« Andaladino », spectacle musical de Mariem Azizi à l’Agora : Métissage musical

Pendant tout le mois saint, une musique enivrante, souvent dansante et traditionnelle envahit les 4 coins du pays. Ce spectacle musical casse totalement avec ce qu’on nous sert d’habitude. Le live de Mariem Azizi est une évasion sonore teintée de spiritualité, venue d’ailleurs, et riche historiquement : « Andaladino » est un répertoire qui rend hommage à un patrimoine musical ladino et à une musique andalouse. Ces airs ont voyagé géographiquement et historiquement puisqu’ils nous viennent de l’Espagne médiévale, une terre autrefois riche de ses cohabitations interreligieuses. Ce peuple autrefois très porté sur la spiritualité célébrait la musique : ses chansons en arabe et en ladino ont fleuri au gré du temps jusqu’à atteindre la Méditerranée, spécialement le Grand Maghreb : une terre qui les a accueillis après leur exil. Ce peuple andalou a été déraciné de ses terres d’origine.
Leur musique s’est mélangée au malouf tunisien qui est originaire de l’école de Séville. Des suites de ces mouvements géographiques, une fusion musicale issue de ces deux rives méditerranéennes était donc née et Mariem Azizi a tenu, de nos jours, à perpétuer ce patrimoine musical fascinant. Les morceaux qu’elle a enchaînés ont oscillé entre Mouachah et Ladino, le tout fortement riche en malouf tunisien. Du baume pour les oreilles. Mariem Azizi définit le ladino comme une musique originaire de l’Espagne forcément, qui a voyagé jusqu’en Grèce, en Turquie et en Bulgarie. Il contient des gammes arabes. Et c’est aussi du « vieux castillons » que l’artiste maîtrise bien. De nos jours, cette langue a disparu mais est restée profondément ancrée dans le répertoire musical. Le ladino en Europe est chanté en lyrique, Azizi et ses musiciens y ont ajouté une touche orientale. Le Guest Star Habib Samandi a joué aux côtés d’Anouar Braham et de Saber Rebai et a passé 15 ans à Vienne où il a fait ses preuves avec des pointures mondiales. Ali Mourali, le clarinettiste, évolue au sein de l’Orchestre Symphonique de Makni. Il joue aussi du Klezmer. Amine Saâdouni est bassiste. Mariem Azizi est auteur compositrice, luthiste et chanteuse. L’ambassadeur d’Espagne, le directeur de l’Institut Cervantes de Tunis, Madame le consul d’Argentine Carolina Mamani et Karim ben Becheur, directeur général pour l’Afrique au MAE, étaient présents.
H.H.

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