AVEC sa démonstration de force marquée par des agressions multiples contre les journalistes, le mouvement Ennahdha cherche à intimider le Chef de l’Etat avec l’espoir ténu de le voir céder à l’appel de Rached Ghannouchi, président du parlement, pour une réunion à trois (Président de la République, Chef du gouvernement et président du Parlement). Alors que le «Cheikh», qui a galvanisé ses troupes, multipliait les appels au dialogue de sa tribune, prenant la rue à témoin, la réponse de Saïed est venue au milieu d’un champ à Menzel Mhiri (gouvernorat de Kairouan), lieu où sera érigée la nouvelle cité médicale des Aghlabides, un projet que le Chef de l’Etat supervise en personne. En effet, le Président de la République a affirmé qu’il restera fidèle à ses principes et à ses engagements envers le peuple et a réitéré sa ferme volonté de travailler avec la même détermination et la même force avec honnêteté. Ce qui veut dire que cette manifestation dont s’enorgueillit le «Cheikh» et pour laquelle il a mobilisé beaucoup d’argent non pas pour servir les Tunisiens mais pour  creuser davantage le lit de la division ne fera pas mouvoir l’attitude du Chef de l’Etat qui campe sur sa position et n’est pas prêt à troquer l’intérêt de la patrie contre des calculs partisans étriqués. Mais Saïed, grand maître dans l’art des messages acerbes et violents, n’a pas ménagé ses ennemis qui essayent de l’approcher et qu’il rebute. Empruntant à Abou Ettayeb Al Moutannabi sa diatribe contre Kafour el Ekhchidi, il a déclaré qu’il n’acceptera pas de recevoir quelqu’un qui n’a pas de valeur à ses yeux. «Ou sa valeur, car pour deux sous on le rejetterait ?», a-t-il asséné. Alors qu’on pensait que l’heure était à l’apaisement, voilà que de part et d’autre, les glaives sont tirés. La passe d’armes est loin de prendre fin et l’on s’inquiète davantage de l’issue de cette crise. Avec un Parlement paralysé et un gouvernement amputé des trois quarts de ses ministres, le pays est plombé et tous les moteurs de son économie sont grippés. Les agences de notation ne font que dégringoler le classement de notre pays et les bailleurs de fonds se réjouissent à l’idée de dicter leurs desiderata. Les régions s’agitent, la rue bouillonne et tous les ingrédients d’une rébellion sont réunis. Et même si on se voile la face et on veut faire croire que le peuple soutient le régime en place, en mobilisant des milliers d’adeptes dans la rue, le volcan s’est réveillé, il est en activité… Croisons les doigts.

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