DEGRADATION SANITAIRE: Une communication opaque, une stratégie à réviser

Les chiffres qui ne trompent pas et les informations puisées aux bonnes sources et provenant donc de milieux autorisés sont porteurs de nouvelles peu reluisantes : le nombre de morts a dépassé le cap des neuf mille.

Le pays replonge dans une incertitude stressante et surtout qui risque de détériorer encore davantage le pouvoir d’achat et la relance des affaires. Le nombre de Tunisiens qui se sont inscrits sur la plateforme EVAX a certes progressé, mais ne permettra pas de mettre à l’abri la majorité des citoyens, tout en offrant des garanties pour réussir une bonne saison touristique.

Et ce n’est pas les visites que l’on effectue ici ou là qui vont   changer les choses.

Les hôpitaux sont à la limite de leurs possibilités d’accueil. Ils sont de ce fait sous tension face à la dégradation sanitaire. Pour toutes les parties prenantes, nous sommes bien arrivés «à la ligne de danger».

Si nous prenons en considération ces seuls éléments, élémentaires en fait, nous ne sommes pas sortis du bout du tunnel. La preuve, ces décisions qui visent à redimensionner le périmètre d’évolution de ces milieux artistiques, commerciaux, sportifs, culturels et autres dont a besoin la Tunisie pour se relancer.

Convaincre les «vaccinosceptiques»

Pour dire les mots assez crûment, il faudrait à notre sens arrêter de considérer que le problème est seulement une question administrative et que le fait d’avoir mis en place une plateforme d’inscription pour se faire inoculer le vaccin est suffisant.

Des centaines, sinon des millions de «vaccinosceptiques» sont à convaincre. En dépit de ce danger qui guette, une bonne partie de Tunisiennes et Tunisiens hésitent ou ne veulent pas entendre parler de vaccin.

Il est vrai qu’à la lecture de ces élucubrations que l’on découvre à longueur de journée sur les réseaux sociaux, il y a de quoi avoir peur.

Il faudrait revenir aux conseils de ceux qui savent de quoi ils parlent et qui possèdent cette honnêteté morale qui est devenue une de ces qualités les moins partagées du monde, pour se laisser convaincre et « aller se protéger et protéger son pays ».

Indépendamment de ce fort contingent de sceptiques, il y a des centaines de milliers de personnes qui sont coupées, ignorées de Dieu et du monde un peu partout sur tout le territoire. Il faudrait aller à leur rencontre et les prendre en charge.

En France, où la situation est aussi catastrophique que chez nous, on a décidé de prendre un certain nombre de décisions qui pourraient accélérer le contrôle de la pandémie.

La Tunisie profonde, rurale, celle des exclus

C’est ainsi que la vaccination sera effectuée à domicile pour ceux qui ne sont pas en mesure de se déplacer pour une raison ou une autre. On compte sur les infirmiers pour  administrer le vaccin à ces personnes, le plus souvent fragiles, délaissées par leurs familles, inconscientes du danger qui les guette, parce que tout simplement elles constituent pour eux-mêmes et pour ceux qui les entourent des sources de contamination qu’il faudrait maîtriser.

La Tunisie profonde, rurale, celle des exclus du numérique et des populations isolées ont besoin de cet effort à faire pour les protéger. Nous voyons bien que là, la plateforme est en rien opérationnelle et que la constitution d’équipes mobiles est nécessaire.

-L’assurance maladie se charge de téléphoner à tous les plus de 75 ans non-vaccinés pour les inciter à se faire inoculer le vaccin. La Cnam et la Cnss devraient se charger de ce travail.

-Les médecins et les pharmaciens ont été mobilisés pour alléger la charge des centres de vaccination. Qu’est-ce qui empêche ces deux corps de métier à prendre leur part dans cet effort national ?

De quoi a-t-on peur en tenant visiblement à garder un contrôle complet sur cette question de vaccination?

Au niveau des citoyens, il faudrait être fou à lier pour aller se faire vacciner deux fois. Le danger n’est donc pas là.

Il pourrait l’être au niveau de la manipulation et des passe-droits ou d’un éventuel redéploiement du vaccin vers d’autres destinations. Des médecins et des pharmaciens ont été, certes, accusés de trafics de médicaments livrés frauduleusement à des pays voisins, mais il ne faudrait pas généraliser. Ces corps de métier sont constitués d’une écrasante majorité de femmes et d’hommes honnêtes, consciencieux, au-dessus de tout soupçon.

De toutes les façons, en mobilisant ceux qui administrent tous les ans le «vacci-grippe», nous aurions gagné beaucoup de temps et touché une très forte population.

Un nouveau plan d’action

Comme dans toutes les guerres, la stratégie de départ est reconsidérée, réajustée, remaniée en fonction de l’évolution des lignes de défense de l’ennemi sur le terrain. Le virus est en train d’évoluer, de se propager dans des endroits que l’on croyait à l’abri ou soulagé.

On ne peut en venir à bout avec les seules conférences et points de presse et une plateforme qui a montré ses limites. Dans bien des pays, les tranches d’âge évoluent et on commence à reconsidérer les chiffres et à réévaluer le danger.

Ce sera bientôt la même chose chez nous.

Il faudrait donc changer de politique sans se renier, sans complexes vis-à-vis de l’appartenance politique de ceux que l’on pourrait mobiliser, en faisant appel à une équipe de choc(celle qui a pris en main la situation en tout début de pandémie par exemple) pour relancer la machine avec de nouveaux moyens, des femmes et des hommes frais mais sachant où aller.

Bouger !

Des points de vaccination dans les supermarchés, à la maison de la culture, dans les locaux des municipalités, les chefs-lieux des gouvernorats, dans les hôtels les week-ends, etc. pourraient faire œuvre utile.

Des milliers de gens circulent dans ces lieux et l’on pourrait aller au-devant d’eux pour gagner du temps.

Parce que sans un changement de politique, sans un nouveau plan d’action axé sur la mobilité, nous risquons de ne jamais atteindre nos objectifs. Il ne faudrait pas raconter des histoires et faire des promesses que l’on ne pourra jamais tenir.

Et sans ces objectifs atteints, nous ne pourrions en aucun cas être suffisamment crédibles pour relancer notre tourisme, redynamiser notre économie et enfin redonner espoir aux Tunisiens qui vivent au quotidien et qui ont besoin de mobilité pour sortir la tête de l’eau.

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