Le Président de la République rassure les Tunisiens: « Le chaos n’est pas permis »

En ces temps de crise, marqués notamment par la peur de certains décideurs de faire face au «courroux du peuple» en raison de l’instabilité politique, le Président de la République s’est offert un bain de foule à l’avenue Habib-Bourguiba, encouragé certes par les sondages qui le classent en première position dans les intentions de vote. « L’Etat n’est pas absent, la sécurité non plus », a rassuré Kaïs Saïed, comme pour désamorcer l’inquiétude de la majorité des Tunisiens.

À la lettre empoisonnée et aux déclarations somme toute «provocatrices» du président de l’ARP, Kaïs Saïed à répondu  avant-hier par un déplacement inopiné à  l’emblématique avenue Habib-Bourguiba, là où justement, dix ans plus tôt, les jeunes notamment, ont changé le cours de l’histoire du pays et ont scandé haut et fort «Pain, liberté, dignité nationale». Il s’est ensuite rendu au ministère de l’Intérieur, où il a été accueilli par le Chef du gouvernement et ministre de l’Intérieur par intérim, Hichem Mechichi. Cette visite a constitué une réponse empirique à une conférence virtuelle tenue le 30 janvier dernier par le président de l’ARP. Non, le rôle du président de la République est loin d’être symbolique, semble dire le locataire de Carthage.

La passe d’armes entre les deux présidences ne cesse d’inquiéter la majorité des Tunisiens et d’avoir de graves retombées sur la situation sécuritaire générale du pays comme l’atteste le décès hier de quatre valeureux  soldats tombés en martyrs suite à l’explosion d’une mine artisanale sur les hauteurs du mont Mghilla lors d’une opération de ratissage, selon le porte-parole du ministère de la Défense .

Visite aux multiples facettes

En ces temps de crise, marqués notamment par la peur de certains décideurs de faire face au «courroux du peuple» en raison de l’instabilité politique,  le Président de la République s’est offert mardi un bain de foule à l’avenue Habib-Bourguiba, encouragé certes par les sondages qui le classent en première position dans les intentions de vote. L’Etat n’est pas absent, la sécurité non plus, a martelé à cette occasion Kaïs Saïed, comme pour désamorcer l’inquiétude de la majorité des Tunisiens qui n’ont pas manqué de manifester leur crainte à l’égard de la situation générale du pays suite aux récentes manifestations qui ont éclaté dans plusieurs régions et la grogne qui est montée d’un cran du côté des unités sécuritaires, et ce, au moment où tous les indicateurs du pays sont au rouge et l’ARP est paralysée par les manœuvres politiciennes.

Le président a  souligné au siège du ministère de l’Intérieur et en présence du Chef du gouvernement et ministre par intérim du MI Hichem Mechichi, ainsi que des hauts cadres de ce département, qu’il demeure «le garant de la continuité de l’Etat» et que «le chaos n’est pas permis» dans le pays, préconisant à cet effet la primauté de la loi, le respect des libertés et la protection des sécuritaires. Les projets de loi existent mais sont renvoyés aux calendes grecques, et les tentatives d’immixtion  dans les institutions sont toujours de mise. Intolérable, a-t-il  encore martelé.

Comme à l’accoutumée, Kaïs Saïed n’a pas botté en touche sur la question de la récupération politique des dernières  manifestations  dans le vil dessein de semer le chaos dans le pays. Il a souligné que le pays est entré dans une nouvelle étape qui nécessite une nouvelle mentalité et une nouvelle culture.

Appels à la dissolution du parlement !

Une décennie après la révolution, les slogans scandés devant le siège du ministère de l’Intérieur  ne sont plus les mêmes. L’espoir a cédé la place  au désenchantement et à la colère et plusieurs citoyens ont profité de la visite du Président pour manifester leur exaspération et appeler,  bruyamment, à dissoudre le Parlement. Une réponse  cinglante aux propos du président de l’ARP qui a tenté, à travers un espace virtuel, de minimiser le rôle du président de la République dans le système politique actuel.  

Les appels à la dissolution du parlement ne datent pas d’aujourd’hui et en juin dernier, les forces de l’ordre ont empêché d’une manière pacifique des manifestants appelant à la dissolution du parlement et au changement du système électoral d’accéder à la place du Bardo située en face du parlement, comme l’avait rapporté la TAP. Les manifestants avaient reproché au Parlement de s’immiscer dans des questions régionales, de perdre du temps dans des affaires qui, selon eux, n’intéressent pas les Tunisiens. Ils ont aussi critiqué le président du Parlement, Rached  Ghannouchi, et dénoncé son ingérence dans les affaires libyennes,  selon la même source. Il  est à souligner que le bloc parlementaire du PDL a annoncé qu’un nouveau projet de motion de destitution de son président Rached Ghannouchi a été lancé en janvier dernier.

Quelques mois après, rebelote à l’avenue Habib-Bourguiba et face au ministère de l’Intérieur. «Le peuple veut dissoudre le Parlement, le peuple est avec toi», ont scandé des citoyens bien heureux de se trouver à proximité  du Président de la République qui n’a pas hésité à leur rappeler qu’il n’avait pas l’intention d’abandonner l’Etat  ou de laisser le citoyen à la merci de certaines parties. Seule la garde rapprochée du Président était sur ses gardes.  

De l’avenue Habib-Bourguiba au ministère de l’Intérieur

Au temps de l’ancien ministre  de l’Intérieur Taoufik Charfeddine, limogé par le Chef du gouvernement le 5 janvier dernier, Kaïs Saïed avait multiplié les visites d’inspection à ce ministère. Ce même mardi, le Président de la République a tenu, après cette visite inopinée, à se déplacer au siège du ministère de l’Intérieur dans un contexte tout à fait différent, marqué par la grogne qui est montée d’un cran du côté notamment des organisations syndicales sécuritaires qui n’ont pas hésité à manifester dans la rue et ont fustigé le fait que les unités sécuritaires soient sacrifiées  pour des intérêts partisans.  

Aucun communiqué n’a été publié par le ministère de l’Intérieur suite à la réunion tenue en présence du Chef du gouvernement et ministre de l’Intérieur par intérim ainsi que des hauts cadres dudit ministère. Toutefois, et selon le communiqué publié par la présidence de la République,  Kaïs Saïed avait vraisemblablement  tenté de faire passer certains messages à ceux qui veulent bien l’entendre. «Il faut épargner le ministère de l’Intérieur des tentatives d’immixtion et de récupération politiques, a-t-il fait savoir, ajoutant que les unités sécuritaires sont au service de l’État et non au service d’autres parties.

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