MAINTENANT que l’irréparable que tout le monde craignait est advenu et que la violence verbale et physique qui régnait au palais du Bardo a bel et bien investi la rue, la question que l’on se pose avec insistance est de savoir si la Tunisie possède encore «les sages» qu’il faut pour sauver ce qui reste à sauver et si ces mêmes sages (s’il y en a) ont les moyens, la crédibilité et la possibilité d’avoir l’oreille et le pouvoir de se faire écouter par ceux qui «gèrent» à leur façon la crise qui oppose Carthage au Bardo et à La Kasbah et qui met en confrontation quasi quotidiennement les parties qui ont choisi la rue pour régler leurs comptes.

Autrement dit, les Tunisiens peuvent-ils attendre que le fâcheux précédent «historique» qui s’est produit à l’avenue Kheireddine-Pacha à Tunis ne se répétera plus à l’avenir grâce précisément à la sagesse, à la hauteur de vue et à la capacité de contenir les conflits quelle que soit leur accuité dont pourront témoigner «les pompiers des grands incendies» qui se proposent à chaque confrontation comme les réconciliateurs pouvant rapprocher les points de vue quelle que soit leur discordance, amener les belligérants à accepter les solutions consensuelles et imposer le dialogue et rien que le dialogue comme mécanisme unique et exclusif pour résoudre les problèmes et atténuer les tensions ?

Certes, beaucoup parmi les Tunisiens qui suivent les développements marquant, à un rythme quotidien, la scène politique et sociale ont déchanté et n’hésitent pas à exprimer, à chaque opportunité qui leur est offerte, qu’ils n’ont plus confiance en la capacité de la classe politique actuelle, que ses représentants soient au pouvoir ou dans l’opposition parlementaire ou également celles n’ayant pas de sièges au Parlement, à sauver le pays de la crise plurielle dans laquelle il se morfond même en recourant au «fameux dialogue national» auquel tout éventuel participant (au cas où il se tiendrait) colle l’étiquette qui lui convient et lui définit les conditions qui servent ses propres intérêts et agendas.

Il reste tout de même un sentiment général et une conviction commune dont l’histoire contemporaine témoigne du bien-fondé, sentiment et conviction selon lesquels les Tunisiens ont triomphé des conflits, des guéguerres et des tensions qui les ont opposés à travers leur histoire grâce bel et bien  à cette valeur cardinale dont l’importance n’a pas de  prix, à savoir le dialogue continu doublé de la compréhension mutuelle et de l’acceptation de  la diversité, richesse numéro un des Tunisiens.

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