L’entreprise autrement: Pour un élan général de solidarité

Concilier exigences sociales festives, exigences  économiques urgentes et exigences sanitaires vitales. Tel est le défi auquel sont confrontées les autorités publiques au cours de la seconde quinzaine du mois de Ramadan. Pire qu’un énorme défi, un vrai dilemme cornélien.

Une perspective d’autant plus inquiétante que la propagation de l’infection par le coronavirus est devenue exponentielle et son coût humain et financier, exorbitant. Encore plus inquiétante  à cause  du blocage politique au niveau de l’exécutif qui semble s’éterniser, des finances publiques dans une situation suicidaire, des négociations salariales qui démarreront bientôt, un système de santé qui risque à tout moment de s’écrouler, etc.

Autant de facteurs qui ne peuvent  que rendre la situation actuelle du pays encore plus infecte, plus explosive, à tous les niveaux, à commencer par celui lié à la gestion des affaires publiques. Quasiment paralysée,  ladite fonction est pourtant celle qui est habilitée à agir face au danger auquel le pays est exposé.

Gaspillage révoltant, surtout côté denrées alimentaires, baisse notable de la productivité, augmentation de l’endettement, du nombre des accidents de la circulation, des dépenses médicales liées aux excès (alimentaires et manque de sommeil), des délits commerciaux et sanitaires, etc. Un tableau loin de pousser à l’optimisme. Voilà ce qui caractérise, hélas, chez nous le mois saint, mois qui, en théorie, incite à la sobriété, au self-control, et à des comportements favorisant  le mieux-vivre et le mieux-vivre ensemble et qui se transforme, dans notre société, en un coûteux défoulement. D’où l’éternel  constat que notre société souffre encore d’immaturité et qu’elle est au bord de la faillite morale.

Par ailleurs et malgré la flambée des cas d’infection par le coronavirus, l’augmentation du nombre des décès que la situation épidémiologique induit, et l’intensification des actions préventives (communication, vaccination, contraventions pour non respect des règles sanitaires,…),une bonne partie de la population continue, hélas  de s’exposer au danger et de faire preuve d’une insouciance révoltante.    Le coût de la vie quotidienne étant devenu intolérable, même pour les ménages qui, quelques années auparavant, faisaient partie de la frange médiane de la classe moyenne à revenus respectables, l’endettement des ménages est devenu, lui aussi, intolérable.  A cela sont venus s’ajouter les deux effets les plus visibles et les plus douloureux, sur le plan macro, de l’épidémie qui sont, l’augmentation du taux de chômage et celui de la pauvreté. D’où un effort supplémentaire de soutien public aux familles en difficulté et aussi côté solidarité sociale.  Très difficile, surtout  pour les ménages, la seconde quinzaine de Ramadan impose, en effet,  des dépenses supplémentaires relativement élevées. Elles sont le fruit de certaines fêtes familiales, de la nécessité de l’achat d’habits et de souliers neufs surtout pour les enfants et de la confection ou de l’achat de gâteaux traditionnels. Cela sans oublier les dépenses occasionnées par la solidarité familiale, les cadeaux, les déplacements, etc.   Ladite période  constitue, cependant, une aubaine pour l’activité économique liée à la consommation, tels que celle impliquant de nombreux types de commerces, certains  petits métiers, les transports collectifs, etc. Une occasion en or pour faire face, un tant soit peu, à la guigne qui règne depuis une année, surtout chez le secteur formel. Ramadan et Aïd de l’année dernière ont été, à cause du confinement général, catastrophiques pour des activités qui, d’habitude, attendent cette occasion pour redresser un tant soit peu la barre. Les salaires qui viennent d’être versés suffiront-ils à affronter toutes les dépenses citées ? Oui pour certains, non pour d’autres, ceux qui forment la grande masse des salariés. D’où la perspective d’un surplus d’endettement. Une occasion pour inciter à la création d’un large et dense mouvement mutualiste.

Une question s’impose, le confinement général, qui se profile pour les jours l’Aïd, va-t-il encore pénaliser l’activité économique sans pour autant être fructueux côté freins à la propagation du virus ? Autre question, les groupes de travail créés au sein du gouvernement afin de gérer cette situation arriveront-ils à sauver la face,  réussiront-ils à relever tous ces défis ? Une chose est sûre, un élan général de solidarité s’impose.   

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