La liberté d’expression pour ceux qui ne savent pas l’évaluer à sa juste valeur évolue dans le sens contraire à son utilité, aux bonnes habitudes et à l’éthique. Les dérives et les dérapages sont en train de la pourrir. Quand on voit des scènes intolérables, comme celles qui ont eu lieu à El-Kamour, quand on entend des propos ignobles à l’encontre de l’armée nationale qui se voit ainsi mêlée à un conflit social et lorsque le siège du gouvernorat est envahi par des manifestants exigeant le départ du gouverneur, l’on se dit que c’est toute la raison d’être de la démocratie qui semble accuser le coup. Dénigrants et indignes, les propos de Tarak Haddad, coordinateur du sit-in El-Kamour, sont l’exemple type le plus flagrant de dérives et d’expressions les plus basses, les plus immorales.
Ils témoignent d’une culture et d’une éducation différentes. Une culture et une éducation qui oublient trop souvent la notion de respect et de l’échange.

Force est de reconnaître qu’un autre mode de protestation et de revendication est en train de naître. Celui qui accrédite l’image des contestataires défaillants, incontrôlables et quelque part aussi ingérables. Des contestataires qui abaissent même la vocation des manifestations et des sit-in par des actes dont le pays risque de ne pas se relever de sitôt. Notamment au prix des pertes et préjudices subis. Cela concerne essentiellement la production nationale de pétrole brut qui est tombée à 1.520 kilotonnes au cours de l’année 2020. Cette baisse est due, comme le confirme l’Observatoire national de l’énergie, à la fermeture par les manifestants de la vanne de pompage de pétrole à El-Kamour pendant la période du 16 juillet au 5 novembre 2020, qui a provoqué la régression ou l’arrêt de la production dans plusieurs champs du sud.

La crainte de la régression de la production de pétrole est plus que jamais avérée. Dans leur version actuelle et à travers les abus, les débordements et les dérapages, que certains membres de la Coordination El-Kamour ne cessent de cumuler, sont une véritable menace pour le pays.

Que seront les prochains jours de la Tunisie après la fermeture répétée des vannes de pompage de pétrole ? Quel impact du pétrole sur le budget de l’Etat ? On ne peut espérer grand-chose tant que beaucoup d’acteurs ne sont pas remis à leur place.
Le contexte actuel a, en effet, favorisé l’émergence d’hommes parachutés, qui n’ont pas le profil requis et a poussé au-devant de la scène certaines personnes qui n’auraient jamais dû être là où elles sont aujourd’hui.

L’embrasement à El-Kamour est fort préjudiciable. Il s’illustre encore une fois par l’incapacité à gérer les problèmes internes et les conflits sociaux. Les différentes parties prenantes ne doivent pas perdre de vue la dimension nationale que génère la production de pétrole. De même, les considérations matérielles et personnelles ne doivent pas être, non plus, une motivation pour tout remettre en cause.

Quelle instance, quelle autorité sont aujourd’hui capables de prévenir et de combattre les dérives et les dépassements sous toutes leurs formes ? La Tunisie aura besoin aujourd’hui des instances statuaires qui devraient être saisies des débordements et agir en conséquence, en appliquant la loi et en régulant la vocation et la marge de manœuvre de chaque partie. Le modèle actuel de gestion de crise est dépassé. Tout cela va largement autour du débat que l’on se fait sur les
droits, mais aussi sur les devoirs de chacun.

Un commentaire

  1. SMAOUI

    17/02/2021 à 12:15

    Ernest Renan disait déjà au milieu du XIXème siècle: Il faut éduquer un peuple puis lui donner le pouvoir.

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