Détérioration de la situation et risques face aux souches mutantes : N’est-il pas temps de changer de stratégie ?

Les médecins et spécialistes sont unanimes. La Tunisie connaît le pire moment de la pandémie, alors que la situation risque de s’aggraver davantage. Le nouveau variant britannique du coronavirus, qui s’est introduit ces dernières semaines dans le pays, serait la principale cause de cette rechute. 

Seulement, pour le 19 avril, sur 7.451 tests, 2.169 nouvelles contaminations par le coronavirus ont été enregistrées soit un taux de positivité de 29%. Au même jour, 93 décès supplémentaires ont été recensés portant le bilan à 9.918 morts du coronavirus sur un total de 289.230 cas confirmés d’infection au coronavirus en Tunisie depuis le début de la pandémie en mars 2020. En date du 19 avril, 2.472 malades atteints de la Covid-19 étaient hospitalisés dont 483 admis en soins intensifs et 149 placés sous respirateur artificiel, et ce, dans les secteurs public et privé. Le ministère de la Santé fait également état de 176 nouvelles hospitalisations en 24h.

Le ministre de la Santé, Faouzi Mehdi, a dans ce sens pointé du doigt un relâchement total au niveau de l’application des mesures préventives contre le coronavirus, faisant état d’une situation extrêmement grave en Tunisie. Cependant, il a assuré que son département déploie tous les efforts pour renforcer la capacité du système hospitalier, notamment en matière de lits de réanimation et de sources d’oxygène.

Faouzi Mehdi a également tiré la sonnette d’alarme quant aux risques d’introduction du variant sud-africain du coronavirus. Affirmant que ce nouveau variant se propage rapidement en Libye, il a noté que la Tunisie a multiplié les tests de dépistage au niveau des frontières terrestres pour éviter l’introduction de ce nouveau mutant.

Si jusque-là la stratégie nationale de lutte contre le coronavirus n’a pas donné de résultats compte tenu de la nette dégradation de la situation en Tunisie, la stratégie nationale de lutte contre la pandémie commence à poser problème. Dans ce sens, Dr Maher Abbassi, spécialiste en réanimation, estime qu’il est temps de changer de stratégie face au virus. Contacté par La Presse, il explique, en effet, que le nouveau variant britannique qui se propage rapidement en Tunisie nécessite forcément de nouvelles armes et une nouvelle stratégie pour éviter le pire.

Selon ses dires, «la stratégie nationale doit plutôt se concentrer sur la campagne de vaccination, car opter pour la sensibilisation, la prévention et les mesures barrières s’avère une vaine démarche».

Dr Abbassi a, dans ce sens, appelé les autorités à multiplier les efforts pour accélérer le rythme de la vaccination au vu des risques des virus mutants. «Nous devons augmenter considérablement le nombre des personnes vaccinées quotidiennement, nous devons forcément faire réussir cette campagne», a-t-il insisté, appelant le gouvernement à conclure de nouveaux accords pour acquérir des lots supplémentaires de vaccins.

Au fait, le changement de stratégie face au coronavirus a été évoqué par plusieurs spécialistes. On affirme que la Tunisie doit en effet se pencher sur la vaccination des citoyens et sur le renforcement des capacités en lits de réanimation tant que la propagation du coronavirus est généralisée avec la multiplication des clusters.

Le ministère de la Santé a annoncé que le nombre total de citoyens vaccinés contre le coronavirus est passé à 239.398 personnes. Pour la journée du lundi 19 avril 2021, 13.498 personnes ont été vaccinées, alors que 41.961 ont reçu la deuxième dose du vaccin.

Selon les données publiées mardi 20 avril, au 38e jour de la campagne nationale de vaccination, le nombre de personnes inscrites sur la plateforme Evax est passé à 1.184.221 personnes.

La fermeture des frontières évoquée

Face aux risques d’introduction des nouveaux variants du coronavirus, plusieurs voix se sont élevées pour appeler à la fermeture des frontières. La porte-parole officielle de la commission scientifique de lutte contre le coronavirus, Dr Jalila Ben Khelil, a déclaré que le renforcement des contrôles aux frontières terrestres et aériennes est devenu une question prioritaire. Elle a ajouté que l’option de fermeture des frontières est possible et sera appliquée si la situation l’exige, en particulier à la lumière de la propagation des souches mutées.

Dr Ben Khelil explique que la Libye, par exemple, connaît une propagation de la souche sud-africaine du coronavirus, ce qui nécessite selon elle un plus grand contrôle des frontières.

Sauf que selon le ministre de la Santé, pour le moment la question de la fermeture des frontières n’est pas d’actualité, mais, note-t-il, des décisions ont été prises pour renforcer le contrôle au niveau des frontières du pays.

 

Photo : Abdelfattah BELAÏD

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