Le tourisme après le covid | Les lignes directrices de la reprise

Le tourisme tunisien souffre depuis des années, avant même l’avènement du Covid-19, de problèmes structurels chroniques qui n’ont pas permis à un grand nombre d’unités hôtelières de réaliser leur envolée.  Ces problèmes consistent notamment en l’endettement qui a dépassé les bornes.


Il s’est avéré que plusieurs hôteliers sont surendettés et sont devenus non éligibles auprès des banques et ne peuvent pas, par conséquent, contracter de nouveaux crédits. Ainsi, leurs unités hôtelières en dégradation continue — car les propriétaires ne peuvent plus effectuer les travaux d’aménagement et de rénovation d’usage — ne méritent pas la catégorie d’étoiles où elles sont classées. D’ailleurs, par le passé, le ministère du Tourisme avait organisé une campagne pour reclasser des unités hôtelières en supprimant des étoiles à celles qui ont connu une dégradation de leur infrastructure et une baisse de la qualité des prestations.

En fait, le classement des hôtels n’est pas lié uniquement à l’infrastructure mais aussi aux ressources humaines qui doivent savoir comment se comporter avec les clients de différentes nationalités, civilisations et cultures. La moindre faute peut causer la colère des clients et les inciter à quitter les lieux pour rentrer chez eux ou choisir un autre hôtel. Certains hôtels distribuent des formulaires à leur clients en fin de séjour pour exprimer leurs appréciations à propos de leur séjour et notifier au besoin les remarques et leurs critiques. Quant à l’évaluation de l’hôtel par les services du ministère du Tourisme, aucun élément n’est laissé pour compte et toutes les salles auxquelles les touristes ont accès sont examinées pour vérifier leur conformité avec les normes établies.

Le risque de la nouvelle saison

Avec le Covid-19, la situation du secteur touristique et des hôtels s’est encore aggravée, ce qui a obligé certains promoteurs à fermer  leurs unités mettant sur le marché des travailleurs au chômage technique, en attendant des jours meilleurs. Actuellement, tous les hôteliers se préparent à la prochaine haute saison qui devrait constituer le point de départ pour la relance d’un secteur qui a subi les affres de la pandémie. D’ailleurs, les secteurs du tourisme et du transport avec leurs différentes composantes sont considérés parmi les plus sinistrés de la crise. La haute saison en temps normal, constitue une occasion pour renflouer les caisses des hôtels. Mais, elles sont derrière nous les périodes fastes et on ne sait trop ce qui adviendra de la pandémie d’ici au mois de juin ou juillet prochain.

Tous les opérateurs économiques espèrent, en tout cas, que la pandémie du coronavirus soit éradiquée, notamment après l’arrivée des vaccins anti-Covid et la vaccination d’une grande partie de la population. Encore faut-il que les touristes des pays émetteurs et particulièrement d’Europe — notre plus grand partenaire — soient au rendez-vous et viennent nombreux profiter du soleil et de la mer du site tunisien. Sinon on risque  de revivre la même situation que celle de l’année dernière. Les hôteliers ne sont plus prêts à prendre des risques qui les enfoncent dans l’abîme.

En tout cas, les hôteliers sont appelés à effectuer des travaux d’usage comme l’aménagement et la modernisation des éléments, la formation et le recyclage du personnel et éventuellement l’acquisition de nouveaux équipements. Il est nécessaire que les promoteurs disposent des fonds nécessaires pour entamer ces travaux et être fin prêts d’ici au démarrage de la haute saison. Etant situés, pour la plupart, dans les zones côtières, les hôtels sont menacés par l’érosion et exigent donc des travaux supplémentaires pour les mettre à niveau.

Une nouvelle génération de touristes

Mais la modernisation du tourisme ne se limite pas uniquement à l’infrastructure. La diversification des produits et l’amélioration de la qualité des prestations sont aussi un élément important à prendre en compte d’autant plus que de nouvelles catégories de touristes ont fait leur apparition. Ainsi, on compte désormais les touristes séniors, les touristes jeunes, les touristes sportifs et écologiques qui ont leurs spécificités et besoins. Il est nécessaire de préparer les ingrédients qu’exige ce genre de touristes qui rapporte beaucoup. Le tourisme de congrès est également un créneau qui promet et qui n’est pas encore très exploité par nos hôteliers pour diverses raisons dont celle qui concerne le marketing.

Le tourisme de masse et balnéaire a montré ses limites et ne peut pas constituer une source inépuisable de devises. Il est impératif de cibler les touristes dépensiers qui sont en mesure de choisir un hébergement dans un hôtel de 4 ou 5 étoiles et peuvent acheter des produits d’artisanat et des tableaux et déjeuner ou dîner dans un restaurant touristique chic. Les unités hôtelières disposent certes de salles de conférences qui couvrent parfois une large superficie mais qui ne sont pas bien exploitées, notamment en cette période de crise sanitaire. Il faut penser, maintenant, à l’après Covid-19. C’est une occasion aussi de réfléchir avec la concertation de la profession sur les nouveaux circuits touristiques et le tourisme alternatif  et d’effectuer les aménagements qui s’imposent aux méandres de la médina, aux sites écologiques et historiques afin de susciter l’intérêt des touristes.

La diversification des produits touristiques a été citée à plusieurs occasions, mais au niveau de la pratique, les projets ne sont pas nombreux. Pourtant, cette diversification pourrait être source de drainage de touristes dépensiers de tous les pays. Un investissement colossal doit être consenti aussi bien par l’Etat que par le secteur privé pour concrétiser des projets entrant dans le cadre des différentes activités touristiques susceptibles d’intéresser les touristes après le Covid-19.

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