Deux événements ont marqué l’actualité ce week-end et ont mis en effervescence les réseaux sociaux. Le premier nous vient de l’étranger et a rebombé le torse d’un pays ébranlé avec l’annonce du comédien Sami Bouajila en tant que gagnant du César du meilleur acteur. Une première qui fait parler de notre pays positivement et focalise les feux des projecteurs des médias internationaux. Le second est un incident grave qui a coûté la vie à plusieurs travailleurs après l’explosion d’une citerne d’asphalte dans une usine à Gabès. Est-ce un hasard que ce qui se passe dans le pays est toujours funeste ? Sûrement non. En effet, notre fatalité est de nous réveiller chaque jour avec un nouveau mal de crâne puisque l’actualité dans le pays n’est ponctuée, depuis quelques années, que d’incidents les uns plus déprimants que les autres. Nous savons les raisons qui font que nous broyons du noir à longueur de journée. En effet, chaque incident malheureux ne fait que révéler davantage le laisser-aller dans des secteurs à haute prévalence meurtrière qui touchent souvent une population jeune et défavorisée, qui se laisse enrôler dans des emplois à risques sans expérience et sans aucune mesure sécuritaire. Qu’il s’agisse de femmes rurales qui succombent dans des accidents de la route car elles sont transportées dans des véhicules non adaptés au transport des ouvriers agricoles ou des employés de chantiers de travaux publics ou dans des usines industrielles, engendrant des polytraumatismes souvent mortels, l’absence de contrôle est toujours pointée du doigt. Certes, après la frénésie des enquêtes qui seront déclenchées après chaque sinistre et dont on ne connaîtra jamais l’issue, on a tendance à oublier rapidement les causes ayant entraîné de tels drames. En effet, une action préventive, multidisciplinaire, faisant intervenir tous les partenaires, à savoir employeurs, employés, médecins du travail, organisme assureur et législateur, ne sera jamais mise en œuvre pour éviter la répétition de tels incidents. L’administration replongera, aussitôt l’accident oublié, dans un sommeil léthargique et d’autres ouvriers seront embauchés pour servir dans les mêmes conditions dans l’univers cruel d’un travail dur et comportant des risques potentiels. Il suffit de mesurer la récurrence des accidents survenus dans des usines ou des sites de production relevant d’opérateurs étrangers et de les comparer avec ceux qui surviennent dans des usines appartenant à des acteurs économiques tunisiens pour comprendre l’absence de mesures sécuritaires pouvant conduire à la mort d’employés dans les chantiers ou dans les usines. En effet, la sécurité n’est pas seulement une procédure qu’on consigne dans un manuel que personne ne prendra la peine de lire ou dans des équipements qu’on met à la disposition des ouvriers sans leur expliquer la nécessité de les utiliser mais qu’on oblige à s’en servir pour parader avec lors des visites d’inspection ou d’invitation d’officiels. Mais c’est une culture d’entreprise qui est à la charge du premier responsable qui a le devoir de veiller à la préservation de la vie de ses employés. Et même si on continue à jouer la comédie en matière de sécurité professionnelle en Tunisie, il faut savoir que si un acteur comme Sami Bouagila a remporté le César du meilleur comédien, il y a des doublures et des cascadeurs bien entraînes qui endossent les rôles à hauts risques, dans les films où il joue. Car on ne badine pas avec la sécurité, même dans les fictions. 

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