Othman Jerandi, ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des tunisiens à l’étranger, a la presse : « La Tunisie n’a jamais été absente de la scène libyenne »

En marge de la visite officielle du Président de la République, Kaïs Saïed, effectuée mercredi dernier  en Libye qui s’inscrit dans le cadre du soutien de la Tunisie au processus démocratique dans ce pays frère, La Presse a rencontré Othman Jerandi, ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, qui a souligné la volonté commune d’établir de nouvelles traditions de coordination et de concertation entre les dirigeants des deux pays et de concevoir de nouvelles visions qui consolideront le processus de coopération distinguée existant entre la Tunisie et la Libye et jetteront les fondements réels d’une solidarité globale répondant aux aspirations légitimes des deux peuples frères pour la stabilité et le développement.


Dans quel cadre s’inscrit cette visite en Libye ?

Cette visite s’inscrit dans le cadre de la solidarité avec ce pays frère. Elle renoue avec le sentiment de soutien et de solidarité entre les deux pays. Depuis la nuit des temps, la Tunisie, du fait de son voisinage avec la Libye, entretient des liens familiaux qui unissent les deux peuples. Elle a toujours été solidaire avec la Libye et suit avec beaucoup d’attention ce qui s’y passe et à chaque fois que l’occasion se présente, la Tunisie n’hésite pas à venir à la rescousse de ce pays frère.

Comment et par quels moyens ?   

Vous savez très bien que la Tunisie était récemment membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies et chaque fois que la question libyenne était évoquée, elle était le porte-parole de la Libye et est parvenue à plusieurs occasions à faire entendre la voix de ce pays dans le concert des nations et à faire voter plusieurs résolutions onusiennes. Cela dit, on était en coordination permanente avec nos frères libyens sur ce qu’on devait dire en leur nom pour faire valoir les intérêts libyens.

Comment jugez-vous le résultat de cette visite ?

Pour qualifier l’issue de cette visite et pour reprendre les propos du Président de la République et ceux du président du Conseil présidentiel libyen, une nouvelle page sera ouverte dans nos relations pour de nouveaux rapports établis sur la coopération, le développement solidaire, la communication entre les deux peuples et entre les institutions des deux pays ainsi que pour l’établissement de nouveaux mécanismes de la coopération bilatérale à travers une révision des conventions ratifiées par les deux pays, en vue de les développer et les adapter aux exigences imposées par les nouveaux défis auxquels font face nos deux pays en termes de développement et dans tous les secteurs, notamment tout ce qui interpelle les deux pays comme questions économiques et commerciales ou en matière d’investissement. Mais il y a aussi des échéances sous-régionales et internationales sur lesquelles les deux pays sont convenus de se mobiliser pour avoir des positions communes face aux questions qui se poseront à l‘échelle maghrébine, arabe, africaine et internationale, surtout qu’avec la Covid, on a vu que le monde a changé et que nous devons aussi changer en fonction des nouveaux développements car il y a de nouveaux défis, et on n’a pas d’autres choix que de les affronter unis car nous avons des traits communs qui nous exhortent à agir ensemble afin de prospecter les horizons avec des réponses futuristes.

Avez-vous défini les contours de ces réponses ?

Cette rencontre est la première en son genre au sommet et on n’a pas abordé en détail des sous-questions. Les résultats de cette rencontre feront l’objet de plus de réflexion dans l’avenir proche à travers les rencontres sectorielles où les différentes questions seront abordées avec plus de précisions techniques pour chercher les solutions consensuelles qui servent les intérêts des deux pays, consolideront les rapports et ouvriront de nouveaux horizons. Cette visite n’est pas une visite de travail mais une visite à consonance politique pour exprimer de grandes positions politiques et souligner l’importance des relations entre les deux pays de même que pour scruter de nouveaux horizons avec une vision commune et solidaire en vue d’être au rendez-vous avec les nouveaux challenges.

Comment expliquez-vous le retard pris pour organiser de telles visites de haut niveau ?

La Tunisie n’a jamais été absente de la scène libyenne mais le contexte dans ce pays ne permettait pas une visite à ce niveau depuis 2011. C’est vrai, c’est la première visite d’un chef d’Etat arabe en Libye et son aspect historique est très important et porte un grand message qui prouve qu’entre la Tunisie et la Libye, les liens sont historiques mais qui lorgne aussi un avenir prometteur.  Et c’est la plus grande expression de cette visite. Comme je l’ai mentionné auparavant, le contexte n’était pas propice mais le contact était permanent avec les différentes parties libyennes et les Libyens eux-mêmes se rendaient en Tunisie pour organiser des réunions importantes en toute liberté avec l’aide qui a toujours été fournie même pendant les plus grandes crises. Ils venaient ici pour se réunir et dialoguer entre eux sans ingérence aucune de la Tunisie dont la position exprimée s’illustre à travers une impartialité totale. Il ne faut pas non plus oublier que la réunion entre les différentes parties libyennes  a été une dernière étape dans le processus de Berlin et avant le sommet de Genève qui a débouché sur le nouveau processus et la nouvelle feuille de route pour stabiliser les institutions du nouvel Etat libyen et y instaurer la démocratie ainsi que pour soutenir le parachèvement des nouvelles échéances politiques dans ce pays afin que la Libye devienne de façon définitive le voisin démocratique qui va participer à son tour à l’établissement de la stabilité et de la paix dans la région et par conséquent y relancer le développement solidaire.

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