Huile végétale conventionnée: Une pénurie récurrente

Sujet à controverse, l’approvisionnement des circuits officiels de distribution en huile subventionnée risque un jour d’être définitivement suspendu…


Destinée, au début, aux catégories défavorisées afin de pallier  la cherté des autres variétés d’huile commercialisées sur le marché, l’huile subventionnée continue à attiser la convoitise des spéculateurs qui en prennent à chaque fois le contrôle, l’achètent au plus bas prix et la détournent des circuits de distribution officiels pour, ensuite, la revendre aux plus offrants. Ce sont les restaurants, les boulangeries-pâtisseries et les fast-foods qui en tirent le plus grand profit au détriment des catégories sociales auxquelles elle est initialement destinée. Même s’ils l’achètent au double de son prix, cette denrée qu’ils utilisent dans la majorité des produits qu’ils vendent, est rapidement amortissable et leur permet de réaliser des économies sur le coût de production.

Perturbations des circuits

d’approvisionnement et de distribution

Le ministère du Commerce a pourtant veillé à ce que les commerces et les points de vente des produits alimentaires soient approvisionnés en quantités  suffisantes d’huile subventionnée, en procédant à une répartition équitable par quotas. Mais le tour de force des spéculateurs, conforté par  les perturbations périodiques qui entravent les circuits d’approvisionnement — et qui sont principalement dues aux  difficultés rencontrées par le ministère du commerce pour acquérir en vrac les quantités d’huile réparties sur les usines de conditionnement suivant des quotas bien précis —, impactent sur la traçabilité de ce produit et sur le bon fonctionnement de tous les maillons du secteur de l’huile végétale subventionnée.

Les catégories démunies payent

les pots cassés

L’effet boule de neige est observé d’amont en aval  du circuit. A maintes reprises, au cours des années écoulées, le défaut de paiement a poussé, en effet,  les fournisseurs grossistes à suspendre la distribution de l’huile végétale, perturbant, ainsi, l’activité des industries de conditionnement et générant une pénurie d’huile en bouteille dans les petits commerces et les points de vente. La plupart du temps, les détaillants dissimulent les rares quantités qu’ils ont  pu acquérir dans l’arrière boutique et la vendent sous le manteau, « à la tête du client ».

L’approvisionnement par le ministère du Commerce donne même lieu à des batailles rangées entre les commerçants qui accusent ce dernier de manque d’équité dans la répartition des quantités d’huile destinées à l’approvisionnement des circuits formels de distribution. « Il suffit qu’un commerçant soit approvisionné avec des quantités supérieures à celles acquises par d’autres commerces pour qu’une dispute éclate », souligne un commerçant du marché central de Tunis. Sans conteste, en raison des problèmes qu’elle occasionne et parce que sa vente présente plus d’inconvénients que d’avantages, les commerces rechignent de plus en plus  à vendre l’huile subventionnée. Actuellement, la pénurie récurrente de cette denrée de base et sa récupération par les spéculateurs  reflètent l’échec cuisant de la politique de compensation de l’Etat et dessert surtout les catégories démunies, dont le pouvoir d’achat, déjà érodé, rend les autres variétés d’huile inaccessibles.

Laisser un commentaire