Conjoncture nationale : Des secteurs à bout de souffle

La Banque centrale de Tunisie a publié, récemment, une note sur les évolutions économiques et monétaires qui fait ressortir que l’activité économique nationale a été marquée, durant l’année 2020, par une récession sans précédent en relation avec les retombées de la pandémie de la Covid-19.

La croissance du PIB, exprimée aux prix constants de 2010, s’est, tout d’abord, contractée de -2,8% en variation trimestrielle (en VT) au premier trimestre, en relation avec l’instauration des mesures strictes de confinement, au début de la dernière décade du mois de mars, et s’est enfoncée dans la récession, par la suite, au T2-2020, de -19% (en VT) en relation, notamment, avec le confinement total décrété au cours du second trimestre.

Après cette chute historique, le troisième trimestre était celui du rebond technique, avec un taux de croissance de +19,4% (en VT). Toutefois, les derniers indicateurs conjoncturels relatifs au quatrième trimestre laissent entrevoir un retour de la croissance en territoire négatif, avec la résurgence de la deuxième vague de l’épidémie. Cette rechute aurait été tirée, principalement, par la contre-performance du secteur agricole, des secteurs minier, chimique et de raffinage de pétrole, ainsi que de certains secteurs extravertis, à savoir  le tourisme, le transport et les industries du textile, habillement et cuir.

Hausse de la production arboricole

L’analyse de la croissance par secteur d’activité, sur l’ensemble de l’année 2020, montre que la baisse de la valeur ajoutée (VA) a été quasi-généralisée entre les principaux secteurs, à l’exception du secteur agricole. En effet, le secteur de l’agriculture et de la pêche aurait affiché une bonne performance, en 2020, attribuable, notamment, à la hausse de la production arboricole, principalement des oliviers et des palmiers dattiers.

La récolte des olives à huile a été exceptionnelle durant la saison 2019/2020 avec une production de 2.000 mille tonnes, en hausse de +185,7% par rapport à la campagne précédente (700 mille tonnes) et de +23,1% comparativement à la saison 2017/2018 (1.625 mille tonnes). De même, la récolte record des dattes a contribué positivement à la VA agricole, avec une production de 332 mille tonnes pour la saison 2019/2020, contre 288 mille tonnes la saison précédente et 305 mille tonnes, en 2018.

La contribution du secteur agricole au PIB global aurait été plus importante n’eût été la baisse de production céréalière, en 2020, par rapport à la campagne 2018/2019, soit 15,3 millions de quintaux contre 23,8 millions de quintaux (du côté du secteur des industries manufacturières, la VA aurait contribué négativement à la croissance du PIB en 2020, en relation, notamment, avec la dégradation de l’activité dans les principales branches exportatrices, à savoir les industries mécaniques et électriques (IME) et celles du textile, habillement et cuir (THC), à laquelle s’ajouteraient la contraction de l’activité au niveau des industries chimiques et celles des matériaux de construction, céramique et de verre.

En effet, la demande européenne manufacturière adressée aux secteurs des IME et du THC a été négativement affectée par la crise mondiale générée par la propagation de la Covid-19. Cette dernière a frappé de plein fouet la production industrielle dans le monde, en particulier chez les principaux partenaires commerciaux de la Tunisie, dans la zone Euro. Les volumes des exportations desdits secteurs ont chuté respectivement de -16,5% et -15,9% sur l’ensemble de l’année 2020.

Chute de la production de phosphate

L’activité des industries chimiques aurait tiré vers le bas la croissance de 2020, suite à la chute de la production de phosphate et aux fortes perturbations de transport de phosphate brut vers les usines du Groupe chimique au cours du second semestre de l’année, en raison de la multiplication des sit-in. Comparativement à l’année précédente, le transport ferroviaire du phosphate brut a baissé de -37% en 2020 (contre +4,2% en 2019).

Notons que ces évolutions défavorables ont été quelque peu atténuées par l’amélioration relative de l’activité dans les industries agroalimentaires et celles du raffinage de pétrole. En effet, le secteur de l’agroalimentaire a été soutenu  par une campagne oléicole exceptionnelle (400 mille tonnes d’huile d’olive au cours de la saison 2019/2020, contre 140 mille tonnes au cours de la saison précédente et 325 mille tonnes en 2018).Le volume des exportations de ladite branche s’est accru de +20,3% après avoir baissé de -16,6% en 2019. En effet, les quantités exportées d’huile d’olive ont augmenté en 2020, de +117,3% par rapport à l’année précédente, et de +62,9% par rapport à l’année 2018.  Les entreprises industrielles agroalimentaires ont poursuivi leur activité pendant la période de confinement total, afin d’assurer l’approvisionnement du pays en matière de produits alimentaires. Pour ce qui est de la branche du raffinage de pétrole, l’arrêt de l’activité de raffinerie au niveau de la Stir, sur la période allant du 6 janvier 2019 jusqu’au 26 novembre 2019, laisse présager un fort rebond technique de la VA en 2020. D’ailleurs, sur les onze premiers mois de 2020, la production a atteint 8,8 millions barils par jour en 2020, une reprise qui reflète principalement l’efficacité des programmes de soutien budgétaire et monétaire pour faire face à la crise sanitaire. Selon les contrats à terme, arrêtés au 12 janvier 2021, les prix du baril devraient se situer en moyenne à 52,9 dollars sur l’ensemble de l’année 2021 contre 41,72 dollars en moyenne l’année précédente.

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