Dr Oula Amrouni, Universitaire et chercheuse à l’Institut National des Sciences et Technologies de la Mer : Les menaces qui pèsent sur l’archipel

Les îles et les archipels en Tunisie risquent d’être submergés par les eaux suite à l’élévation du niveau de l’eau de mer au cours des années à venir. Dr Oula Amrouni, universitaire et chercheuse à l’Institut national des sciences et technologies de la mer, et coordinatrice régionale du programme Medfriend-Unesco, nous donne plus de précisions à ce sujet. Entretien.

Quelles sont les menaces qui pèsent sur le littoral tunisien ?

Le littoral tunisien, qui s’étend sur 1.733 km, dont 579 km de plages sablonneuses et le long des 444 km autour des îles et longeant les zones humides (lagunes, sebkhas, etc.), est sous la menace de la surexploitation de ses ressources naturelles de sable. Les constructions anarchiques, bâties sur les dunes côtières et très proches du rivage déstabilisent l’équilibre du littoral.
Les barrages constituent un obstacle qui bloque l’alimentation des plages en sables via les oueds.  Les digues portuaires et les aménagements maritimes réduisent les apports qui proviennent de la mer (coquillages, sable, etc.). L’élévation du niveau marin, ainsi que les effets du changement climatique constituent aussi une menace naturelle pour le littoral, devenu de moins en moins résistant aux aléas naturels. L’urbanisation intense et croissante sur le littoral a engendré une très haute vulnérabilité côtière (soit 71% des plages tunisiennes) aux submersions marines qui sont corrélées avec la détérioration de la qualité des nappes côtières, de la sécurité alimentaire, compromettant ainsi la qualité de la vie locale et menant à une augmentation du taux de migration humaine. Au cours de la période de suivi de 2000 à 2016, les taux de migration humaine de ces zones côtières vulnérables montrent une augmentation de 0.5 million de migrants, soit une augmentation de 62% en Tunisie.

Les changements climatiques risquent-ils de faire disparaître certaines îles et archipels ?

Les effets des changements climatiques, comme l’élévation du niveau de la mer, sont un facteur de risque de submersion marine des zones basses, comme certaines îles, archipels et  zones deltaïques  (Medjerdah, le Nil….) qui sont des zones basses par rapport au niveau actuel de le mer.

Comment peut-on développer l’économie bleue ?

Pour répondre aux besoins de la nouvelle stratégie de gestion intégrée des zones côtières de mettre les ressources marines et côtières au service de l’économie bleue, il faudra, d’abord, préserver ces ressources aquatiques. La dégradation des écosystèmes côtiers mènera à leur pénurie et leur disparition à moyen terme.  L’érosion alarmante des plages sablonneuses tunisiennes a contribué à la salinisation des nappes côtières avec un taux de salinité supérieur à 8g/l. Les terres agricoles, jadis productrices de produits bio locaux, sont remplacées par des zones bâties, ou par des terres salines stériles sans aucune valeur économique. Une bonne économie bleue sera assurée grâce à l’instauration d’une stratégie et une planification spatiale qui préserveront l’environnement côtier à court et à long terme.

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