Artisanat-Céramique : Sacré Qallaline !

Be Tounsi et le Design Hub de Nabeul font partie des associations les plus actives dans la promotion du patrimoine, du design et de l’artisanat en Tunisie. Elles soutiennent les nouveaux talents et encouragent les projets lancés dans ces secteurs afin de valoriser le patrimoine tunisien pour qu’il devienne générateur d’emplois et de créativité.
C’est dans cette perspective que les deux associations organisent ensemble «Sacré Qallaline !», une soirée dédiée à la nouvelle marque Yelite, pour annoncer son lancement officiel et pour soutenir un nouveau modèle de projet qui adopte la Slow Fashion et l’économie solidaire, en plus d’une dimension académique revêtant chacune de ses créations.
«Sacré Qallaline !» présentera la première collection de Yelite consacrée à la céramique de Qallaline, une collection qui se démarque par sa démarche scientifique. En effet, en partant de motifs anciens issus des ateliers de Qallaline, photographiés dans des monuments historiques ou dénichés dans des livres spécialisés, Soumaya Gharsallah-Hizem, fondatrice de Yelite, a élaboré une recherche scientifique sur chacun de ces motifs en consultant des chercheurs travaillant sur cette céramique, ensuite elle les a restaurés numériquement avant de les broder ou imprimer sur différents supports pour qu’ils décorent des objets du quotidien : coussins, bijoux, habits, etc. La réalisation de ses créations se doit à sa cousine et associée Souhir Cherif ainsi qu’à de nombreux artisans talentueux et des entreprises innovantes dans les régions de Nabeul, Kairouan, Ksar Hellal et Tunis.
«Sacré Qallaline !» sera un voyage dans l’univers magique et codé de Qallaline, qui vous sera décrypté par deux éminents spécialistes de cette céramique, Adnène Louhichi (directeur de recherches à l’Institut national du patrimoine) et Wided Melliti (enseignante-chercheur à l’Ecole nationale d’architecture et d’urbanisme de Tunis), autour d’une conférence-débat qui sera organisée au palais Dar Lasram le 24 mai à partir de 21h30.
La soirée sera également l’occasion de présenter d’autres créations de designers du Design Hub de Nabeul.

L’histoire de Qallaline
Dans le faubourg ouest de la Médina de Tunis, au quartier des Potiers, florissait autrefois l’industrie de la céramique dite de Qallaline.
Cette industrie remonte à la période hafside (XIIIe-XVIe siècles), mais elle a connu son apogée aux XVIIe et XIXe siècles. Elle est marquée par diverses influences : turco-persanes, dès le XVIe siècle lorsque le pays était annexé à l’Empire ottoman, hispano-maghrébines lorsque les Mauresques, contraints de quitter l’Espagne, se sont installés à Tunis au début du XVIIe siècle, et aussi européennes, notamment espagnole et italienne.
Reconnaissables à leurs quatre couleurs emblématiques (le bleu, le jaune, le vert et le brun), les motifs de Qallaline témoignent du brassage ethnique et culturel de la Ville de Tunis et de son ouverture sur la Méditerranée. L’empreinte du lion (Afset Essid), la rose des vents, le vase et le bouquet de fleurs, les minarets et le Mihrab, les œillets, les tulipes, les rinceaux ou les oiseaux stylisés, etc. sont des motifs récurrents qui ornent encore des monuments importants à Alger, à Tripoli, au Caire et même en Californie, puisque la céramique de Qallaline a été exportée dans toute l’Afrique du Nord,  en Europe et plus tard aux Etats-Unis d’Amérique.
Parmi les potiers les plus connus de Qallaline, il y avait le saint patron des céramistes Sidi Kacem El Jelizi qui maîtrisait les procédés andalous de la cuerda-seca et de la cuerca, propres à la marqueterie du Zelij. On cite aussi Khemiri, Abdelwahed El Maghrebi et la famille Chemla, sans oublier les grandes familles de céramistes de Nabeul: les Kharraz, les Abderrazak, les Kedidi, les Ben Sedrine, entre autres. Ils ont su assurer la continuité de ce savoir-faire après la disparition des ateliers de Qallaline à Tunis.
Pour sa collection «Fall in Qallaline», Yelite rend hommage à ces artisans et célèbre cette tradition ancestrale, florilège de la céramique tunisienne, en ressuscitant et en réinterprétant de nombreux motifs encore visibles sur des monuments et objets historiques.

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