Rached Ghannouchi visé par une nouvelle motion de censure : Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ?

Pour Hichem Ajbouni, député du bloc démocratique, «Rached Ghannouchi est devenu un élément perturbateur, voire une source de tension. Il vaut mieux qu’il parte d’une manière démocratique». Sauf que plusieurs députés soulignent la nécessité de garantir toutes les conditions de réussite à cette motion, autrement, et en cas de nouvel échec, Rached Ghannouchi renforcerait sa position à la tête de l’ARP.

Une seconde tentative de destitution du président de l’Assemblée des représentants du peuple (Arp) Rached Ghannouchi se prépare en coulisses au Parlement. Accusé continuellement de mauvaise gestion des affaires du Parlement, de politisation de l’institution législative et de partialité, Rached Ghannouchi sera en effet confronté à une nouvelle motion de censure. Parviendra-t-il à éviter une destitution ou sera-t-il, cette fois-ci, délogé du perchoir ?

La scène politique et notamment parlementaire est livrée à la tension, au conflit et même à la violence. Certains députés expliquent ce constat par la personnalité non fédératrice du président du Parlement, Rached Ghannouchi, et par sa mauvaise gestion des affaires du Parlement. C’est en tout cas ce que ne cessent de répéter les députés du bloc démocratique et ceux du Parti destourien libre. Ces derniers déploient actuellement tous les efforts et mobilisent tous les moyens pour destituer Rached Ghannouchi et le faire descendre de son perchoir. En effet, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, la présidente du Parti destourien libre, Abir Moussi, a annoncé que la motion de retrait de confiance au président du Parlement, Rached Ghannouchi, est officialisée, estimant qu’elle est «sur le bon chemin».

Selon Abir Moussi, des députés, convaincus de la nécessité de destituer Rached Ghannouchi, avaient commencé à signer cette motion exprimant son espoir de voir cette démarche aboutir. « Ne laissez personne vous influencer. Sauver cette institution historique, c’est sauver la Tunisie des tentacules de cette pieuvre des Frères musulmans », a-t-elle déclaré.

Le député indépendant Mongi Rahoui a également confirmé ces informations, affirmant qu’un groupe de députés indépendants sont actuellement en train de collecter les signatures nécessaires en vue de présenter cette motion de censure. Selon ses dires, cette nouvelle motion aura toutes les chances de parvenir à 109 voix indispensables pour destituer Rached Ghannouchi, au vu de son rendement et de sa gestion des affaires de l’ARP.

Mongi Rahoui a estimé que le président de l’ARP est «le premier responsable de la dégradation de la situation dans le pays en général, et au sein du Parlement en particulier», a-t-il ajouté.

Source de tension  

Pour Hichem Ajbouni, membre du bloc démocratique, il est temps de voir Rached Ghannouchi quitter la présidence du Parlement. Pour lui, le mauvais rendement du chef du parti Ennahdha et sa partialité, ainsi que son âge avancé ne lui permettent plus de diriger le parlement. «Le bloc démocratique s’est dès le début inscrit dans cette mouvance visant à destituer Rached  Ghannouchi, car son rendement catastrophique et sa partialité ne lui permettent plus de gérer les affaires du Parlement. C’est un élément perturbateur, c’est une source de tension, il vaut mieux qu’il parte d’une manière démocratique», a-t-il soutenu dans une déclaration à La Presse, affirmant que si cette nouvelle motion parvient à passer, ils voteront pour, mais encore faut-il s’assurer de ses conditions de réussite. «Ce que nous voulons, c’est nous assurer de la réussite de cette motion, autrement, il s’agirait d’une nouvelle victoire de Rached Ghannouchi, ce qui renforcerait davantage sa position à la présidence du parlement», a-t-il soutenu. Et d’ajouter qu’actuellement, il n’y a aucune coordination avec le parti initiateur de ce projet de motion, et que le PDL exploite politiquement son conflit avec Rached Ghannouchi.

Le député indépendant Hatem Mliki est du même avis. Pour lui, sous la présidence de Rached Ghannouchi, le Parlement ne pourra en aucun cas jouer son rôle de législation. Il confirme à La Presse avoir signé ce projet de motion de censure en espérant atteindre les 73 signatures nécessaires pour la présenter à une plénière. «La mauvaise gestion de Rached Ghannouchi des affaires du Parlement doit accélérer son départ, soit en présentant sa démission, soit en allant dans le sens de sa destitution», a-t-il expliqué.

Pour sa part, le député Tahya Tounès Mustapha Ben Ahmed nous a expliqué que pour le moment, son bloc parlementaire n’a pas émis une position officielle quant à ce projet de motion de censure, rappelant que Tahya Tounes était parmi les initiateurs de la première motion.  «Nous craignons que ces motions ne se transforment en une forme de marketing politique, nous devons nous assurer des conditions de sa réussite loin de toute démonstration de force», a-t-il expliqué à notre journal, tout en soulignant le fait que Rached Ghannouchi est devenu une source de tension au Bardo.

 Au fait, cette motion visant la destitution de Rached Ghannouchi n’est pas inédite sous la coupole du Bardo. En juillet dernier, quatre groupes parlementaires, à savoir le groupe démocratique, les blocs de la Réforme nationale, Tahya Tounès et d’Al-Watania,  avaient entamé les procédures de retrait de confiance au président de l’Assemblée des représentants du peuple. Rached Ghannouchi, chef du parti d’inspiration islamiste Ennahdha, avait conservé son siège de président du Parlement, après un vote mouvementé sur une motion de défiance. Ses opposants, aux premiers rangs desquels les anti-islamistes du Parti destourien libre (PDL), n’ont pas réussi à réunir les 109 voix nécessaires pour l’écarter du perchoir.

Il est à rappeler que selon l’article  51 du règlement intérieur de l’ARP, « l’Assemblée des représentants du peuple peut retirer sa confiance à son président ou l’un de ses vice-présidents à la majorité absolue des membres de l’Assemblée, et ce par une demande écrite et motivée présentée au Bureau de l’Assemblée par au moins un tiers des membres, soit 73. La demande est soumise à la séance plénière pour voter sur le retrait de confiance ou non dans un délai ne dépassant pas trois (3) semaines de son dépôt au bureau d’ordre ».

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