey, Ahmed bey, Sadok bey. Cette riche période fut aussi celle de l’indépendance progressive de la Tunisie vis-à-vis de la «Sublime Porte», chose à laquelle le comte Raffo a participé en aidant les beys à se rapprocher de la France et de l’Angleterre par le biais d’un voyage en 1846. D’ailleurs, la France lui accorda la Légion d’honneur, ainsi que d’autres Etats européens, tel que la Belgique avec «l’Ordre de chevalerie» en 1840.                  

En 1846, Giuseppe Raffo accompagna Ahmed Bey dans son voyage à Paris. Ce fut le premier voyage d’un bey en France. Il obtient alors le titre de baron en 1849, puis le titre de comte en 1851. Giuseppe Raffo contribue également à l’instauration de l’abolition de l’esclavage en soutenant le nouveau mouvement réformiste en 1846. Introduit par son père à la cour du bey, Giuseppe, jeune homme de vingt ans, était déjà secrétaire des commandements et «guardaroba», ainsi que responsable des correspondances diplomatiques en relation avec les consuls européens, qui étaient sous sa responsabilité. C’est bien à ce moment-là, que l’italien s’impose en Tunisie comme langue diplomatique et des échanges avec les nations. Ses relations diplomatiques lui ont permis d’établir des liens avec des commerçants locaux et européens. Cela aidera plus tard Giuseppe Raffo à créer, en 1826, sa propre entreprise commerciale, nommée «L’entreprise italienne de la Thonaire de Sidi Daoud» et de marquer, par la même occasion, l’histoire de la pêcherie italo-tunisienne et la pratique de la pêche en Méditerranée. C’est, en effet, à partir de l’Italie que Giuseppe Raffo faisait  arriver son matériel. Sur des manuscrits de l’époque et selon des accords conclus avec la péninsule italienne, on retrouve des traces qui témoignent l’exportation de l’huile d’olive tunisienne vers l’Italie, et ce, jusqu’à 1901.

Malgré ses liens avec la Tunisie, Giuseppe Raffo est resté très attaché à ses origines italiennes et maintenait de constantes relations avec l’Italie, participant aussi à l’aide et au soutien de la communauté italienne très implantée en Tunisie à cette époque.                                                                             

Son rôle marquera l’histoire interculturelle et diplomatique de la Régence, favorisant la construction de la politique au sein de la cour et de la diplomatie tunisienne. Il mourra à Paris en 1862.

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