Transplantation d’organes : Une activité au ralenti

La transplantation d’organes et de tissus ne s’est pas interrompue. Au contraire, elle se poursuit actuellement, mais à un rythme toujours insuffisant par rapport aux besoins des malades qui souffrent d’insuffisance clinique.

Le Centre national pour la promotion de la transplantation d’organes (Cnpto), sis à Tunis, a organisé, samedi dernier à la Faculté de Médecine de Sousse, une journée de sensibilisation au don d’organes, placée sous l’égide du ministère de la Santé et en collaboration avec la Direction régionale de santé de Sousse.

Ont pris part à cette journée le personnel médical, paramédical et administratif des CHU Farhat-Hached et Sahloul de Sousse, les associations impliquées dans la transplantation d’organes dont «l’Associamed» de Sousse (association des étudiants en médecine), l’Association tunisienne des coordinateurs au don et à la transplantation d’organes (Atcdto), ainsi que d’autres associations impliquées dans la transplantation d’organes.

Au cours de cette journée, des conférences thématiques ont été données par les professionnels impliqués dans cette activité, dont on cite «L’état des lieux de la transplantation d’organes et de tissus en Tunisie» du Dr Zannad Boutheïna — médecin coordinatrice nationale, responsable de la sensibilisation au sein du Cnpto — , «L’aspect juridique de l’activité du prélèvement de la transplantation d’organes et de tissus en Tunisie», du Dr Mohamed Ben Dhiab—médecin légiste à Sousse —, «La mort encéphalique», du Dr Imed Chouchène — professeur agrégé en réanimation médicale —  «L’islam et le don d’organes» du Dr Brahim Chaïbi— spécialiste en sciences religieuses—.

Promotion de la  transplantation d’organes

Au cours de son intervention introductive sur «La promotion des dons et de la transplantation d’organes», le Pr Taïeb Ben Abdallah —directeur général du Cnpto, spécialiste en anesthésie-réanimation, ex-chef du service de médecine interne et de néphrologie à l’hôpital Charles-Nicolle de Tunis—, a indiqué qu’il faut promouvoir le don et la transplantation d’organes dans le pays.

Pour cela, il faut établir une stratégie visant à accroître le nombre de transplantations tout en respectant le cadre législatif, la transparence et l’équité en matière de répartition des organes ainsi que les règles de bonne pratique. C’est pourquoi le Cnpto a été créé en application de la loi 95-49 du 12 juin 1995 et que les activités de ce centre ont démarré en janvier 1998. Il a, par ailleurs, cité les missions essentielles du Cnpto dont la proposition des modalités pratiques de prélèvement, de conservation, de transport et de transplantation des organes humains, la promotion du don d’organes par l’organisation d’une campagne nationale de sensibilisation au don d’organes à travers des journées d’information et de sensibilisation qui sont organisées actuellement dans les 24 gouvernorats du pays, la tenue d’un registre central sur lequel sont inscrits les patients qui nécessitent une transplantation d’organes, l’attribution de greffes aux personnes dont l’état de santé l’exige selon des critères bien établis…

 Il a mentionné que, selon la loi 91-22 du 22 mars 1991, le prélèvement et les greffes d’organes ne peuvent être effectués que dans les établissements publics autorisés à cette fin par arrêté du ministère de la Santé. Il a remarqué que malgré l’augmentation des transplantations rénales à partir de donneurs vivants, les besoins sont loin d’être couverts et la priorité reste pour la promotion des donneurs en état de mort encéphalique. Il a remarqué que la pandémie Covid-19 a eu un impact négatif sur la transplantation d’organes et espère qu’avec la vaccination contre le Covid-19, il y aura une amélioration de cette activité.

Il est rare de voir la mention de donneur sur la carte d’identité

Au cours de sa conférence portant sur «L’état des lieux de la transplantation d’organes en Tunisie», le Dr Zannad Boutheïna a indiqué que cette activité ne date pas d’aujourd’hui. En effet, et dès 1948, la 1ère greffe de la cornée a eu lieu en Tunisie par feu Hédi Raïs, professeur ophtalmologue.

En 1986, la 1ère transplantation rénale a été effectuée par l’équipe de l’hôpital Charles-Nicolle. En 1993, la 1ère transplantation cardiaque a été réalisée par l’équipe de l’hôpital militaire de Tunis. En 1998 a eu lieu la 1ère transplantation hépatique par l’équipe de l’hôpital Sahloul de Sousse ainsi que la 1ère greffe de moelle osseuse au Centre national de greffe de moelle osseuse de Tunis. En 2013 a eu lieu la 1ère transplantation des poumons par l’équipe de l’hôpital Abderrahmen-Mami de l’Ariana.  Enfin, en 2017 a eu lieu la 1ère transplantation du foie pédiatrique par l’équipe du CHU Fattouma-Bourguiba de Monastir. Elle a ajouté que la transplantation d’organes et de tissus ne s’est pas interrompue. Au contraire, elle se poursuit actuellement, mais à un rythme toujours insuffisant par rapport aux besoins des malades qui souffrent d’insuffisance clinique. En effet, et pour l’insuffisance rénale, on compte actuellement plus de 11.000 malades dialysés, dont 20 à 30% nécessitent une transplantation rénale. « Seulement, a-t-elle poursuivi, 1.644 dialysés sont inscrits sur la liste d’attente nationale. Au total, nous avons enregistré, jusqu’au 31 décembre 2020, pas moins de 2.031 transplantés rénaux, dont 377 à partir de donneurs cadavériques et 1654 à partir de donneurs vivants. S’agissant de l’insuffisance hépatique, on a enregistré actuellement 56 transplantations hépatiques adultes et 13 transplantations de foie pédiatrique. En outre, Quant à l’insuffisance cardiaque, une à trois transplantations de cœur  ont été réalisées ».

Cependant, elle a remarqué que dès avril 2019, il y a eu une amélioration des transplantations cardiaques par l’équipe du service de chirurgie cardiovasculaire de l’hôpital Rabta de Tunis avec un total de 9 transplantations cardiaques enregistrées jusqu’à ce jour. Cependant, elle a remarqué que dès l’apparition de la pandémie Covid-19, il y a eu une chute de l’activité de la transplantation du cœur avec une transplantation en 2020 et une autre en 2021. De son côté, le professeur agrégé, Imed Chouchène, a donné une conférence sur «La mort encéphalique».  Cette mort est diagnostiquée cliniquement et confirmée par des examens paracliniques. Il a insisté que le déroulement du prélèvement d’organes à partir d’un sujet en état de mort encéphalique est une activité urgente limitée dans le temps et qui ne doit pas dépasser quelques heures à partir de la confirmation de la mort encéphalique. Ainsi, il s’avère qu’aujourd’hui quelques obstacles freinent le don d’organes (méconnaissance des familles pour la position du défunt pour le don de ses organes, sous-déclaration des sujets en état de mort encéphalique…).

Par conséquent, il faut inciter davantage les citoyens à prendre une décision en faveur du don d’organes et cela en inscrivant la mention de donneur sur leur carte d’identité nationale.

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